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Face à Alain Juppé, François Hollande se place en "homme de solutions"
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Temps fort

Le ministre des Affaires étrangères était invité à donné la réplique au candidat socialiste à la présidentielle jeudi soir sur France 2, dans un débat qui a essentiellement tourné autour des questions économiques.

Bataille d’idées, de chiffres, de mots, de postures, le duel, très attendu, entre Alain Juppé et François Hollande, jeudi soir lors de l’émission "Des paroles et des actes" de France 2, a globalement tenu ses promesses, sans éviter l’inévitable, quelques égarements sans doute trop techniques pour les téléspectateurs, et quelques polémiques sans doute pas nécessaires pour l’image de la campagne présidentielle. Laquelle a en tout cas encore gagné en intensité avec cette confrontation entre un candidat plus que jamais présidentiable et un ministre plus que jamais ténor de la majorité.

C’était attendu, le débat a beaucoup tourné autour de l’économie. C’est Alain Juppé qui tentait de marquer le premier point, estimant que le chômage en France avait augmenté moins vite que dans d’autres pays occidentaux comme l’Espagne ou les Etats-Unis. Il citanit ensuite un rapport de la Cour des Comptes selon lequel la majorité n’est pas responsable de l’aggravation des déficits depuis 2007. Alors qu’il lui impute en réalité un quart de responsabilité, ce que n’a pas relevé François Hollande. Il préférait tenter de renvoyer son adversaire à une série de chiffres prouvant que la situation économique est le fait de la droite, citant le paquet fiscal ou le déficit commercial extérieur de la France.  

Tentant de ne pas être uniquement dans la tactique défensive des sortants, Alain Juppé a essayé de ne laisser le monopole des propositions à son adversaire. Il a ainsi défendu le projet de TVA sociale, rebaptisée "TVA emploi", avant de proposer de moduler l'impôt sur les sociétés en fonction de la destination des bénéfices. Ce à quoi François Hollande a rétorqué que c’était là une proposition socialiste à l’Assemblée nationale "depuis cinq ans" qui n’a jamais été adoptée.

Le duel a également porté sur la relance de la croissance. Jugeant que, quel que soit le vainqueur, la hausse des impôts serait nécessaire après l’élection, François Hollande demandait à son adversaire : "sur qui allez-vousfaireporterla hausse des prélèvements obligatoires ? Nous disons les plus riches, vous dites "les Français", les électeurs apprécieront”.De son côté, Alain Juppé essayait d’attaquer le programme économique du socialiste affirmant que son "compte n'est pas bon".  "Vous dites que c'est la croissance qui va changerles choses, mais je n'ai rien vu dans votre programme qui permette de soutenirla croissance".

Accusé de sectarisme par le ministre des Affaires des étrangères, François Hollande a répliqué qu’il maintiendrait un certain nombre de réformes décidées depuis 2007, parmi lesquelles le service minimum dans les transports, la TVA à 7% dans la restauration à la condition qu’il y ait "des contreparties en termes de rémunération et d'emplois", la diminution du nombre de fonctionnaires ou encore l’attribution de la présidence de la commission des finances de l’Assemblée nationale à un membre de l’opposition.

Juppé : "vous êtes un peu trop sûr d'avoir tourné la page"

Sur la forme, l’émission a également réservé quelques moments croustillants entre deux fins débatteurs. Alain Juppé jugeait que son adversaire faisait "une méchante caricature" de Nicolas Sarkozy, dont il continuait par ailleurs à se refuser de citer le nom : "je veux parler de l'avenir. Le passé ne m'intéresse plus", expliquait François Hollande, interrogé sur ce motus en forme de mot d’ordre. L’ancien Premier ministre l’accusait également de faire preuve d’arrogance : "vous êtes un peu trop sûr d'avoir tourné la page", lui disait-il, sans pour autant retenir, un peu plus tard cette phrase qui, sans conditionnel,  pourrait avoir des allures de lapsus "on verra ce que vous ferez"

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Mais, à temps de parole égal, c’est forcément les mots et les engagements de François Hollande qui ont été le plus scrutés. "Je ne suis pas un homme de problèmes, je suis un homme de solutions", a insisté le socialiste, interrogé sur son attitude face aux conflits. Parmi les points relevés après le débat, il faut noter que le candidat s’est engagé à trouver un repreneur pour l'usine Lejaby d'Yssingeaux, en Haute-Loire, qui doit fermer. "Nous les aiderons jusqu'au bout" a-t-il assuré, se refusant à "payer des indemnités de chômage jusqu’à 60" à des salariés qui ont "trente ans d’expérience".

Du point de vue politique, François Hollande a affirmé que François Bayrou ne serait pas dans son gouvernement s’il était élu. Un moyen de poursuivre sa nouvelle stratégie face au président du Modem, dont il n’apprécie pas qu’il ne dise pas clairement pour qui il appellera à voter au second tour s’il n’y est pas. "François Bayrou trouve que mon projet n'est pas bon, il l'a dit. Donc, je ne vois pas comment il pourrait participer à un gouvernement pour appliquer un projet qu'il ne trouve pas bon", a dit sèchement le député corrézien.

Le candidat n’a pas non plus manqué de faire un peu de communication : interrogé sur sa perte de poids, il  a confié, qu’il avait voulu se montrer "présentable pour se présenter". "Ce n'était pas de la communication, c'était être en harmonie avec moi-même", a-t-il ajouté. Connu pour son humour, il a néanmoins fait un flop avec une phrase prononcée avec le sourire : "quand la mayonnaise prend, il faut éviter qu'elle retombe et ça peut tourner, donc c'est une attitude que je ne cesserai d'avoir, c'est celle du respect des Français."

Il semble qu'au final que le débat n’a pas proclamé un vainqueur par K.O, les deux hommes étant souvent restés sur leur position, débitant des avalanches de chiffres, se parlant régulièrement l’un par-dessus l’autre. Reste que c’est un premier temps fort en 2012 de la campagne présidentielle qui a eu lieu, et qu’il en annonce d’autres pour les semaines à venir.  

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