Grand écart
Exclusif : la note interne à la CGT qui explique pourquoi Martinez doit bloquer l'Euro 2016
L'Euro 2016 débute ce vendredi 10 mai au soir, avec le match d'ouverture opposant l'équipe de France à celle de la Roumanie. Pour autant, les conflits sociaux qui secouent le pays depuis plusieurs mois ne semblent pas prêts de s'arrêter.
Éric Verhaeghe
Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.
Depuis plusieurs jours, tout le monde se demande si Philippe Martinez, le patron de la CGT, domine ses troupes, ou si c’est l’inverse qui est à l’oeuvre. Après sa phrase sibylline sur : "la meilleure image de la CGT" liée ou non au blocage de l’Euro 2016, beaucoup se sont demandés si ses paroles étaient du lard ou du cochon, et s’il ne fallait pas le soumettre d’urgence à une expertise psychiatrique.
La réaction interne à la CGT ne s’est pas faite attendre. En découvrant ces propos dans la presse, certains ont pressenti que le camarade Martinez entreprenait une nouvelle arabesque de danseuse et s’apprêtait à lâcher le mouvement. Le pressentiment était d’autant plus juste que, dans la foulée, le gouvernement annonçait qu’une rencontre entre la ministre et Martinez était prévue le 17 juin, et même avancée à la date choisie par le secrétaire général.
Il n’en fallait pas plus pour susciter ce courrier aux militants de sa part :
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Voilà qui s’appelle un beau grand écart. Oui, je suis pour les grèves, mais je suis aussi pour l’euro, pour le blocage de l’euro, mais pour que l’euro soit une fête, et que tout se passe bien pour tout le monde. Et embrassons-nous Folleville !
Une certitude est désormais acquise : Martinez ne contrôle plus rien à la CGT et c’est désormais une partie de la base qui a pris le pouvoir. Le gouvernement perd globalement son temps en discussions oiseuses avec le secrétaire général de la Confédération. Le problème ne se pose plus porte de Montreuil, mais dans les syndicats d’entreprise ou locaux qui font la pluie et le beau temps.
Une seule conclusion s’impose aujourd’hui : la CGT en tant que structure organisée n’existe plus vraiment, et le gouvernement doit composer avec une bande de francs-tireurs plus ou moins encadrés par une organisation approximative. Cette évolution, déjà forte sous Thierry Lepaon, est une donnée brute à intégrer dans l’algorithme des anticipations rationnelles.
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