Super cagnotte de l’Euro millions : pas besoin de gagner les 166 millions… Mais combien vous faudrait-il pour arrêter de travailler ?<!-- --> | Atlantico.fr
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S’il souhaite s’arrêter de travailler à défaut d’être déjà à la retraite, il faudra qu’il cotise à la Sécurité sociale et qu’il se paie une complémentaire santé. Par ailleurs, il devra s’acquitter de l’ISF qui se déclenche à partir de 1,3 million d’euros.
S’il souhaite s’arrêter de travailler à défaut d’être déjà à la retraite, il faudra qu’il cotise à la Sécurité sociale et qu’il se paie une complémentaire santé. Par ailleurs, il devra s’acquitter de l’ISF qui se déclenche à partir de 1,3 million d’euros.
©Reuters

Pas le bonheur…?

Un gain de 3 millions, s'il reste conséquent, n'est pas suffisant pour espérer changer de vie. A partir de 10 millions d'euros, vous pouvez décemment arrêter de travailler et continuer à percevoir jusqu'à 220 000 net, par an... mais à partir de 50 millions de gain au jeu, les ennuis commencent.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : Ce mardi 11 octobre, la nouvelle cagnotte de l'Euro millions atteindra 166 millions d'euros. En excluant un tel pactole, en prenant en compte l'achat d'un logement, et en imaginant la situation d'un gagnant remportant la somme de 3 millions d'euros, à quel niveau de vie une telle personne pourrait prétendre, et ce, sans rogner sur son capital ?

Philippe Crevel : Pour trois millions d’euros, tu n’as plus rien ! Pas tout à fait faux même si cela peut aider de gagner un tel montant…

Avec trois millions, notre heureux gagnant décide de s’acheter un bel appartement ou la maison de ses rêves. S’il opte pour le 6ème arrondissement à Paris (100 mètres carrés) ou pour une maison de 150 mètres carrés à Porticcio en Corse avec vue sur la mer, il devra débourser au minimum un million d’euros. Il lui reste alors deux millions. Quand les taux d’intérêt étaient de 4 à 5 %, il pouvait sans prendre le moins risque et sans toucher au capital récupérer 6000 euros de revenus par mois en ayant placé le capital sur le fonds euros d’un contrat d’assurance-vie. En 2016, il gagnera un peu moins de 3000 euros, une fois les impôts payés. C’est un peu plus que le revenu moyen français mais cela ne permet pas de changer de vie. S’il souhaite arrêter de travailler à défaut d’être déjà à la retraite, il faudra qu’il cotise à la Sécurité sociale et qu’il se paie une complémentaire santé. Par ailleurs, il devra s’acquitter de l’ISF qui se déclenche à partir de 1,3 million d’euros.

De toute façon, notre gagnant aura beaucoup de mal à trouver une compagnie d’assurance qui accepte de mettre sur un fonds euros ses 2 millions d’euros. Il faudra qu’il accepte de prendre des risques. Parmi les solutions, il y a les Sociétés civiles et placements immobiliers qui procurent de 4 à 5 % de rendement, le capital est investi dans des fonds de commerce et dans les bureaux. Il pourra loger ses SCPI dans son contrat d’assurance-vie afin de bénéficier du régime fiscal attractif de ce produit. Par souci de diversification, il pourra également placer une partie de son pactole sur des titres étrangers via ou non des organismes de placements collectifs ainsi que sur des titres de différents secteurs d’activité.

Si notre gagnant a une appétence immobilière, il pourra opter pour des opérations Malraux qui permettent d’acquérir des logements en cœur de ville dans des secteurs sauvegardés. Il pourra ainsi se constituer un patrimoine de qualité en bénéficiant d’un amortissement fiscal intéressant. Il peut également investir dans de l’immobilier avec un objectif de location saisonnière (bénéficiant d’un important abattement), par exemple sur la côte atlantique, la Côte d’Azur ou la Corse avec un rendement de 6%. Globalement, il peut espérer en combinant sécurité et risques calculés générer un revenu tournant autour de 5000 euros sachant que dans les prochaines années, le rendement des fonds euros de l’assurance-vie baissera ce qui l’obligera à s’exposer davantage aux risques.

