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Geoffroy Didier : "Il est temps de responsabiliser davantage les syndicats et de trouver un financement public bien plus conforme à leur représentativité réelle"
©Wikimédia

Une question de mesure

Candidat à la primaire de la droite, le vice-Président de la région Île-de-France estime que les financements publics des syndicats devraient être modifiés pour les obliger à s'adresser aux salariés.

Geoffroy Didier

Geoffroy Didier

Geoffroy Didier est député au Parlement européen et directeur de la communication de la campagne de Valérie Pécresse.


 

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Atlantico : Vous proposez de mettre fin aux subventions publiques des syndicats. Pourquoi ?

Geoffroy Didier : Pouvoir appartenir à un syndicat professionnel constitue un droit essentiel de notre temps. Mais ce droit fait l’objet de nombreux abus auxquels personne à gauche comme à droite n’a eu jusqu’ici le courage de s’attaquer. Ce n’est pas un hasard si nous avons, après l’Estonie, le plus faible taux européen de syndicalisation - entre 7% et 8% de la population active. Il est temps de responsabiliser davantage les syndicats et de trouver un financement public bien plus conforme à leur représentativité réelle.

Sur les près de 4 milliards d'euros annuels dont ils disposent, comment accepter que les cotisations des membres n’en représentent que 3 à 4% ? Comment comprendre qu’ils reçoivent près de 200 millions d'euros de subventions publiques directes en plus de leurs moyens qui proviennent des employeurs ? Je propose de supprimer ces subventions publiques eu égard au coût déjà exorbitant de l'activité syndicale pour l'Etat comme pour les entreprises. Il est temps de briser le tabou de l'argent des syndicats en France.

>>>> A lire aussi : Terrorisme syndical : faudra-t-il se résoudre à dissoudre la CGT ?

Quelles sont les dérives de financement des syndicats que l'on a pu observer ?

Certains syndicats sont devenus des professionnels du statu quo. Ils pensent plus à leurs intérêts pécuniaires et corporatistes qu'à la défense réelle des salariés. Ce n’est pourtant pas une fatalité. Si en Allemagne et au Royaume-Uni, le taux de syndicalisation est beaucoup plus élevé que le nôtre (en 2012, quasiment 18% en Allemagne, et 26% au Royaume-Uni), c’est parce que leurs syndicats sont beaucoup plus réformistes et ouverts à la négociation. Et comme par hasard, les cotisations des adhérents de ces syndicats représentent en moyenne 80% de leur budget ! Moins on dispose de financements publics, plus on est obligé de faire preuve de responsabilité.

Il n’est par exemple pas sain pour l'économie française que l'on accepte que des délégués syndicaux consacrent 100% de leurs temps à leur activité syndicale aussi bien dans des entreprises que dans la fonction publique. Cette situation crée un divorce entre l'organisation syndicale elle-même et l'entreprise, comme elle provoque une colère légitime chez beaucoup de salariés non syndiqués. Je propose de diminuer de 50% les décharges horaires, c'est-à-dire le temps passé en tant que délégué syndical au sein de l'entreprise. Aujourd'hui, elles coûtent 1,6 milliard d’euros aux entreprises et 1,3 milliards au sein de la fonction publique !

De même, lorsqu’une entreprise est condamnée à l'initiative d'un syndicat de salariés, je souhaite que le montant des dommages-intérêts puisse profiter aux salariés et non au syndicat. Or aujourd'hui, certains syndicats se constituent des mannes financières sur le dos des salariés et des entreprises. Je propose que ces sommes aillent désormais dans un fonds destiné aux salariés pour des formations ou des primes, plutôt qu’aux organisations syndicales qui en profitent par exemple pour effectuer les travaux de leur nouveau siège social départemental...

Comment cela peut-il être une solution pour améliorer la représentativité des salariés par les syndicats ?

Moins les syndicats vivront sous perfusion, plus ils devront apprendre à faire preuve de conviction. Ce nouveau mode de financement les contraindra à devenir plus responsable. La CGT s'enferre aujourd’hui dans l’extrémisme et voudrait en plus pouvoir le faire avec l’argent de ceux qui travaillent. Ils doivent comprendre que dans une démocratie sociale digne de ce nom, la minorité ne peut pas impunément bloquer la majorité.

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