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Nicolas Sarkozy : "J'ai un rendez-vous avec les Français, je ne me déroberai pas"
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Allocution présidentielle

Le président de la République annonce plusieurs "mesures fortes" pour la fin du quinquennat : immobilier, TVA anti-délocalisations, taxe Tobin, emploi des jeunes, crédit aux entreprises...

A lire aussi :
Les extraits de l'intervention de Nicolas Sarkozy

(Mis à jour le 30 janvier à 10h20)

Au total, sur TF1 et sur France 2, l'interview de Nicolas Sarkozy a été suivie près de 15,7 millions de téléspectateurs. Soit un téléspectateur sur deux (52,1 % de part d'audience). Ce chiffre ne tient pas compte des téléspectateurs des autres chaînes, BFMTV, I>Télé et LCI, LCP-AN, qui reprenaient le signal. Ces reliquats d'audience seront mesurés un peu plus tard.

Le maire PS de Paris Bertrand Delanoë a estimé lundi sur France inter que l'annonce faite par le président Nicolas Sarkozy de relever de 30% les droits à construire sur les habitations et de libérer des terrains publics relevait du "bricolage et de l'amateurisme". "C'est de l'électoralisme qui prend les Français pour des imbéciles, dans le bricolage et l'amateurisme", a déclaré le maire de Paris sur France Inter. "Il ne va pas mettre en oeuvre (ces mesures), il n'aura pas le temps", a-t-il poursuivi, en soulignant qu'il s'opposerait à ces mesures au Conseil de Paris.

(Mis à jour le 30 janvier à 9h45)

Face à Pierre Moscovici ce lundi matin sur RMC et BFM TV, le ministre de l'Emploi Xavier Bertrand a assuré que "la hausse de la TVA ne fera pas augmenter les prix". "Vous êtes en train de brider le moteur de la consommation", lui a répondu le directeur de campagne de François Hollande.

La TVA va augmenter au 1er octobre prochain passant de 19,6 à 21,2%. Associée à une hausse de 2 points de la CSG sur les revenus financiers, cette hausse de la TVA devra compenser le manque à gagner engendré par la suppression d'une partie des charges patronales sur les salaires entre 2200 euros bruts et un peu plus de 3000 euros. C'est le principe de la TVA Sociale qui a été annoncée hier soir par Nicolas Sarkozy.

Nadine Morano, la ministre chargée de l'Apprentissage et de la Formation professionnelle a déclaré sur Europe 1 lundi : "Nicolas Sarkozy déterminera en âme et conscience la date son calendrier , s'il est candidat d'ailleurs !". Et a ajouté :"mais connaissant son tempérament je ne vois pas comment il renoncerait à continuer le travail qu'il a engagé".





(Mis à jour le 30 janvier à 8h15)

A gauche, les annonces du président de la République ont été vivement critiquées.

Sur RTL, Martine Aubry a estimé que le président de la République était "un peu perdu" affirmant que son intervention avait comporté "beaucoup d'improvisation". "Il est candidat nous le savons tous et on connait déjà son programme : plus d'austérité et plus de précarité", a-t-elle également déclaré.

(Mis à jour le 30 janvier à 5h50)

François Rebsamen, le patron des sénateurs socialistes a déclaré : "Nicolas Sarkozy a tenté en vain, ce soir, d'endosser les habits du Capitaine courage, mais il faisait plutôt penser aux médecins de Molière qui, à force de saignées, achevaient le malade qu'ils étaient censés guérir."

Manuel Valls, le directeur de la communication de François Hollande a déclaré au Monde que Nicolas Sarkozy avait "fait preuve d'une grande improvisation : on oscille entre des mesures techniques avec un impact incertain - sur le logement, par exemple - à des mesures de moyen terme qui sont injustes et inefficaces - la TVA sociale, en l'occurrence." Il estime que "Nicolas Sarkozy a présenté, ce soir, une sorte de boîte à outils improvisée visant à répondre au discours et au projet de François Hollande".

Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une "très mauvaise nouvelle pour les ménages ouvriers". "Cette politique ne vaut rien de bon pour la France. Les mots utilisés ne sont qu'un habile enfumage d'un triste et banal plan d'austérité et de soumission aux exigences du capital financier", a-t-il déclaré.

