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Dans la tête des classes moyennes : les hommes politiques, jugés responsables de la "Grande Dépossession"
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2012, par les classes moyennes

Un panel de plus de 130 Français des classes moyennes amenés à converser sur la plateforme collaborative FreeThinking. L'étude s'est déroulée du 4 au 7 janvier 2012. Quelles sont leurs attentes pour cette année présidentielle, bercée par la crise ? (Épisode 2/5).

Véronique  Langlois et Xavier Charpentier

Véronique Langlois et Xavier Charpentier

Véronique Langlois et Xavier Charpentier ont créé en mars 2007 FreeThinking, laboratoire de recherche consommateur 2.0 de Publicis Groupe.

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Feuilleton "2012, par les classes moyennes"
Épisodes précédents... 
Episode 1 : Dans la tête des classes moyennes : "Pour moi, le triple A, c'est garder Assez d'Argent pour Alimenter ma famille"

Jamais le divorce avec les politiques n’est apparu aussi fort qu'une centaine de jours avant le premier tour de l'élection présidentielle. Certains griefs ou certaines frustrations déjà présents sur le blog lors de l’élection de 2007, réapparaissent de façon spectaculaire à la lumière de l’actualité, pratiquement dans les mêmes mots. Avec une nuance de taille : dans un nombre impressionnant de billets publiés sur le blog de notre étude, ce sont les mêmes arguments, le même réquisitoire qu’en 2007, l’exaspération en plus. C’est que ce déclin perçu provoque des réactions de fureur, littéralement, sur le blog – à tel point que nombre de commentaires sont pratiquement impubliables en l’état, la violence devenant non seulement insultante pour les politiques de tous bords mais aussi ordurière dans son expression. Il est incarné par trois échecs cinglants aux yeux de tous les participants. 

30 ans d’erreur… Aujourd’hui, la facture 

D’abord, l’énormité de la dette publique – et l’incapacité tragique à maîtriser les dépenses publiques et à faire preuve d’un minimum de sens des responsabilités. Avec cette idée, par rapport à ce que nous voyions en 2007, que ce qui menaçait alors – qu’un jour, quelqu’un présente la facture aux Français – n’est plus une menace mais une réalité. Ce quelqu’un, c’est « les marchés », « les agences de notation », bref une entité qui n’est pas très bien identifiée. Mais ce qui prend aujourd’hui un tour vraiment dramatique aux yeux de tous les participants, c’est l’impossibilité de s’échapper de ce qui apparaît sinon comme une impasse, du moins comme un tunnel très sombre. Un tunnel qui n’est que le résultat de 30 ans d’erreur et de laisser-aller dont tous les politiques sont responsables, droite et gauche confondues, même si Nicolas Sarkozy est en première ligne dans la critique. Aujourd’hui, le message est clair : quelqu’un doit « payer », et pas seulement eux.

« Et si j’écrivais un bouquin ?Les bêtises des gouvernements depuis 30 ans. Il y a de la matière mais il faudrait l’écrire en plusieurs tomes sinon il serait trop lourd à porter. »

« Les Français ont de quoi être déçus de leurs représentants ! 30 ans au moins que nous n’avons vu aucune avancée en matière de politique. Pas étonnant que les gens soient de plus en plus attirés par « le côté obscur » des extrêmes. Il est bien triste d’en arriver là. » 


Un modèle « trop social » : quand l’assistanat devient une obsession

Deuxième grief à l’encontre de la classe politique, à l’heure des comptes : l’incapacité à avoir transformé un modèle social qui semble totalement à bout de souffle. Jamais le caractère caduc de ce modèle n’est apparu avec autant de force qu’aujourd’hui. Un modèle social caduc parce que secrétant l’assistanat comme un poison, pour une majorité de participants qui postent de façon très dure et sans aucune ambiguïté sur le sujet. Là aussi, les arguments invoqués ou les récits de vie ne sont pas totalement nouveaux. Ce qui est nouveau, en revanche, c’est le raz-de-marée de commentaires sur le sujet qui est plus que consensuel, hégémonique. C’est aussi le degré d’exaspération perceptible, qui rend là encore nombre de posts impubliables tels quels, à la limite de la modération en raison de leur caractère anti-immigrés, par exemple. C’est nouveau.

« Sans compter que ces étrangers qui sont nourris par les caisses de l’état (donc nos impôts) sont encore plus racistes que nous !!!! Ils profitent d’un système qui a fait son temps ! J’en connais certains qui me disent (je travaille dans un quartier difficile de Marseille) : « pourquoi aller travailler, alors qu’avec 5 gosses, non imposable… j’ai les transports gratuits, j’ai l’aide au logement, j’ai des réductions familles nombreuses, électricité solidaire… et je gagne plus en restant chez moi !!! » Je peux vous dire que lorsque vous entendez ce genre de propos, vous avez sacrément les boules, vous qui vous levez le cul tous les matins pour une poignée de clous ! »

« Entièrement d’accord quand on veut de l’argent plein de solutions existent sans être hors la loi, l’argent se mérite alors qu’on arrête d’attendre l’aumône et bougez si vous voulez être riche un  jour, disons STOP à la distribution de CAF et autres « dons » à tous ces glandeurs. »

« Oui, beaucoup trop de profiteurs, entre le RSA et la CMU !Il y a même des dentistes qui ne font des devis que pour ceux qui ont la CMU car ils peuvent mettre le top du top tout est pris en charge ! c’est une honte ! »


Ce ne sont plus des ajustements ou une réforme qui sont demandés, mais une révolution, un coup de balai. Et des sanctions pour ceux que l’on pourrait appeler les « profiteurs d’en bas ». Là aussi, quelqu’un doit « payer ».

« Assainir les dépenses publiques devra être LA priorité des prochains gouvernements, à commencer par vérifier les aides distribuées ! Je suis entièrement d’accord que l’on aide les familles modestes, cherchant activement un emploi, mais quand je vois des écrans plats énormes, achetés avec des bons de la CAF, je suis choqué ! la télévision n’a jamais été un besoin pour nourrir, soigner, protéger sa famille ! »



La "Grande Dépossession"

Dernier point qui suscite la fureur des blogueurs et incarne le déclin français provoqué par une classe politique non seulement responsable mais coupable : ce que l’on pourrait appeler la "Grande Dépossession". C’est-à-dire la perte de maîtrise de son destin national qui n’apparaît plus comme une menace ou une éventualité mais comme une très douloureuse réalité. La France leur semble réellement dépossédée de sa souveraineté face à des marchés qui ont pris la main. Aucun discours politique qu’il vienne de la droite ou de la gauche n’est apte, pour la majorité d’entre eux, à  enrayer ce mouvement irréversible. 

« Quant à l’économie, je crains que cela ne se joue pas avec nous « les gueux ». Tout est plus ou moins écrit à l’avance comme un scénario de ciné. »

« Les enjeux sont simples : relancer l’économie et permettre à la population de retrouver du travail (…) Malheureusement…nous avons beau être en démocratie et donc dans un état où le peuple est souverain, la voix du peuple est inaudible. Prenons en compte cette voix…n’oublions pas qui fait la nation…et qui peut la défaire !!! ».  

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