Si Donald Trump fait figure de repoussoir, l'effet de surprise qu'il a provoqué en remportant la présidence des Etats-Unis d'Amérique semble être considéré comme envisageable, et même souhaitable par une majorité des Français, comme le montre un sondage exclusif Harris Interactive pour Atlantico.
Jean-Daniel Lévy : Nous pouvons en tirer deux enseignements : tout d'abord, il faut constater que les Français que l'élection à la présidentielle de la République d'une personnalité qui n'est pas favorite aujourd'hui est une perspective acceptée par la totalité du corps français, quel que soit sa catégorie socio-professionnelle, l'âge, le sexe ou la catégorie politique. Le deuxième aspect, c'est que cette perspective est considérée comme une bonne chose pour 2/3 des Français, et donc qu'un président qui ne serait pas favori, comme l'a été Trump, est perçue comme un événement positif bien que les Français ne considèrent pas l'élection du nouveau président des États-Unis comme positive pour le coup.
Tout ceci rentre en résonnance avec une situation propre à l'électorat français, pour lequel cette élection est une chose sérieuse, pour qui la politique est devenue une véritable préoccupation, et enfin qui considèrent qu'une solution alternative est une bonne chose, parce que le changement ne semble pas se dessiner dans la vie politique française. En cela ils vont contre la classe politique dominante.
Mais c'est aussi la preuve que les Français n'ont pas encore trouvé ce candidat alternatif. Aujourd'hui, ceux qui portent cette volonté de changement sont Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen, et dans une moindre mesure Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron.
Ce sondage montre que la surprise de l'élection de Donald Trump n'inquiète pas les Français : ce qu'il rejette, c'est d'avantage sa personnalité, son imprévisibilité, son côté "dangereux". Pour le coup, les Français veulent une surprise, mais ils trouvent qu'avec Donald Trump, ils ont à faire à une mauvaise surprise.
Pour ce qui est de Marine Le Pen, on observe que les Français semblent considérer qu'elle va profiter de cette envie de changement, sans pour autant le souhaiter. Aujourd'hui, une majorité de Français ne veulent pas la candidature de Marine Le Pen, ce qui ne veut pas dire qu'ils passent à l'acte pour qu'elle soit élue. Ce qui va faire qu'elle pourra ou non s'imposer comme l'a fait Trump ne dépend pas tellement d'elle-même, mais bien du véritable repoussoir qu'a été Hillary Clinton lors de l'élection présidentielle américaine. Ce sont ses adversaires qui la feront gagner principalement.
Aujourd'hui il est difficile de dire qui bénéficiera le plus de cette transformation de la vie politique d'Alain Juppé ou Nicolas Sarkozy au sein des Républicains. Mais on anticipe plutôt un bénéfice au profit de l'ancien président ; de plus Juppé semble électoralement être plus le candidat de l'establishment, comme l'a été Clinton : il est le candidat d'un centre-gauche diplômé et inséré. Mais il faudra voir comment les choses évolueront à l'issu de la primaire.
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