Mort de Shimon Peres : quand il s'agit de cracher sur sa tombe, le PCF fait (presque) jeu égal avec le Hamas

Place du Colonel Fabien à Paris, il y a un immeuble de taille imposante. Par son gigantisme, on pourrait le qualifier de stalinien. Pas seulement par son gigantisme... C'est le siège du PC français. Pour ce que ce parti représente, par ses résultats électoraux microscopiques, par le nombre squelettique des militants qui lui restent encore, ce parti aurait pu se contenter d'une cabine téléphonique. L'immeuble est géant. Le parti est un nain.

La nuit, cet immeuble s'anime. Des cohortes de fantômes déambulent dans les couloirs. Ils sont des milliers, des centaines de milliers, des millions. Tous ceux que le parti a sali et insulté. Tous ceux qu'il a couvert de ses vomissures quand les bourreaux du Petit père des peuples logeaient une balle dans la nuque des condamnés à mort, coupables car ils pensaient. Tous ceux que les chenilles des chars soviétiques ont écrasé sur leur passage.

Dans la journée, c'est une autre vie. Des permanents médiocres, des apparatchiks sans âme et sans envergure élaborent laborieusement des textes que personne ne lit ni n'écoute. Habituellement, il s'agit d'un ramassis de platitudes et d'âneries. Mais parfois, dans les grands moments, les robots de la place du Colonel Fabien s'évadent de ces soporifiques exercices. Et ils se souviennent des beaux procès de Moscou, quand il était indispensable de cracher sur les adversaires ou supposés tels.

Tel est le cas du communiqué que le PCF a publié pour saluer (oui, pour saluer !) la mort de Shimon Peres. On y apprend que le Prix Nobel de la paix fut "l'un des principaux artisans de la puissance militaire israélienne". Ce qui est vilain, très vilain... On note aussi dans le même texte que Shimon Peres "a approuvé sans état d'âme les bombardements israéliens sur Gaza". On relève enfin que le Prix Nobel de la paix a rallié Netanyahu – c'est-à-dire le diable – et qu'il a "ouvert la porte à la prise du pouvoir en Israël par les colons extrémistes". Pas un mot sur les accords d'Oslo signés par Shimon Peres avec Yasser Arafat. Quand on crache, on ne fait pas dans la nuance...

Le Hamas, mais ça on a l'habitude, ne s'embarrasse pas non plus de périphrases. Il déclare que "le peuple palestinien est heureux de la mort de ce criminel". C'est certes un peu plus rude que le texte du PCF. Mais les communicants du Hamas n'ont pas les talents jésuitiques des permanents de la place du Colonel Fabien.

Il faut ici citer le texte de l'Autorité Palestinienne. Mahmoud Abbas, qui n'est pas a priori un sioniste acharné, décrit Peres "comme ayant mené des efforts soutenus et ininterrompus pour parvenir à la paix depuis Oslo et jusqu'à son dernier souffle". Le chef de l'Autorité Palestinienne a envoyé une lettre de condoléances à la famille du défunt. Si le PCF avait encore le sens de la dignité et de l'honneur, c'est de cela qu'il se serait inspiré plutôt que de laper sa soupe dans l'écuelle qu'on lui tend à Gaza.

Bien sûr, ces petites saletés ont un but politique. Le PC a encore un tout petit peu d'influence dans le 9-3 où il tient quelques municipalités. Pour les garder, les sauver, il fait le trottoir auprès de populations shootées à la haine anti-juive et anti-israélienne. Il est vieux et sa chair est flasque. Mais ceux auxquels il s'adresse ne sont pas très regardants.