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Pourquoi Manuel Valls est bien décidé à jouer les portes-flingues de François Hollande durant la campagne (et plus encore)
©Reuters

Sniper numéro 1

Le Premier ministre, qui craint que François Hollande ne lui fasse porter la responsabilité de l'échec du quinquennat, veut s'imposer comme un atout durant la campagne et ne surtout pas se laisser marginaliser.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Il s'en est donné à cœur joie. En visite pour deux jours à Dakar, Manuel Valls n'a pas retenu ses coups contre Nicolas Sarkozy. Ignorant toujours superbement Alain Juppé, il a attaqué l'ancien locataire de l’Élysée à, au moins, trois reprises. "Je crois profondément que l'homme africain est plus que jamais dans l'Histoire. Et que notre avenir se joue profondément ici et ensemble", a-t-il commencé, faisant ouvertement référence au discours de Dakar prononcé par l'ancien président en 2007 dans lequel il affirmait "L'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire". Puis Manuel Valls a souhaité répondre aux propos de Nicolas Sarkozy sur "nos ancêtres les Gaulois". "La France est aujourd'hui une société métissée, mélangée, par l'apport de l'immigration, de toutes les immigrations", a-t-il insisté. "Si nous sommes Français, ce n'est pas à travers nos origines, nos religions ou notre couleur de peau. C'est tout simplement parce qu'il y a une histoire que nous partageons". Enfin, il a accusé l'ancien locataire de l’Élysée de mener une campagne à la Trump. "Je ne sais pas s'il y a quelque chose de commun entre eux. Mais le propre des populismes, c'est une saillie par jour pour créer les conditions de dérapage, de tension. Et c'est dangereux parce qu'il entraîne une partie de la droite dans ces débats. Et c'est pour cela que je parle de trumpisation". Mais pourquoi de telles attaques de la part de celui qui ne cesse de répéter que  "l'anti Sarkozysme et l'anti FN ne suffiront pas" pour gagner la campagne ?

Il s'agit, tout d'abord, de faire de Nicolas Sarkozy l'adversaire incontournable en le déclarant vainqueur, avant même le premier tour de la primaire à droite. Son succès est, en effet, dans l'esprit des socialistes, l'une des conditions de la victoire. Mais surtout, Manuel Valls entend, en épargnant à François Hollande de monter en première ligne, incarner l'opposant principal. Les snipers de haut vol. Ce qui lui permettra de s'imposer comme le pilier de la future campagne, l’élément incontournable, face à Najat Vallaud-Belkacem dont la rumeur dit qu'elle pourrait diriger la future offensive de François Hollande.

"Il va falloir nourrir le programme, expliquer pourquoi on veut faire cinq ans de plus, parler d'Europe, d’Éducation. Manuel Valls veut nourrir ce projet", explique l'un de ses lieutenants qui défend son poulain : "Manuel Valls, durant ces cinq ans, est apparu comme le plus solide des soutiens de François Hollande, le plus conscient des difficultés aussi. Il avait anticipé que notre programme économique ne marcherait pas, il avait dit qu'il fallait garder la Tva sociale, et supprimer les 35h, et qu'il vaut mieux incarner l'autorité quitte à être taxé d'autoritarisme", énumère un proche qui ajoute : "Il entend aujourd’hui imposer ses idées pour la future campagne. A Matignon, il a une équipe solide, des gens qui écrivent, qui réfléchissent".

Mais pour quelle raison vouloir s’impliquer dans une campagne quasiment vouée à l’échec ? Pourquoi le Premier ministre, qui ne cache pas son envie de se présenter en 2022, souhaite-t-il être associé au destin d'un président en berne dans les sondages ? "L'équation personnelle pèse assez peu face aux enjeux pour la gauche", jure son entourage. Manuel Valls, à qui l'on attribue aisément un coté sacrificiel, aurait donc décidé de faire don de son destin pour sauver la gauche et le soldat Hollande ?

On a le droit d'en douter. En revanche, une mise à l'écart de Manuel Valls, qui montrerait que François Hollande pense avoir plus de chance de l'emporter sans lui, serait un très mauvais signal. Une façon de lui imputer les erreurs passées. Le locataire de Matignon ne veut donc pas se laisser marginaliser en tolérant, sans réagir, les critiques, de Najat Vallaud-Belkacem et Marisol Touraine. Il doit s'imposer, aux cotés du futur candidat, comme un atout et non comme un boulet.

De plus, en réfléchissant au programme du futur candidat Hollande, le Premier ministre prépare aussi le sien. "Si le président n'utilise pas ce corpus idéologique parce qu'il renonce à se présenter, Manuel pourra toujours l'utiliser pour lui", avoue un proche qui ajoute : "Manuel aime le débat d'idées, ne se cache pas, ne cherche pas à éviter les problèmes". Entendez : s'il doit se présenter, il n'hésitera pas, même si ses proches jurent que la question n'est pas encore tranchée car "il mesure la difficulté à rassembler la gauche pour le président de la République et encore plus pour lui".

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