Et dans le cas d'une personne remportant une somme de 10 millions d'euros, et ce, toujours en considérant l'achat d'un logement ? Quel serait son niveau de vie ?

10 millions d’euros est la bonne somme pour changer de vie. En supposant qu’il décide d’acheter une belle résidence autour de 2 millions d’euros, il reste à notre gagnant 8 millions d’euros. S’il décide de rester en France, les contraintes fiscales vont commencer à se faire sentir. Par ailleurs, la tentation avec un tel gain serait de minimiser la prise de risque. Dans les années 2000, en mettant tout sur des produits obligataires, notre champion aurait pu espérer empocher environ 30 000 euros par mois. Aujourd’hui, il ne trouvera pas en France d’assureur prêt à lui prendre son pactole. Dans le cas contraire, il pourrait espérer au regard du rendement moyen des fonds euros de 2015 gagner 10 000 euros nets d’impôt par mois. Si le rendement des fonds euros passe à 1 %, le gain sera de 5000 euros. Avec 8 millions d’euros à gérer, notre heureux joueur devra de toute façon trouver du rendement afin d’acquitter l’ISF qui avant abattement et réductions diverses pourrait atteindre plus de 73 000 euros par an. Pour réduire cette facture, il faut certainement penser à monter une structure professionnelle, investir dans l’art et ainsi bénéficier d’exonération. Sinon, il faut investir dans des fonds ISF PME. Enfin pour tirer des bénéfices de ces 8 millions d’euros, les solutions proposées ci-dessus sont encore plus incontournables : SCPI, UC diversifiés, investissements locatifs… Notre gagnant pourra regarder du côté des résidences hôtelières qui permettent de dégager du revenu avec un important abattement fiscal (de 50 à 71 %).

De toute façon, avec une telle somme, il a intérêt de consulter plusieurs spécialistes et d’éviter les pièges à gogo….

En se débrouillant bien et en ne puisant pas trop dans son capital, notre gagnant peut donc espérer gagner entre 10 000 et 17 000 euros par mois. En prenant un peu plus de risque, il doit atteindre 20 000 euros soit 220 000 euros nets par an. Il peut donc arrêter de travailler, s’offrir des voyages aux Antilles, à la Réunion et en Polynésie en prenant des billets en business class.

Enfin, dans une situation où le gagnant remporterait une somme de 50 millions d'euros ? Quel serait son niveau de vie ?

50 millions d’euros, les problèmes commencent. Avec une telle somme, évidemment que notre gagnant pourra s’arrêter de travailler ou du moins travailler pour son plaisir mais rançon de la victoire, les impôts le cerneront. Certes, les gains sont exonérés mais en revanche, après il devra payer l’ISF, l’impôt sur le revenu et le reste. Au titre de l’ISF, la facture pourrait être de plus de 600 000 euros avant optimisation fiscale. Certes, avec 50 millions, il y a de la marge.

Evidemment, la tentation de l’exil fiscal sera présente même si dans ce cas là le fisc exigera l’exit tax.

Avec une quarantaine de millions d’euros après achat de sa résidence principale, notre chanceux pourra s’offrir durant trois ans la suite royale l’Hotel President Wilson à Genève (45 500 euros la nuit). Dans le même esprit, il pourra s’offrir plus de 3800 aller-retour Paris-Sydney en première. Il pourrait rêver de s’acheter un jet privé. Pour un GULFSTREAM G550, il devrait dépenser tout son magot. De ce fait, il ne pourrait guère l’utiliser. Certes, les premiers modèles de jet d’occasion sont accessibles à partir de 8 millions de dollars.

En jouant des différents systèmes fiscaux et en répartissant sur différents placements, tout en créant une structure professionnelle en charge de ses investissements, notre gagnant doit récupérer net d’impôt plus de 140 000 euros par mois soit près de 90 fois le revenu moyen français.

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