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Nice, l'effroyable raté : comment les services de renseignement français sont passés à côté des avertissements de l'Etat islamique
©REUTERS/Eric Gaillard

Aveugle

Loin d'être imprévisible, l'attentat qui a fait près de 100 morts le 14 juillet à Nice était proprement et simplement annoncé. Ce qui n'a, malheureusement, pas permis à nos services de renseignement de l'anticiper.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Depuis le carnage de Nice, le ministre de l'Intérieur multiplie les interventions arrogantes, visant à l'exonérer, lui et le chef du renseignement intérieur, de toute responsabilité dans ce drame : "un attentat de type nouveau... une radicalisation très rapide... Il n'y a pas de faille". Le tout sur fond d'un plutôt pathétique fatalisme, "Le risque zéro n'existe pas... Autant s'habituer à vivre avec le terrorisme".

Or aujourd'hui, "Atlantico" est en mesure de révéler que tout cela est faux et mensonger. Et il en apporte la preuve.

Trois semaines avant les attentats de Nice - en plein Ramadan, donc - l'Etat Islamique diffuse largement, par ses canaux habituels, une vidéo de propagande, techniquement très sophistiquée et sous-titrée en anglais.

Cette vidéo appelle explicitement les "soldats du Califat" à utiliser des véhicules, notamment des camions, pour frapper dans la foule des "infidèles". Elle contient aussi des schémas portant sur l'utilisation de camions à cet effet. Pour que tout soit clair, l'incitation à cette action s'intitule "Remplissez vos réservoirs !"

Cette vidéo est repérée par un institut universitaire australien d'analyse et de lutte contre l'extrémisme islamiste ; centre de recherche fort respecté ; l'étude de cette vidéo étant l'œuvre du prof. Dr Ahmet Yayla, directeur adjoint du Département de criminologie de George Mason University (Washington DC) ; auparavant chef du département antiterroriste de la police nationale turque (voir ici).

Son étude s'intitule "Inside ISIS chat rooms : ICSVE obtains ISIS video calling for attacks with vehicles", en ligne le 15/07/16. Cette étude est ensuite diffusée par la version australienne du Daily Mail britannique.

Pire encore : la vidéo menace clairement et directement la France "Paris : the fighting has just begun".

Quand à l'aspect "nouveau" de telles actions, rappelons (ce qu'on semble ignorer à l'Intérieur) que dès septembre 2014, Mohammed al-Adnani, porte-parole officiel de l'Etat islamique, ordonnait aux soldats du Califat "d'écraser les kufar (infidèles) avec des véhicules".

Or comme d'usage, le Renseignement intérieur n'a rien prévu et rien dit. 

Trop occupé sans doute à traquer l'ultra-droite, son chef a soit :

  • tout ignoré de cette vidéo,

  • rien compris de son aspect follement dangereux.

En tout cas, il n'a pas prévenu son ministre qui sinon, aurait sans doute alerté le public (entre deux opérations de com' sur ses grandes qualités et succès).

Désormais, la dernière affiche de l'Etat islamique peut ainsi se glorifier des "cartons" qu'elle commet en France - d'autant plus aisément que ceux qui devraient combattre et éliminer cette entité mortifère en sont hélas incapables.

Les coupables de cet affreux raté peuvent-ils rester en poste ? 

Cela relève bien sûr de leur âme et conscience. 

Mais s'il leur reste un peu d'honneur...

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