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Pickpockets et esclaves : cette opération inédite lancée par les Pays-Bas pour venir en aide aux milliers d’enfants contraints de faire les poches de toute l’Europe
©Reuters

Oliver Twist

Une opération internationale a pour but de démanteler les organisations criminelles qui exploitent des enfants et de prendre en charge ces derniers afin qu'ils ne retombent pas dans la délinquance.

Vous en avez peut-être déjà vus dans la rue ou le métro. Vous leur avez peut-être même déjà donné quelques pièces. De l'argent dont ils ne verront pas la couleur. Ces enfants, des Roms pour la plupart, déclenchent au regard des passants des réactions diverses : de l'empathie, de la pitié, mais également de la colère (qui se transforme parfois en racisme) face à une immigration massive.

Chacun son avis face au phénomène migratoire. Les enfants dont on parle ici ne sont pas venus avec leur famille dans l'espoir d'un avenir meilleur, mais sont exploités par des organisations criminelles organisées, afin de récolter de l'argent par tous les moyens possibles.

C'est contre ces groupes criminels que les Néerlandais ont décidé de mener l'offensive, rapporte The Daily Beast. À la suite d'investigations – l'opération 13Oceans - menées aux Pays-Bas, en Autriche, en Belgique, en Allemagne et en Espagne où cette forme d'esclavage infantile a été constatée, les autorités néerlandaises mettent en place un programme d'actions afin de démanteler ces réseaux, mais pas seulement. "Cette enquête se fixe deux objectifs : détruire cette coopération criminelle et démanteler la structure financière qui s'y cache ; et protéger les enfants de ces organisations. Nous espérons leur offrir un meilleur futur", a confié au Daily Beast Warner Ten Kate, un procureur néerlandais spécialisé dans la traite des humains. Le but étant donc de sauver ceux que la presse appelle les "Oliver Twist des temps modernes". "

Conditions de vies épouvantables

Pourtant, l'orphelin des écrits de Charles Dickens vit dans un confort relatif comparé à ces centaines d'enfants roms. Agés pour la plupart de huit à seize ans, ces garçons et filles "travaillent" pour leurs ravisseurs en mendiant dans la rue, lorsqu'il ne s'agit pas de voler les passants. En effet, difficile d'obtenir le millier d'euros que leurs tortionnaires leur exigent chaque jour en tendant sa paume vide vers les yeux fuyants des piétons.

Le reste du temps, ils vivent dans des conditions de vie exécrables, telles que celles décrites par Arthur De Rijk, l'un des enquêteurs néerlandais de l'opération 13Oceans, lorsqu'il est tombé sur un groupe de cinq enfants, dont un nouveau-né, dans la banlieue de Barcelone : "C'était trop sale pour y mettre des mots. Ils vivaient dans une crackhouse (un repère de dealers, ndlr). […] Ça sentait l'urine et les enfants étaient couverts de poux. Le frigidaire était moisi, les matelas posés à même le sol, et il n'y avait aucune chaise. Les branchements électriques pendaient des murs. C'était un endroit dangereux, épouvantable". Ils sont également battus, ou encore drogués. Les filles, quant à elles, sont violées et donnent naissance à des bébés condamnés au même sort qu'elles, s'ils survivent.

Coopération européenne nécessaire

À cause du nomadisme qui est imposé à ces enfants esclaves, la collaboration des polices nationales européennes est nécessaire. A chaque arrestation de mineurs, ceux-ci étaient systématiquement remis en liberté, après avoir rentré leur identité dans la base de données d'Europol. Quelques 300 enfants ont été recensés. Grâce à Eurojust, qui permet de renforcer la coopération judiciaire entre les Etats membres, certains pays ont décidé de passer à l'action, comme les Pays-Bas donc, mais également la Bosnie et l'Autriche. Quatre groupes criminels sont actuellement observés, et deux adultes appartenant à ces réseaux ont déjà été arrêtés.

L'intervention policière est nécessaire à l'arrêt de ces trafics. "Si un enfant fait partie d'un clan, la pression est énorme. Les probabilités de s'enfuir sont faibles. Aussi, on apprend à ces enfants que le monde extérieur est hostile. Il n'est pas difficile de les forcer à voler", explique Ten Kate. Une fois que ces enfants ont fini de grandir, ils finissent par jouer le même jeu que leurs aînés. Un cycle infernal, auquel l'Europe peut mettre un terme, si elle s'y prend bien. 

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