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La déclaration de candidature de Nicolas Sarkozy se veut un symbole, il ne sera jamais là où on l'attend
©Reuters

He is back

Annoncée par un confidentiel du Figaro, la candidature de Nicolas Sarkozy se veut inédite. Elle présage une campagne hors norme durant laquelle l'ancien Président s’emploiera à surprendre les Français. Il a fêté ce lundi soir le lancement de sa campagne avec quelques soutiens.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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"Si Christian a dit 'dans quelques heures', ça n'est pas dans quelques jours. Il sait de quoi il parle"... Ce matin déjà, le suspens entretenu autour de la déclaration de candidature de Nicolas Sarkozy était partiellement levé par un très proche de l'ancien Président qui insistait : "ça va être très rapide, oui. A Châteaurenard il sera déjà candidat".

Une fois de plus, Nicolas Sarkozy n'est pas là où on l'attend. Ses équipes avaient tout d'abord laissé croire à une déclaration de candidature devant les jeunes Républicains réunis les 27 et 28 août au Touquet puis fut lancée la piste "Châteaurenard". Invité par le maire de cette petite commune des Bouches-du-Rhône, Nicolas Sarkozy a, en effet, décidé d'y faire son grand meeting de rentrée. Mais pour sa déclaration de candidature, il a finalement choisi un autre canal. L'information a été divulguée vers 16h par une indiscrétion du Figaro.

Le site du quotidien a dévoilé cette phrase, rédigée sur la quatrième de couverture d'un nouveau livre (Tout pour la France, publié chez Plon) à paraître mercredi : "J'ai décidé d'être candidat à l'élection présidentielle de 2017. La France exige qu'on lui donne tout. J'ai senti que j'avais la force pour mener ce combat à un moment si tourmenté de notre histoire. J'ai hésité, j'ai retourné les données du débat dans tous les sens. J'ai essayé d'être le plus honnête possible vis-à-vis des autres, de ma famille, comme de moi-même".

Tout l'été, Nicolas Sarkozy a préparé cet atterrissage. Le livre, commencé en juin, a été bouclé mi août. "Depuis quelques jours, les choses étaient enfin déblayées sur le fond, sur la forme et sur le moment, explique un très proche, Nicolas n'a plus de doute sur ce qu'il faut dire, ni comment le dire. C'est quelque chose qui vient du fond et pas par l'émotion, il s'est demandé : est-ce que je peux être utile à mon pays. C'est une réflexion qu’il a étoffée en observant l'évolution de la France et pas uniquement le quinquennat de François Hollande dont il n’attendait rien".

La date choisie, la forme extrêmement originale, sonne comme un signal. Ce retour a été pesé, travaillé pour surprendre. Il sonne comme un avertissement : Nicolas Sarkozy ne sera jamais là où on l’attend, ni sur la forme ni sur le fond. Sur les questions économiques, par exemple, l'ancien chef de l’État entend jouer la carte de la contre-programmation. Ses adversaires ont entamé une course au libéralisme, lui sera plus nuancé : "Le pays a besoin de liberté mais, dans un monde mondialisé, il a aussi besoin de protection : protection en matière économique, sur la question des migrations et même dans le domaine social. Il pense que le clivage droite/gauche existe toujours mais pas sur les éléments qui le définissaient auparavant", explique un intime qui ajoute "La droite que veut incarner Nicolas Sarkozy est réformiste et protectrice, car sous les coups de la mondialisation la France s'est fragilisée, c'est surtout vrai pour les plus démunis".

Nicolas Sarkozy consacre d’ailleurs de longues pages à la santé des plus âgés, aux maux qui touchent une société vieillissante, à la nécessaire protection des plus fragiles. "Il ne veut pas se laisser porter par une pulsion libérale tout azimut, explique un proche, parce qu'il a conscience que la société est déjà blessée, il ne faut pas donner aux Français le sentiment que l'on remet tout en cause".

Là où on ne l'attend pas c'est aussi loin de la ligne Buisson : "on sera loin de la dérive droitière explique l'un de ses conseillers. Nicolas Sarkozy va désormais aussi lier la question de l'identité à celle de la culture et pas uniquement à celle de l'immigration" et d'ajouter "il préemptera un terrain qui lui permettra de se protéger des attaques". "Mais, ajoute un autre membre du staff, il doit aussi faire attention à ne pas se renier car "lorsqu'il est revenu à la tête du parti les gens ont été déstabilisés parce qu'ils l'ont trouvé atone. Ses électeurs aiment cette boule d'énergie". Et de ce point de vue-là, ils ne seront pas déçus. Au fils des pages, Nicolas Sarkozy explique notamment, qu'il ne croit pas à l'identité heureuse, qu'il n'y a pas d’alternative modérée possible, qu'il va falloir agir très fortement.

L'ouvrage est découpé en 5 grandes parties, 5 grands défis à relever : le défit de la vérité -qui sera une réponse aux Français qui ne croient plus en la politique- le défi de l'identité, celui de la compétitivité, de l'autorité et de la liberté. "Ça n'est pas un livre programme, Nicolas Sarkozy veut partager sa vision de la France à venir, il a été président de la République, il se devait de prendre de la hauteur", explique un conseiller qui ajoute, "on ne se prépare pas pour une élection législative mais pour une présidentielle, Nicolas Sarkozy ne pouvait se contenter de collectionner des propositions". Clin d’œil aux ouvrages que ses concurrents ont publiés ces derniers mois.

Pour les questions techniques, l’affaire est réglée depuis la fin du printemps, les parrainages d'ores et déjà engrangés, les fonds affluent. Un local de campagne a été trouvé rue de l'Université à Paris, plus de 400 mètres carrés en face du musée du Quai Branly, tout un symbole. Les locaux seraient loués jusqu'en... mai 2017. Selon l'un de ses membres, l'équipe fonctionnelle ne devrait pas être modifiée, elle sera toujours composée de Véronique Waché, Eric Schahl, Franck Philippe Georgin. Frédéric Péchenard, lui, pourrait prendre ses distances et rester au parti, histoire de "jouer les médiateurs" entre Eric Woerth et Laurent Wauquiez. L'équipe politique, elle, va évoluer et s'étoffer. Elle sera composée de Christian Jacob, François Baroin, Laurent Wauquiez, Eric Woerth et Gérald Darmanin. Les deux conseillers historiques de l'ancien président : Pierre Giacometti et Sébastien Proto seront plus que jamais présents.

La campagne est donc lancée. Ce lundi soir quelques élus, comme Laurent Wauquiez ou Eric Woerth, se sont joints au candidat pour saluer cette nouvelle étape. Ce mardi après-midi aura lieu la première réunion au QG et, très vite, l'ancien président devrait entamer une série de déplacements. Mercredi soir, après un passage par le journal de 20h, il sera à Châteaurenard pour son premier meeting. Les 27 et 28 août, Nicolas Sarkozy se rendra au Touquet, puis à l’université d’été du Medef, à Jouy-en-Josas le 31 août. Les 3 et 4 septembre, il sera à la Baule où se tiendra le campus des Républicains. Il sera le premier invité de la nouvelle émission politique de France 2, jeudi 15 septembre, présenté par David Pujadas, Léa Salamé et Karim Rissouli. Ses derniers jours, son staff avait prévenu : ce début de campagne ce sera un "Blast".

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