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EDF, SNCF, Orange, La Poste, Engie... quand l’Etat actionnaire se fait plus vorace que les actionnaires privés
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Atlantico Business

Une étude réalisée par l'Ifrap et la Cour des comptes, vient de montrer ce dont tout le monde se doutait : l'Etat actionnaire pompe des dividendes dans ses entreprises comme aucun actionnaire privé n'oserait le faire.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Quand on regarde la façon dont l'Etat se comporte avec les entreprises dans lesquelles l’Etat a des participations, on constate qu’il impose une politique de dividende qu‘aucun actionnaire privé n’oserait exiger. Dans bien des cas, ça n’est plus du dividende, c’est du racket d’Etat.

Le vrai scandale, c’est qu’en plus, l’Etat ne se gêne pas pour intervenir dans la gestion des entreprises et bloquer leurs prix de façon à ne pas froisser le client ou l’usager.

En clair, si EDF est gêné aux entournures, c’est parce que EDF a fait des erreurs de stratégie dans le passé, dans l’organisation de la filière nucléaire, mais c’est aussi parce que EDF n'est pas libre de fixer ses tarifs. Idem pour La Poste, idem pour la SNCF.

Le point le plus choquant a été mis en évidence par l'IFRAP, un think tank spécialisé dans l’étude des politiques publiques.

L’Etat possède aujourd’hui quelques 77 entreprises dans des proportions variables et dont les participations sont gérées par l’agence des participations d’Etat, une sorte de holding publique.

Ces participations sont multiples, 85% dans EDF, 100 % de La Poste ou de la SNCF, mais des parts significatives dans Renault, PSA groupe, Orange, Air France ou CNP-assurances...

La Cour des comptes qui rappelle qu’en 2014, le total des dividendes versés à l'Etat par les entreprises là où l’Etat est presque chez lui, dépassait les objectifs du budget puisqu’ils atteignaient les 4,1 milliards.

Toujours pour la Cour des comptes, ces résultats financiers sont supérieurs à la moyenne des résultats des entreprises du CAC 40.

En clair, les entreprises privées distribuent en général moins de 50% de leurs résultats. Les entreprises publiques distribuent à l’Etat plus de 50% parfois 60%.

L'Etat français serait plus vorace que les actionnaires qu il n’arrête pas de critiquer.

Si on ajoute les impôts sur les sociétés, l'Etat exerce une formidable pression sur ces entreprises en captant l’essentiel de la création de richesse.

Cette politique a deux principales conséquences :

1.     Celle d’empêcher les entreprises de financer et surtout de concevoir des plans de développement ambitieux. C’est le cas de EDF qui est par ailleurs coincé dans sa politique tarifaire.

2.     Celle d’obliger les entreprises à s’endetter, c’est le cas d'Orange ex-France Télécom, mais c’est aussi le cas de La Poste ou de la SNCF, les grandes entreprises publiques qui croulent sous l'endettement et qui n'ont pas les moyens de restaurer leur appareil industriel.

Au bout du compte, on est obligé de s’interroger sur le rôle de cette holding d’Etat ou tous les objectifs se superposent et se mélangent.

L’Etat est présent dans l’économie à la fois pour aider des entreprises fragiles, comme dans l’automobile. Mais normalement, un Etat bien géré revendrait les participations pour récupérer les plus values. L'Etat ne le fait pas. Pourquoi ?

L’Etat est présent pour permettre à des entreprises d'assurer un service public comme à EDF, à la SNCF, ou à La Poste, mais ça ne peut pas durer éternellement. Il faut trouver un modèle économique qui permette à l’entreprise de tenir en équilibre et de se développer.

L'Etat est présent pour protéger l’entreprise de prédateurs éventuels mais dans ce cas là, il doit y avoir une stratégie de sortie.

L'Etat ne peut pas utiliser ses participations publiques pour faire tout à la fois et n’importe quoi. Il ne peut pas fabriquer du pouvoir d'achat pour les consommateurs d’électricité ou pour les voyageurs, assurer la sécurité à long terme, investir pour assumer la concurrence et au final pour manger les résultats avec plus de gourmandises qu'un actionnaire privé.

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