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Virginia Raggi renonce à la candidature de Rome pour les JO de 2024 (et Paris serait bien inspiré de s’intéresser à ses motivations)
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THE DAILY BEAST

Au vu des problèmes de la ville éternelle, il est logique que la nouvelle maire pense qu’il y a d’autres priorités que cette coûteuse candidature.

Barbie Latza Nadeau

Barbie Latza Nadeau

Barbie Latza Nadeau, est chef du bureau de Rome pour The Daily Beast.

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Copyright The Daily Beast – Barbie Latza Nadeau - Rome

Quand on arrive dans la ville éternelle, il suffit de 10 secondes pour comprendre que l’ancien centre du monde est proche du K.O. Entres les tas d’ordures, les graffitis, les transports publics inefficaces, et les luttes internes au sein de la nouvelle équipe municipale, on ne sait pas ce qui est le pire.

La nouvelle maire de la ville, Virginia Raggi, dont la victoire a été un succès majeur pour le Mouvement 5 Etoiles, ne cesse de rencontrer des difficultés depuis qu’elle a été élue en juin dernier, des difficultés qu’elle a elle-même aggravées en choisissant un patron qui n’a pas les mains très propres pour diriger le service de ramassage des ordures.

Mercredi, Virginia Raggi a fait quelque chose qui devrait finalement lui attirer plus de soutiens que d’ennemis. Elle a annoncé qu’elle ne soutiendrait pas la candidature de Rome pour les Jeux Olympiques d’été de 2024, qualifiant le budget nécessaire de 6 milliards d’euros "d’irresponsable, insoutenable, et inabordable".

"Cette ville est invivable, c’est de cela que nous devons nous occuper" a ajouté Virginia Raggi lorsqu’elle a annoncé sa décision après des semaines de rumeurs selon lesquelles elle ne soutiendrait pas cette candidature. 

"Compte tenu des éléments en notre possession, ces Jeux Olympiques ne seraient pas supportables, ils ne nous apporteraient que des dettes. Les Romains ne veulent plus payer pour construire des cathédrales dans le désert".

En clair, il n’y aura ni pain ni jeux du cirque, comme ceux organisés par les empereurs romains pour détourner l’attention des citoyens lorsque les choses allaient mal.

Virginia Raggi a cité une récente étude de l’université sur le rapport coût-efficacité de l’accueil des Jeux Olympiques, qui soulignait le fait que les Jeux d'été sont connus pour augmenter l’endettement des villes hôtes. "Les Jeux Olympiques ont le taux moyen de dépassement de budget le plus élevé de tout type de méga-projet. En outre, il y a systématiquement des dépassements de coûts, sans exception ; alors que ce n’est le cas pour aucun autre type de méga-projet".

Londres 2012 a coûté 15 milliards de dollars, plus de trois fois le budget initial. Rio 2016 a coûté beaucoup moins, mais se retrouve avec une dette de 4,6 milliards de dollars. Et les 11 milliards de dollars qu'Athènes a payés pour accueillir les jeux de 2004 sont toujours considérés comme l'un des facteurs qui a contribué à ce que la dette publique de la Grèce échappe à tout contrôle. La seule ville hôte qui a gagné de l’argent dans l’histoire récente, c’est Los Angeles en 1984 : 150 millions de dollars parce qu’il y a eu très peu d'installations sportives à construire.

Los Angeles est à nouveau en compétition pour 2024 contre Budapest et Paris, qui reste considérée comme la favorite en dépit des problèmes de sécurité actuels. Boston et Hambourg en Allemagne, ne sont plus candidats en raison d'un manque d'adhésion de la population, comme à Rome.

Le Premier ministre italien Matteo Renzi avait initialement signé pour soutenir la "candidature de retour" quand elle a été proposée, puis il décidé de ne pas participer à l’aventure. La mairie de Rome doit approuver officiellement le retrait de la candidature, dans les prochains jours. Cela ne signifie pas que le Comité olympique italien doive abandonner sa candidature mais le manque de soutien de la maire d'une ville candidate sonne certainement le glas de tout projet de ce genre.

Mme Raggi devait rencontrer le président du Comité olympique italien Giovanni Malago, qui avait fait pression sur elle et poussait la candidature de Rome malgré l’accumulation de problèmes. Mercredi 21 septembre, elle l’a fait attendre 45 minutes avant d’annuler officiellement la réunion. Pendant ce temps-là, elle a été vue en train de déjeuner avec certains de ses collègues dans une trattoria près la gare.

Giovanni Malago a affirmé que son pari de 6 milliards de dollars créerait des emplois et aiderait la ville à retrouver une partie de son ancienne gloire. Le plan comprenait l'utilisation d’installations pré-existantes pour environ 70 pour cent des sites, y compris des anciennes ruines romaines et même l'ancien Colisée romain pour des événements comme les cérémonies de remise des médailles. MmeRaggi, de son côté, répète que la ville paye encore pour rembourser la dette contractée pour organiser les Jeux de 1960.

Dans une conférence de presse organisée à la hâte, Giovanni Malago a critiqué Mme Raggi pour avoir laissé des considérations financières - sur la façon de payer pour les Jeux, - guider sa décision. "Ne parlez pas de choses que vous ne connaissez pas" a-t–il déclaré, notant qu’une bonne partie du budget de 27 millions de dollars a déjà été dépensée pour des opérations de promotion.

Virginia Raggi reste convaincue que la ville n’a pas les moyens de se payer les Jeux Olympiques. "Nous avons un projet beaucoup plus ambitieux pour Rome que celui des Jeux de 2024. Nous voulons améliorer les services, redonner aux citoyens une ville qui soit au niveau de n’importe quelle autre capitale européenne".

Pour les Romains qui supportent des gestions municipales inefficaces et subissent le scandale de la mafia depuis des années, une ville habitable est un bien plus un cadeau que n’importe quelle médaille d’or, même si cela paraît un projet à beaucoup plus long terme.

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