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Boire pour oublier ? La Corée du Nord fête la première édition de son festival dédié à la bière
©Reuters

La meilleure bière de tous les temps, disent les Nord-Coréens

En août 2016 se tenait à Pyongyang, en Corée du Nord, un festival inédit : une fête de la bière à laquelle de nombreux journalistes étrangers ont été invités. La Taedonggang, bière nord-coréenne, était évidemment la star des festivités.

Voilà une autre manière pour la Corée du Nord de se montrer sans tirer des missiles balistiques à moyenne portée en direction du Japon. Et celle-ci est bien plus pacifique : boire de la bière, à la santé du chef suprême qu'est Kim Jong-un certes, mais boire de la bière quand même. Un événement généralement synonyme de partage, de joie, de fête et de rencontres : des qualificatifs qui ne collent pas vraiment avec l'image que renvoie la république dite populaire et démocratique de Corée – même si ses habitants vous diront le contraire.

Produit local

Et pourtant, cette fête inédite pour les Nord-Coréens a bien eu lieu, en août 2016, dans la capitale Pyongyang, rapporteThe Guardian. Durant ces deux semaines de festivités, Pyongyangais (c'est comme ça qu'on les appelle) et touristes ont pu se rafraichir la panse en goûtant la bière locale, la Taedonggang, qui tire son nom du fleuve coréen éponyme (le Taedong). Évidemment, hors de question de tremper ses lèvres dans quelque autre breuvage malté que celui produit au pays. De toute façon, il n'y a pas trop le choix. Comme l'indique la BBC, Celui-ci se limite aux sept bières à cinq degrés d'alcool proposées par la marque Taedonggang : pas de noms respectifs, mais des numéros, de un à sept. L'ordre et la discipline, même dans la biture.

Et il faut dire que pour une fois, on serait presque tenté de dire quelque chose de positif sur la Corée du Nord : en plus d'arriver à rassembler les habitants et les touristes dans un moment de partage, leurs bières ont un goût remarquable, d'ailleurs assez proche de celui de l'ale, cette bière anglaise de fermentation haute. Et pour cause, le centre de brassage d'où sortent ces centaines de bouteilles estampillées "produit local" est bel et bien anglais. En l'an 2000, alors que les relations entre la Corée du Nord et le reste du monde sont relativement calmes, le dictateur de l'époque Kim Jong-il se découvre une lubie : il veut produire de la bière. Pour cela, il se porte acquéreur d'une brasserie d'Angleterre laissée à l'abandon. Celle-ci lui est cédée contre 1,7 million d'euros. Dans le doute que les cuves soient destinées à produire des armes chimiques, le processus d'assemblage est confié à un brasseur anglais. En 2002, la Corée du Nord peut enfin se targuer de pouvoir produire sa propre bière.

Opération de communication

Alors, bien sûr, les nombreux journalistes étrangers invités pour l'occasion ne sont pas là seulement pour goûter aux charmes du terroir nord-coréen. L'annonce un brin trop méliorative de la chaîne de télévision d'État KCTV ne laisse pas de place au doute : "Ce festival de la bière montre ainsi nos habitants débordant de bonheur et d'optimisme, construisant un paradis populaire et un pays socialiste hautement civilisé, tout en répondant aux odieuses manipulations des États-Unis et de ses vassaux qui ont pour but d'isoler et d'étouffer la République populaire et démocratique de Corée". L'objectif pour le régime totalitaire est bien là de donner une visibilité médiatique au pays sous un angle plus positif que celui de ses essais nucléaires. Une manière de renforcer son soft-power– si ce n'est d'en créer un – et pourquoi pas d'attirer des investisseurs étrangers, précise le média australien News.com. On peut même trouver quelques-unes de ces bières en Chine ou en Corée du Sud, comme peut-en témoigner l'auteur de cet article publié par la BBC.

Comme quoi, la bière est la solution à bien des problèmes.

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