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Les amazones du Président : la grande offensive des femmes pour décrocher une réélection de François Hollande est lancée
©REUTERS/Philippe Wojazer

Femmes je vous aime

Julie Gayet fait la Une de "Paris-Match" et du "Parisien Magazine", Najat Vallaud-Belkacem ferraille contre Manuel Valls, etc. Depuis quelques jours, la "Hollandie" s'est féminisée. Doit-on y voir le futur dispositif de campagne ?

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Atlantico : Julie Gayet fait, cette semaine, la couverture de Paris Match. Pensez-vous qu'elle va prendre une place importante dans la campagne de François Hollande ?

Christelle Bertrand : Au delà de Paris-Match, l’actrice vient d’être choisie pour être l’une des marraines d’une campagne gouvernementale contre le sexisme. On pourrait y voir une coïncidence si cette initiative ne coïncidait pas avec le lancement de la campagne de François Hollande. De plus, dans Paris Match, le couple se raconte pour la première fois. On y apprend que Julie Gayet et le président de la République s’appellent quatre fois par jour, et que le couple aime se balader la nuit sur l’île Saint-Louis, et qu'ils adorent jouer au tarot dans l’intimité. Le même jour, la comédienne faisait aussi la couverture du Parisien Magazine. Il s'agit, bien entendu, pour le couple, de tenter de reconquérir l'opinion. Mais l'exercice est dangereux, François Hollande doit se garder de tomber dans la "peopolitique" comme il l'a souvent reproché à Nicolas Sarkozy. Il doit aussi faire attention à ne pas froisser Valérie Trierweiler, toujours prompte à dégainer lorsqu'elle se croit attaquée, et sans doute encore capable de nuire au président de la République.

Julie Gayet n'est pas la seule à monter au créneau. Ces derniers temps, les "hollandaises" ont été proactives : Ségolène Royal a affronté Manuel Valls tout comme Najat Vallaud-Belkacem, Marisol Touraine s'est montrée très véhémente contre la droite lors du meeting de "Hé oh la gauche". Est-ce une montée en puissance coordonnée ?

Certes, Ségolène Royal va jouer un rôle majeur auprès du président de la République comme elle l'a fait en 2012. Elle devrait notamment aider le président candidat à défendre son bilan en matière d'écologie afin de tuer une candidature EELV. Mais le rôle de Ségolène Royal ira bien au-delà de son ministère. Elle conseillera aussi le président de la République, comme elle l'a toujours fait, dans bien d'autres domaines. Il lui a toujours reconnu une formidable intuition et lui fait confiance notamment en matière sociale. Cela étant dit, si elle monte au créneau contre Manuel Valls, ça n'est pas pour défendre le président mais bien parce qu'elle se bat pour une idée à laquelle elle croit. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le sujet oppose Manuel Valls et la ministre de l’Environnement. Ils se sont aussi opposés à propos de Notre-Dame-des-Landes et de Sivens. Le cas de Ségolène Royal est donc à mettre à part.

En revanche, si l'on entend beaucoup, en ce moment, Najat Vallaud-Belkacem, Marisol Touraine ou même Axelle Lemaire, ça n'est sans doute pas un hasard. Le président, par exemple, souhaite que la secrétaire d’État au numérique, prenne plus souvent la parole; il a d'ailleurs cité son projet de loi lors de son discours de mardi. Il se dit aussi que Najat Vallaud-Belkacem pourrait être la directrice de campagne de François Hollande ; c'est elle qui a appelé à commencer la campagne sans attendre que Hollande soit candidat, tout un symbole.

Enfin, si les femmes ministres sont beaucoup intervenues ces dernières semaines, c'est aussi parce que la polémique qui faisait l'actualité s'y prêtait. Dans le débat sur le burkini, l’Élysée a sans doute considéré qu'elles étaient plus légitimes à porter une parole modérée, atténuant les positions très radicales de Manuel Valls. Il fallait, en effet, déblayer le terrain, préparer l'opinion au discours plus ouvert que le président s’apprêtait à prononcer salle Wagram.

Pourquoi François Hollande demande-t-il à ces femmes de monter au créneau ? Qu'espère-t-il en tirer ? Un renouvellement de son image ?

François Hollande en attend plusieurs choses. Tout d'abord, il sait qu'il a un problème avec les femmes depuis l'affaire Valérie Trierweiler, et en particulier depuis le communiqué très sec via lequel il a annoncé leur séparation. Conscient que son attitude l'a fait passer pour un homme bien peu capable d’empathie et de respect, il s'en explique dans un récent livre. La montée au créneau des "hollandaises" est une deuxième salve tendant à le réconcilier avec la gente féminine. François Hollande joue aussi la carte féminine pour marquer des points face à la droite. Et il faut dire que, de ce point de vue là, la bataille de NKM pour obtenir ses parrainages lui rend bien service. Enfin, ces femmes sont aussi un moyen pour François Hollande de contrer les ambitieux - je pense à Manuel Valls et Emmanuel Macron. Elles ont toujours été fidèles au président de la République, n'ont jamais renié leurs engagements, et en sont ainsi remerciées.

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