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François Baroin, le chiraquien qui réécrivait l'histoire pour soutenir Nicolas Sarkozy
©Reuters

Un autre François

Ce ralliement devrait " libérer" d'autres chiraquiens comme Christian Jacob, le président du groupe LR à l'Assemblée, également "anti-Juppé".

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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François Baroin a confirmé ce dimanche qu'il soutiendra la candidature de Nicolas Sarkozy pour les primaires de la Droite et du Centre en novembre prochain. Le sénateur-maire de Troyes qui s'était jusque là imposé une neutralité relative en attendant le congrès de l'Association des Maires de France qu'il préside, confirme également la détestation qu'il voue à Alain Juppé dont il fut l'éphémère ministre en 1995, mais aussi le collègue au gouvernement Fillon entre 2010 et 2012. Ce ralliement devrait " libérer" d'autres chiraquiens comme Christian Jacob, le président du groupe LR à l'Assemblée, également "anti-Juppé".

François Baroin  justifie cette détestation de Juppé par l'absence de confiance mutuelle, car, selon lui, "la confiance est la clef de tout en politique". Cette absence de confiance vient couronner la liste des griefs connus que François Baroin voue à l'encontre du Maire de Bordeaux, car l'antagonisme affiché est tel que l'on se demande si il y a un cadavre caché dans un placard ! Car tout n'est pas aussi rationnel que le prétend le nouveau soutien de Nicolas Sarkozy. Certes, François Baroin s'est fait virer sans ménagement par Alain Juppé en novembre 1995.  Un remaniement surtout marqué par le départ des "Jupettes".  Le Premier Ministre de l'époque (Alain Juppé) reprochait paraît-il à celui qui était le porte parole (- François Baroin) d'un gouvernement pléthorique de ne pas assez " travailler". Mais ce "vidage" n' a été possible qu'avec l'assentiment du président de la République de l'époque, Jacques Chirac. Et François Baroin avait alors trouvé refuge comme chargé de mission à l'Elysée, en attendant 2002.  Certes François Baroin a très mal vécu le manque de soutien d'Alain Juppé (qu'il avait sollicité), au moment de la succession de Christine Lagarde, qui quittait Bercy pour partir diriger le FMI. Juppé qui avait à l'époque l'oreille très attentive de Nicolas Sarkozy, lui préférait un autre candidat, en la personne de Bruno Le Maire, à l'époque ministre de l'Agriculture. Mais à la faveur d'un retournement de situation de dernière minute, c'est François Baroin qui avait finalement gagné le fauteuil de Ministre des Finances. Juppé aux Affaires Etrangères, et Baroin aux Finances n'étaient pas tenus de coopérer en permanence, mais ils avaient apparemment su mettre leur mésentente, aujourd'hui mise en exergue pour justifier le ralliement à Nicolas Sarkozy, en sourdine.

Entre 1995 et 2010, de l'eau avait coulé sous les ponts, et notamment en l'an 2002. Après la réélection de Jacques Chirac, au moment de la fondation de l'UMP censée devenir le parti unique de la droite et du Centre, Alain Juppé avait réservé une belle place dans l'organigramme à Baroin nommé porte parole du mouvement, puis secrétaire général adjoint. A l'époque François Baroin se réjouissait des retrouvailles avec Juppé, même s'il a pu lui faire quelques croches-pieds en douce : il a en effet discrètement soutenu la candidature de Jean-Louis Debré, (- en délicatesse avec Chirac car hostile à la création de l'UMP), pour accéder à la présidence de l'Assemblée Nationale. Autrement dit, ça va, et ça vient. Mais s'il fallait que les hommes politiques s'aiment pour gouverner ensemble, il serait impossible de former un gouvernement. Et lorsqu'on a vécu l'épisode Mitterrand à l'Elysée, avec Rocard à Matignon, on se dit que rien n'est impossible au nom du rassemblement et de l'intérêt national, l'argument des dirigeants politiques pour justifier des pirouettes acrobatiques.  C'est d'ailleurs au nom de ce rassemblement que Nicolas Sarkozy avait déjà rappelé François Baroin au gouvernement au lendemain d'élections régionales désastreuses pour la droite en 2010.    

Lors du Grand Rendez-vous Europe 1, Itélé, le Monde, François Baroin a déclaré qu'il ne travaillerait "plus jamais" avec Alain Juppé, s'excluant ainsi d'avance de toute appartenance à un gouvernement Juppé si ce dernier venait à être élu en 2017. Soit, mais que veut dire " jamais " en politique? Il ne le dit pas mais se voit en revanche un bel avenir sous une nouvelle présidence Sarkozy, dont il vante l'énergie. Ce qui est sûr, c'est que François Baroin qui cultive son image de "chiraquien" un peu radsoc, cultivant le consensus, hostile à " l'identité nationale" ,sera beaucoup plus utile au président de LR Sarkozy ,qu'à son vieil ennemi qui est entouré de personnalités de ce profil pour sa campagne. Il adoucira ainsi l'image droitière du futur candidat aux primaires qui a droitisé son état major au lendemain des régionales, et nommé Laurent Wauquiez numéro deux de LR.  Le nouveau président de la région Rhône-Alpes-Auvergne, qui penche plutôt vers la ligne Buisson que vers la ligne radsoc, sera lui aussi très présent dans la campagne de Nicolas Sarkozy. Le président de LR va chercher à montrer qu'il est un homme de rassemblement et qu'il y a de la place pour tous dans la maison du père. .  A condition que " les enfants" ne se chamaillent pas trop.  Ce qui n'est pas gagné...

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