La candidate d'EELV, Eva Joly a estimé que Nicolas Sarkozy protégeait "les couches aisées" et se préoccupait "fort peu des souffrances des Français." Elle a également jugé que le président "s'est prêté a un exercice de communication convenu qui tend à mystifier les Français en leur faisant croire qu'il est tout entier à sa tâche de président alors que chacun voit bien qu'il est déjà en campagne".

A l'extrême droite Marine Le Pen a fustigé les "remèdes ultralibéraux à double dose" proposées par Nicolas Sarkozy. "Il nous a vanté l'Italie, or l'Italie ce sont des privatisations massives, l'effondrement du système de retraites, la baisse du salaire des fonctionnaires. Il nous a vendu la crise financière qui s'apaise, d'ici une semaine il sera évidemment démenti." a-t-elle déclaré.



A l'UMP, Jean-François Copé estime que "le président a tracé, éclairé un chemin avec certes des efforts, des décisions courageuses mais aussi une espérance."



Le Premier ministre, François Fillon a assuré que le gouvernement serait "totalement mobilisé" pour assurer la mise en œuvre des "mesures fortes" annoncées par Nicolas Sarkozy.

Le ministre du Travail, Xavier Bertrand a déclaré : "Pour Nicolas Sarkozy, la priorité est la même que celle des Français : l'emploi, l'emploi, l'emploi. Et au-delà des mesures décidées lors du sommet pour l'emploi, il en faut d'autres, plus structurelles, comme la baisse des charges sur le travail. C'est dès maintenant qu'il faut prendre de nouvelles décisions, non seulement pour éviter l'explosion du chômage, les délocalisations, et pour se donner les moyens d'une baisse durable et importante du nombre de demandeurs d'emploi. Un président dans l'action plutôt que des candidats dans de vagues déclarations d'intention, voilà ce que veulent les Français."

Sur Twitter, Valérie Pécresse a écrit : "Sincérité et lucidité, esprit de responsabilité, quel contraste entre les propositions d'aujourd'hui et celles de jeudi dernier", faisant référence à l'intervention de François Hollande.

Une semaine après le meeting du Bourget, Nicolas Sarkozy s'exprimait ce dimanche dans une intervention télévisée diffusée pour la première fois sur huit chaînes simultanément (TF1, FR2, LCI, LCP/Public Sénat, France 24, BFM TV, i-Télé et TV5 Monde). Le Président a fait plusieurs annonces importantes, assumant de prendre le risque de mesures potentiellement impopulaires comme la hausse de la TVA.

Sans se déclarer candidat, Nicolas Sarkozy s'est montré déterminé, décidé à faire de la compétitivité la grande affaire des dernières semaines de son quinquennat et vraisemblablement de sa campagne.

Sur un terrain plus personnel, le Président a balayé les questions sur ses états d'âme (la presse avait rapporté qu'il éprouvait un certain découragement la semaine passée), expliquant que les Français ne s'y intéressaient pas et qu'il serait indécent ou ridicule de se concentrer sur son destin personnel alors que la France doit faire face à une crise d'une gravité extrême.

Ce qu'il faut retenir de l'intervention du Président [mise à jour à 21h18] :

