400 milliards d’euros pour sauver une Grèce au PIB de 200 : l’Europe sait-elle compter ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Mis bout à bout, nous en sommes à quelques 400 milliards d'euros déboursés en deux ans.
Mis bout à bout, nous en sommes à quelques 400 milliards d'euros déboursés en deux ans.
©Reuters

L'interminable tragédie

L'accord sur le deuxième plan de renflouage de la Grèce attend toujours l'accord entre les principaux partis grecs, le gouvernement, le FMI et les représentants de l'Union européenne. Une obstination socialement désastreuse pour la Grèce, et financièrement coûteuse pour l'Europe.

Isabelle  Mouilleseaux

Isabelle Mouilleseaux

Isabelle Mouilleseaux est directrice de publications chez Publications Agora.

Elle a notamment co-écrit Le déclin du Dollar : une aubaine pour vos investissements ? (Valor, 2008).

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Les hommes sont-ils en train de perdre la raison ? A force de vouloir « sauver la Grèce à tout prix » pour « sauver le système tout entier », ne sont-ils pas tout simplement en train de nier le sens de l’histoire ?

Sauver la Grèce n’est-il pas un non-sens ? Car à l’insoutenable drame humain que nous infligeons et imposons à ce pays, s’ajoute une dimension financière absolument déraisonnable. Pourquoi diable autant d’obstination ? Pour garder la Grèce dans l’euro ? Pour « sauver l’euro » ? A moins que ce ne soit le grand saut dans le vide qui effraie nos politiques. Pousser la Grèce dehors… certes, mais comment ? Et que va-t-il se passer après ?

Il faut parfois savoir être réaliste, humble et pragmatique. Les hautes sphères politiques et technocrates en ont-elles encore la capacité ? Il y a de quoi s'interroger...

Des chiffres astronomiques qui ne font plus sens

Souvenez-vous...

  • En mai 2010, nous avons apporté 110 milliards d'euros à la Grèce pour la « sauver de la faillite » ;
  • Aujourd’hui, nous allons signer un nouveau chèque de 130 milliards d'euros pour « sauver à nouveau la Grèce » qui va une fois de plus « faire faillite » le 20 mars si elle ne trouve pas l’argent pour faire face à ses engagements ;
  • Parallèlement, les créanciers privés vont s’assoir sur 70% de leurs avoirs sur l’État grec. Soit 100 milliards d'euros de pertes irrécouvrables à provisionner dans leurs comptes au seul profit de la Grèce.


Mis bout à bout, nous en sommes à quelques 400 milliards d'euros déboursés en deux ans. De quoi parlons-nous ? D’un PIB de 200 milliards d'euros par an. C’est ce que pèse la Grèce. 400 milliards d'euros investis pour en sauver 200 milliards ? N’est-ce pas déraisonnable ?

Et 400 milliards pour l’instant… car il est fort à parier que nous aurons à sauver la Grèce encore et encore. Car sous couvert de lui venir en aide tel un preux chevalier sur son beau destrier, nous sommes en train de détruire ce pays jusqu’à la moelle, d’anéantir sa capacité de production, et de semer les conditions d’une révolte sociale sans précédent.

Qui sème le vent, récolte le chaos

Les coupes dans les salaires et pensions ont été massives, et ce mouvement va se poursuivre puisque nous sommes en train d’imposer à la Grèce une nouvelle réduction des dépenses sur 2012 de 1,5% du PIB. 

Le taux de chômage est de 18%, la déflation est à l’œuvre, la récession s’installe et s’aggrave (sur 2009/2010/2011 respectivement -3,2%, -3,5% et -6,1% selon l’Organisation de coordination et de développement économiques), le capital fuit, le pays est exsangue et les politiques déchirés. La dette publique atteindra 189% cette année et le plus alarmant est sans doute que ce pays n’a aucun moyen de s’en sortir. Pas l’ombre d’un espoir, d’une lueur au bout du tunnel.

Quand vous atteignez un tel niveau de chaos, comment voulez-vous faire naître les conditions d’une croissance pour vous en sortir…

La Grèce doit sortir de l’euro

La Grèce est le tonneau des danaïdes de l’Europe. Vous aurez beau combler le trou, le tonneau est percé et cela ne suffira jamais. Alors arrêtons de jeter de l’argent par les fenêtres. Cessons cette fuite en avant perdue d’avance. Cela ne sert à rien. Il faut traiter le problème à la racine… La Grèce fera faillite et repartira avec les compteurs à zéro. Soyons réalistes.

Seule une sortie de la zone euro permettra à la Grèce :

  • De restaurer sa compétitivité ;
  • De rendre le drame social et humain dans lequel elle est plongée supportable ;
  • Et à terme, de se reconstruire.


Je crois en l’euro, et en une Europe forte et intégrée, mais elle ne peut se faire ni à 17, ni en imposant aux populations une rigueur extrême. Ne nous faudrait-il pas alors un double système, avec un euro fort d’un côté, et un euro faible de l’autre ?

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