Marine Le Pen confrontée à une grave crise de trésorerie qui pourrait compromettre sa campagne<!-- --> | Atlantico.fr
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Le parti de Mme Le Pen critique de manière virulente la finance internationale, un système auquel toutes les banques françaises appartiennent. Pourtant, elle se plaint que ces mêmes banques ne lui octroient pas de prêt.
Le parti de Mme Le Pen critique de manière virulente la finance internationale, un système auquel toutes les banques françaises appartiennent. Pourtant, elle se plaint que ces mêmes banques ne lui octroient pas de prêt.
©Reuters

Nerf de la guerre

Si Marine Le Pen est annoncée au second tour de la présidentielle de 2017 par la plupart des sondages récemment publiés, la situation financière du Front national pourrait bien mettre des bâtons dans les roues de la candidate. Entre finances exsangues et marginalisation bancaire, le parti n'est pas au mieux.

Nicholas Vinocur

Nicholas Vinocur

Nicholas Vinocur est journaliste-reporter couvrant la France pour le média Politico.

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Atlantico : Dans un article récemment publié sur Politico (lire ici), vous expliquez que la situation financière du Front national est plus qu'alarmante. Concrètement, quelles sont les difficultés auxquelles le parti doit faire face aujourd'hui ? La campagne présidentielle de 2017 est-elle menacée ?

Nicholas Vinocur : Tous les partis sont confrontés au refus des banques françaises de leur accorder des prêts. Mais c'est encore plus problématique pour le Front national, car les autres parties (Les Républicains, Parti socialiste) disposent de sources de revenus alternatives : anciens prêts bancaires refinancés, plus de militants pour faire des dons, etc. Le Front national a moins de militants, et ils donnent très peu. Son seul prêt vient d'une banque soutenue par la Russie qui n'a aujourd'hui plus le droit de faire des affaires. Actuellement, il dispose de 4 millions d'euros pour financer la campagne de Marine Le Pen, ce qui est insuffisant. Contrairement à d'autres candidats (Macron, Juppé, Fillon), Le Pen refuse ou est incapable de lever des fonds à Londres ou à New York. Donc sauf si une banque française lui accorde soudainement un prêt, elle devra chercher de l'argent auprès d'une banque étrangère, probablement russe, et chez Cotelec, un prêteur présidé par son père, Jean-Marie Le Pen. Bien sûr, les deux options sont problématiques, car elles posent la question de son indépendance.

Le Front national et son leader Marine Le Pen sont bien connus pour critiquer régulièrement l'influence étrangère dans les affaires françaises. Pourtant, il semble que le parti a récemment été "sauvé" par une banque étrangère. Comment le parti gère-t-il ce paradoxe ?

En étant hypocrite. Le parti de Mme Le Pen critique de manière virulente la finance internationale, un système auquel toutes les banques françaises appartiennent. Pourtant, elle se plaint que ces mêmes banques ne lui octroient pas de prêt. Avons-nous entendu Bernie Sanders regretterque Goldman Sachs ne lui ait pas prêté d'argent pour sa campagne ? Bien sûr que non. Et pourtant, Marine Le Pen accuse les banques françaises pour justifier sa décision d'accepter un prêt d'une banque soutenue par la Russie. Elle explique que prendre cet argent ne compromet pas l'indépendance de son parti. Mais quand vous regardez le bilan des votes de l'ENL (le groupe auquel le FN appartient au Parlement européen), 93% des votes sont dans la droite ligne des intérêts russes, selon une récente étude du spécialiste du FN Jean-Yves Camus. "Coïncidence", disent les responsables du parti. En réalité, c'est la preuve que le FN opère de la même façon que les partis traditionnels qu'il critique : il parie juste sur Moscou au lieu de Wall Street.

Marine Le Pen et son père Jean-Marie entretiennent une relation compliquée depuis plusieurs mois. Comment cette situation entre les deux personnages peut-elle influer sur les problèmes financiers du parti ?

Il n'y a pas de lien entre la querelle père-fille et leur relation financière. Marine Le Pen n'aime pas le mentionner en public, mais le FN a largement emprunté à la société de prêt de son père, Cotelec, pour financer sa campagne des élections régionales l'an dernier. L'an prochain, il empruntera de nouveau à Cotelec pour les campagnes de la présidentielle et des législatives. Les responsables du FN expliquent que ce n'est pas un problème dans la mesure où Cotelec ne peut prêter à aucun autre parti. Mais la situation reflète une dépendance de fait à Jean-Marie Le Pen, éjecté du parti l'an dernier, ainsi qu'un échec du Front national à mettre en place une structure de financement alternative ou à cultiver son propre réseau de riches soutiens financiers. Jean-Marie Le Pen est peut-être "l'ogre démoniaque" que le FN veut oublier, mais il contrôle toujours ses finances.

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