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"Vous avez dit racines chrétiennes ?" Quand les leaders de la droite courent derrière la Croix…
©Reuters

Doux Jésus !

Ils sont tous -à l'exception peut-être d'Alain Juppé qui en pince pour les mosquées- devenus chrétiens, très chrétiens.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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On avait pendant trop longtemps oublié que la France était la fille aînée de l'Église. Voilà qu'elle le redevient par la magie d'un verbe au catholicisme flamboyant. Les enfants de chœur qui servent cette messe traditionnelle, pas traditionnaliste quand même, sont assez nombreux. Lemaire, Wauquiez, Fillon, Guaino, Morano, et celui dont la voix porte le plus dans ce genre d'exercice : Nicolas Sarkozy. Plusieurs intellectuels leur font cortège. Et parmi eux, le plus inspiré, le plus barrésien, le plus péguyste : Alain Finkielkraut qui s'offre le luxe insolent de ne pas être, mais pas du tout, catholique. 

Comptez le nombre de fois où dans son discours, très identitaire, l'ancien président de la République a fait référence à la chrétienté de la France. Et il n'a pas fait ça parce qu'il s'est souvenu qu'il avait été chanoine de Latran, ou pour se démarquer de son rival bordelais supposé sensible aux appels des muezzins. Sarkozy sait ce qu'il fait et ce n'est pas lui faire injure que d'imaginer qu'il n'a eu aucun contact direct avec le petit Jésus, la Vierge Marie ou Dieu le père. Il voit également plus large que les quelques dizaines de milliers de voix qu'il va draguer auprès de la Manif pour tous. 

Certes la France est déchristianisée. Mais les églises sont toujours là. Vides peut-être. Reste qu'elles font partie du paysage auquel les Français sont habitués. Tel n'est pas le cas des synagogues et des mosquées (j'ai le souci de l'équilibre…). La France sait vaguement qu'il y a plus de 1500 ans il y eut un nommé Clovis qui fut baptisé. Elle sait aussi qu'à Poitiers s'est déroulée une bataille remportée contre ceux qui brandissaient l'étendard du Prophète. Pour autant, il n'y a pas, et heureusement, en France de guerre de religion. 

Mais il y a chez nous une religion plus jeune, plus dynamique, plus énergique (je refuse d'employer des mots qui fâchent) que d'autres. 

Elle réclame des lieux de culte. De plus en plus grands. De plus en plus nombreux. Elle revendique pour les femmes de son obédience des tenues vestimentaires propres, parait-il, à décourager les convoitises masculines. Elle réclame des repas spécifiques pour les enfants scolarisés. Elle est déjà beaucoup : on la soupçonne de vouloir devenir tout. 

Il s'agit là d'un phénomène totalement dévastateur. Il isole et enferme une partie des habitants de notre pays. Il inquiète et angoisse tous les autres qui se demandent, perdant pied, niés dans leur mémoire, piétinés dans leur histoire où cela va s'arrêter. Et surtout qui va l'arrêter. À droite, on ressent ce désir encore confus. Sarkozy, un intuitif, l'a bien compris. 

L'épiscopat français regarde cette frénésie amoureuse avec circonspection. La République s'est créée et renforcée contre le catholicisme : nos évêques s'en souviennent. Ils ont payé et se tiennent pour cette raison tranquilles, très tranquilles. Ils se trompent. Car ils devraient savoir, eux qui sont si ouverts à l'islam, que plus on est soi-même, plus il est facile d'accepter l'autre. En un mot, il faut des églises fortes pour que les mosquées ne le soient pas trop. 

PS : Quelques mots sur la laïcité qui est brandie à tout bout de champ dans cette affaire. Telle qu'elle se décline, c'est oui au voile et mollement non à la burqa. Foutaises : le voile est le début de la burqa. 

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