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Comment l’entourage de François Hollande se déchire sur la meilleure stratégie pour rendre sa candidature gagnante
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Tiraillements

Les différents conseillers du président de la République ne sont pas d'accord sur la conduite à tenir, certains plaident pour une candidature tardive, d'autres voudraient que François Hollande prenne cette campagne à bras le corps en prenant le contre-pied des positions de son Premier ministre.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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C'est un peu l'histoire de tous les lieux de pouvoir. Du palais du Louvre à celui de l’Élysée, les courtisans se sont toujours disputés leur maître. Son attention, ses faveurs. Quitte à l’écarteler parfois. Et de tous temps, les souverains, ont mis en concurrence ces ambitieux conseillers, histoire d’en tirer le meilleur. En 2016, alors que s'approche la campagne présidentielle, rien n'a changé. Autour du "peut-être-mais-c'est-pas-sûr-mais presque" candidat à la présidentielle, la guerre fait rage. D'un coté, Stéphane Le Foll avec son "Hé oh la gauche", de l'autre Jean-Christophe Cambadélis et sa "Belle Alliance Populaire". Sans oublier Manuel Valls qui souhaite peser sur le programme, être la cheville ouvrière de la future campagne. Et au milieu, ces visiteurs du soir qui évoluent dans le sillage de François Hollande et le conseillent depuis toujours. Or aucun de ces cercles ne s'accorde sur la stratégie à adopter en vue de 2017.

On sait qu'il y a eu quelques tensions entre Jean-Christophe Cambadélis et Stéphane Le Foll au moment du lancement de "Hé oh la gauche". Aujourd’hui, les ministres qui sont associés à l’initiative sont l’objet de vives critiques de la part d'autres cercles de la hollandie. "A Hé Oh la gauche, ils sont tous morts de trouille, c’est le carré des grognards qui attendent Grouchy", sourit un proche de François Hollande qui aimerait que les choses aillent plus vite. Que le président s'engage plus fermement. La question du timing est l'une des principales lignes de fracture entre les différents conseillers du président. Les uns estimant que François Hollande ne doit pas faire part trop tôt de ses intentions et ceux qui plaident pour une déclaration rapide. "Soit vous entrez à reculons dans la campagne et vous laissez entendre qu'au dernier moment vous pourriez finalement renoncer, et ça n'a aucune chance de marcher. Soit vous prenez les choses à bras le corps en disant : voilà, je suis sûr de moi, j'ai envie d'y retourner ! Vous vous mettez à faire de la pédagogie et vous pouvez l'emporter", analyse un ami du président qui pense que celui-ci a suffisamment temporisé.

Pour une partie de l'entourage du locataire de l’Élysée, la réforme des institutions annoncée jeudi n'a aucune chance d’imprimer dans l'électorat, le chef de l’État doit retourner au contact, reparler directement aux Français. "Nous devons inventer des formes de dialogue avec les citoyens. Les réseaux sociaux permettent ça. Il n'y a pas de détestation envers François Hollande, il y a quelque chose de possible d'autant qu'il a une grande capacité, lorsqu'il parle aux gens en direct, à les convaincre", explique un visiteur du soir qui grommelle contre la stratégie élyséenne : "il faut qu’il affronte Montebourg, qu'il dise : ah d'accord alors, ta pensée magique, je l'utiliserais bien, ce serait plus simple, mais voilà pourquoi ça n'est pas possible". Et d'ajouter : "Si Hollande finit par céder, s'il y va sans prendre les choses à bras le corps, ça se verra et il peut se passer quelque chose, Montebourg peut l'emporter. 2012 était une campagne triste, on ne peut pas se permettre ça. On n'a pas le choix".

Voilà pour la forme mais sur le fond aussi les opinions divergent. Manuel Valls, qui entend bien imprimer sa marque dans la campagne présidentielle, souhaite orienter le chef de l’État vers la défense d'une laïcité ferme et sans concession. Il entend aussi jouer la diabolisation du FN afin d'inciter les électeurs à aller voter en masse pour François Hollande dès le premier tour de la présidentielle. D'autres conseillers rêvent, eux, d’une voie différente. "Jouer l’affrontement avec le FN non pas sur la diabolisation mais sur la rupture générationnelle, je suis certain que ça peut marcher. Montrer qu'il y a une autre France. On doit parler de la France métissée, de ses talents, de ses quartiers, on doit assumer ça". François Hollande, lui, en bon hollandais, devrait suivre son instinct et appliquer une stratégie déjà éprouvée en d'autres circonstances qui consiste à faire... un peu des deux.

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