Comment votre année de naissance détermine votre niveau de résistance aux différentes grippes<!-- --> | Atlantico.fr
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Une nouvelle étude, publiée le 11 novembre dans la revue Science, révèle que nous sommes plus ou moins résistants face aux infections des différents types de grippes selon notre date de naissance.
Une nouvelle étude, publiée le 11 novembre dans la revue Science, révèle que nous sommes plus ou moins résistants face aux infections des différents types de grippes selon notre date de naissance.
©JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Pas tous égaux

Une nouvelle étude révèle à quel point nos premières grippes déterminent notre résistance aux prochaines. Selon les années de naissance, nous ne sommes pas tous égaux face aux différents types de grippes.

Vous êtes né après 1968 ? Alors il y a de fortes chances que la première grippe que vous ayez contractée fût de type H3. Par conséquent, votre organisme est sûrement plus résistant contre les grippes de type H7 et H3. Vous n'y comprenez rien ? On vous explique tout.

Inégaux face à la grippe

Une nouvelle étude, publiée le 11 novembre dans la revue Science, révèle que nous sommes plus ou moins résistants face aux infections des différents types de grippes selon notre date de naissance, rapporte le média américain CNN. La première grippe dont nous sommes atteints (la plupart des individus sont contaminés par la grippe avant 5 ans) est un facteur déterminant, puisque nos défenses immunitaires s'arment en fonction d'elle. Or, les virus grippaux mutent et ne sont pas les mêmes à coloniser la planète année après année. Un autre individu plus ou moins âgé a donc de grandes chances de ne pas avoir été infecté par le même type de grippe étant enfant, et donc d'avoir développé des défenses immunitaires différentes des vôtres.

De ce fait, nous ne sommes pas tous égaux face aux différentes formes de grippes, puisque nous n'aurons pas tous la même résistance face à un virus grippal d'un certain type. Ainsi, selon les scientifiques de l'Université d'Arizona et de Californie à Los Angeles, en charge de l'étude, notre première exposition à un virus réduit le risque d'une deuxième contamination jusqu'à 75%. "Jusqu'à maintenant, nous pensions que l'histoire de notre exposition à la grippe n'offrait aucune protection ou presque contre les virus grippaux véhiculés aux humains par les animaux (on parle là de zoonose, ndlr) […] En se basant sur nos données, on peut conclure qu'il se passe quelque chose de magique lorsque votre organisme réagit à sa première grippe. Celle-ci semble alors inscrite dans nos défenses immunitaires, qui peuvent alors s'en défendre à l'avenir", explique Michael Worobey, biologiste et auteur principal de l'étude à CNN, encore ébahi par sa propre découverte.

Dates clefs

Entre 1918 et 1920, la grippe espagnole faisait des dizaines de millions de morts. Parmi eux, une majorité de jeunes adultes. Jusqu'à maintenant, personne ne savait pourquoi. Personne, jusqu'à ce que ces chercheurs mettent le doigt sur un détail qui change tout : selon notre année de naissance, et plus généralement selon la première décennie de notre existence, nous ne développons pas les mêmes défenses immunitaires selon le type du virus qui nous a contaminés. Il parait maintenant évident que cette jeune génération meurtrie par la grippe de 1918 ne résistait pas aussi bien à l'infection que leurs aînés ou leurs benjamins.

Trois catégories de personnes sont donc à distinguer selon les chercheurs, en attendant d'en apprendre davantage : celles nées entre 1918 et 1957, celles nées entre 1957 et 1968, et celles nées après 1968. Ces dates correspondent aux pandémies les plus massives que nous ayons connues : la grippe espagnole de 1918 (H1N1), la grippe asiatique de 1957 (H2N2, entre 1 et 1,5 million de morts) et la grippe de Hong Kong de 1968 (H3N2, entre 750 000 et 1 million de morts). De la même manière, on peut suggérer, bien que l'étude ne le précise pas, que les personnes nées après 2009, année de l'épidémie de grippe A (H1N1) bénéficient de défenses immunitaires encore différentes. Mais revenons à nos moutons. Il y a donc fort à parier qu'une personne née en 1960 ait connu une première grippe de type H2N2. Cet individu sera donc plus résistant contre une grippe de type H2, désignant là la deuxième "famille" de virus, mais également contre H5 et H1. En effet, ces différentes "familles" se retrouvent dans deux groupes distincts. Le premier groupe rassemble H1, H2 et H5. Le deuxième regroupe H3 et H7. Seuls H1, H2 et H3 ont circulé dans le monde entier entre 1918 et 2015, explique l'étude. Le tableau ci-dessous vous aidera à y voir plus clair. Par ailleurs, vous pouvez retrouver la nomenclature exacte de ces différents virus grippaux ici.

Protéine et prince Philip

Pour en arriver à de telles conclusions, les scientifiques se sont penchés sur le cas de près de 500 personnes décédées (selon l'OMS) entre 2003 et 2016 des grippes H5N1 et H7N9, deux virus véhiculés par les oiseaux. C'est en remarquant que certaines générations semblaient plus en proie au virus que d'autres que les chercheurs ont pu approfondir les recherches et aboutir à ces résultats, indique The Sacramento Bee

Bien que Michael Worobey et son équipe ne soient pas encore allés jusqu'au bout de leurs recherches, ils suspectent déjà une protéine nommée hémagglutinine de jouer un rôle dans la distinction de ces deux grands groupes de virus grippaux cités plus haut.  On remarque en effet que les molécules de cette protéine varient selon ces deux ensembles. Toutefois, certaines zones d'ombre sont encore à dissiper, à commencer par le fait que plusieurs types de virus règnent actuellement. Il apparaît difficile de connaître avec certitude, à moins d'un examen approfondi, quel était le type de virus grippal dont nous avons été atteints pour la première fois.

Pour la petite anecdote, et comme le remarque le Britannique The Daily Mail, le Prince Philip Mountbatten, duc d'Édimbourg et nonagénaire, a apparemment beaucoup de chance. Lui que se vantait début novembre 2016 de ne pas avoir attrapé la grippe depuis 40 ans ne sait sûrement pas que s'il a pu être protégé de la grippe jusqu'à la fin des années 1960 grâce à ses défenses immunitaires (voir tableau), il demeure depuis une cible facile pour les virus grippaux saisonniers que nous connaissons aujourd'hui, de type H7. Il en a de la chance ! Ou alors, tout simplement, il est vacciné contre. Le vaccin reste en effet le meilleur moyen de se protéger soi ainsi qu'autrui des pathologies. 

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