  • Nicolas Sarkozy refuse de se présenter comme président-candidat : "je suis là en tant que chef de l'Etat". "Parfois, je peux avoir l'impatience tant je constate l'arrogance. [...] Mais j'ai la responsabilité du pays pour cinq ans : je ne peux pas être président-candidat pendant des mois."  "Ce n'est pas l'agitation qui me ferait changer d'avis : je suis déterminé". Il a également déclaré : "J'ai un rendez-vous avec les Français, je ne me déroberai pas et franchement, ça approche."
  • Sur le triple A : "ne confondons pas le thermomètre et les causes de la maladie". N. Sarkozy estime que les efforts budgétaires de l'Europe ont porté leurs fruits, et notamment en France, qui "emprunte à un taux historiquement bas". Il exclut à nouveau un troisième plan de rigueur.
  • Pour relancer la croissance, le président annonce une "mesure extraordinairement forte sur l'immobilier" : "on pourra construire 30% de mètres carré en plus sur les terrains". La mesure entrera en vigueur en février, et pour 3 ans. Il estime que l'encadrement des loyers (proposé par François Hollande) produirait l'effet inverse sur le marché de l'immobilier.
  • Création d'une banque de l'industrie (filiale d'Oséo, la banque des PME) pour faciliter l'accès au crédit. Elle sera dotée à partir de février d'un milliard d'euros de fonds propres. Cette mesure est également proposée par François Hollande. 
  • Sur l'emploi des jeunes : quota de 5% de jeunes en apprentissage/alternance pour les entreprises de plus de 250 salariés, avec des sanctions renforcées pour celles qui enfreignent la règle.
  • Exonération totale ou partielle des cotisations familiales ou patronales sur les emplois délocalisables, c'est à dire entre 1,6 et 2,1 fois le smic.

Cette mesure coûtera 13 milliards d'euros et sera financée par deux réformes fiscales :

  • Augmentation d'1,6 point du taux normal de la TVA (19,6%) au 1er octobre.
  • Augmentation de 2 points de la CSG sur les revenus financiers. "Consommer français ça n'a pas de sens. Produire en France, ça en a" - "Il faut arrêter de plomber les salaires par des charges qui font fuir les entreprises"Nicolas Sarkozy propose d'alléger s'appuie sur l'exemple allemand, où les salaires ont stagné, "mais quel est votre pouvoir d'achat quand vous avez perdu votre travail ?"
  • Des accords de compétitivité-emploi (comme en Allemagne) pourront être négociés au cas par cas afin de sauver des emplois, d'augmenter ou de réduire les cadences en fonction de la conjoncture. François Fillon écrira dès lundi aux partenaires sociaux pour négocier ces accords par entreprise. Nicolas Sarkozy estime qu'on "tourne la page des 35 heures". Une "bonne nouvelle".
  • Sur la taxe sur les transactions financières : elle devrait permettre de récupérer 1 milliard d'euros par an. "L'Allemagne nous suivra". "J'ai reçu des pressions [du milieu financier], mais je n'en tiens aucun compte"
  • Sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat : "le budget de l'année est le premier depuis 1945 qui diminue d'une année sur l'autre"
  • Sur les dépenses de l'Etat : "nous sommes le premier gouvernement a avoir arrêté la folie de création d'emplois publics". Le président estime qu'il va falloir faire porter la règle d'or également sur les collectivités territoriales, en "modulant les dotations aux collectivités en fonction de leur rigueur en la matière".
  • Sur le quotient familial : Nicolas Sarkozy est aussi à sa modification, car "la politique familiale n'est pas une politique de redistribution, mais une politique de natalité". "Une remise en cause du quotient familial ferait peser sur les classes moyennes une charge qu'elles ne peuvent pas supporter".
  • Sur les allègements fiscaux du débat de mandat : ne regrette ni la défiscalisation des heures supplémentaires, ni la réduction des droits de succession. Il reconnaît en revanche une erreur sur le crédit impôt TEPA sur les résidences principales.
  • Pas d'augmentation des impôts

Autres questions abordées :

  • Sur les critiques : le président les accepte ("c'est la démocratie, c'est normal"), mais il ne répondra jamais aux "propos de caniveau" de François Hollande. "J'ai le sens du ridicule. Ce n'est pas à moi de juger mon propre bilan, c'est aux Français". "En cinq ans, je n'ai pas tout réussi. J'ai des regrets. Je m'en expliquerai le temps venu". Mais il exclut l'écriture d'un livre.
  • Sur la perspective de la défaite : "le devoir de lucidité, ça compte". "En 2007, le soir du second tour, j'avais préparé une déclaration pour ma défaite." "Dans ma jeunesse [1995], j'ai connu les ravages de l'arrogance".
  • Sur la possible absence de Marine Le Pen de l'élection présidentielle :"Le fait qu'elle ne soit pas présente serait préjudiciable. Mais je ne vais pas m'occuper d'elle."
  • Sur le style personnel : il refuse de parler de ses sentiments et de confier ses états d'âme, alors que les Français souffrent.

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