Vous voulez une France multiculturelle ? Mais elle l'est déjà, et largement !

La France doit devenir multiculturelle, nous répète-t-on sans arrêt et avec insistance. Dès lors, le repli identitaire devient, sous les projecteurs de ce devoir, de cette obligation, une tare honteuse et rétrograde. Le multiculturalisme est le dernier "isme" à la mode. Il est chic et même bon chic bon genre. Il faut en être puisqu'il consiste à s'encanailler avec ceux qui – bénis soient-ils – ne sont pas du tout BCBG. 

Nous on veut bien. Mais comme on a appris l'Histoire à l'école, quand cette matière était encore enseignée, on ne peut s'empêcher de penser que la France est depuis bien longtemps multiculturelle. Et que nous devons une grande partie de ce que qui fait notre identité à des peuples et des pays étrangers. C'est dû, entres autres, à notre situation géographique. En effet, au-delà de l'Hexagone, il y a l'immensité de l'Océan. C'est la raison pour laquelle les envahisseurs ont nécessairement fait souche chez nous. A l'exception de ceux que nous avons repoussés : les Huns et les Sarrasins. 

Un jour, après la défaite d'Alésia, la Gaule est devenue romaine. Il y a eu une civilisation et une culture gallo-romaine. La Gaule s'est mise à parler et à écrire en latin. Puis, venus de l'Est, des barbares germaniques, les Francs, sont arrivés à leur tour. Victorieux, ils se sont adaptés et ont embrassé le christianisme. La France et la langue française sont issues de cette présence féconde. 

A l'époque, on n'appelait pas cela le métissage… mais les populations se mélangeaient avec bonheur. Nous en sommes les descendants et les héritiers. En même temps, et cela fait partie du génie français, nous avons pris partout dans le monde ce qu'il avait de plus beau et de plus noble. Nous avons pris ? Non, nous avons accueilli avec chaleur et respect. Trois capitales, trois fées se sont penchées sur notre berceau !

Athènes, Rome et Jérusalem (Jérusalem, pas Al Qods…). Sans les Grecs, nous serions des sauvages. Sans les Romains nous serions des barbares. Sans les Juifs, nous ne serions pas ce que nous sommes : pas de Nouveau Testament sans l'Ancien Testament. Les cultures, nous les avons adoptées et adaptées. Bien sûr que cela fait de nous un pays multiculturel. 

Puis, les siècles passant, d'autres sont venus déposer leurs offrandes à l'intérieur de nos frontières. Celles-ci étaient ouvertes et fraternelles. La Renaissance italienne a ébloui et illuminé la France pour toujours. Des Anglais, nous avons appris le parlementarisme, et nous nous sommes agenouillés devant Shakespeare. L'Espagne nous a donné Cervantès, Goya, Saint Jacques de Compostelle, dernière étape du plus beau pèlerinage de la chrétienté.

Ni Dostoïevski, ni Tolstoï, ni Goethe, ni Copernic, ni Galilée, ni Kierkegaard, ni Kant, ni Confucius, ni Gandhi, ni Rilke, ni Modigliani, ni Verdi, ni Rembrandt, ni Michel Ange, ni Freud, ni Zweig, ni Spinoza,ni Liszt, n'étaient français. Et pourtant ils sont nôtres, des nôtres.

C'est ce qui nous a modelé. C'est de cela que nous sommes faits. On a connu pire comme glaise nourricière. Aurais-je oublié quelques-uns, quelques pays, quelques continents dans ma liste ? Pour les derviches tourneurs du multiculturalisme, certainement ! Mais comme ils ne savent pas lire, pas écrire, pas entendre, pas voir …