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Paris Habitat: Anne Hidalgo fera-t-elle le ménage?
©Pixabay

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Paris Habitat a tangué ces dernières semaines, après une série de révélations sur les pratiques internes d’une maison déjà épinglée sous Jacques Chirac et Jean Tibéri pour ses dérives étranges.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Paris Habitat a tangué ces dernières semaines, après une série de révélations sur les pratiques internes d’une maison déjà épinglée sous Jacques Chirac et Jean Tibéri pour ses dérives étranges. Cet établissement placé sous la tutelle de la Ville n’a toujours pas décidé de faire le ménage, par exemple sur les flagrantes disparités de traitement qu’il réserve aux associations subventionnées, en attendant d’autres révélations sans doute. Du coup, c’est peut-être Anne Hidalgo qui va ravaler la façade de l’établissement.

Le directeur général est-il vraiment sur le départ?

Les couloirs de la Ville ne bruissent que de cette information: Stéphane Dambrine, l’encombrant directeur général de l’établissement, devrait prochainement être écarté de ses fonctions et Anne Hidalgo aurait d’ores et déjà choisi son successeur. Cette information qui n’est pas surprenante fera sans doute les gorges chaudes du petit monde municipal.

On se souvient en effet qu’une des raisons pour lesquelles l’intéressé n’avait pas été éjecté immédiatement après les révélations sur son salaire hors norme (qu’il jugeait pour sa part très moyen) tenait au parachute doré qu’il prévoyait en cas de licenciement. La maire de Paris a-t-elle considéré que les révélations successives sur l’établissement donnaient un prétexte à un licenciement pour faute déliant la Ville de ses obligations en matière de parachute? ou bien Anne Hidalgo a-t-elle considéré que le contribuable parisien pouvait bien payer pour mettre ailleurs un gêneur dans la perspective des élections?

Il serait intéressant de voir si, au titre de la transparence, la lumière ne pourrait pas être faite sur les conditions de la transaction.

Dambrine étouffe les affaires jusqu’au bout

Dans les casseroles que le directeur général se traîne derrière lui, il y a notamment cette ténébreuse affaire de logistique et d’inventaire imprécis, qui ont valu deux licenciements pour insuffisance professionnelle en interne. L’audit réalisé sur le sujet risque bien de devenir l’Arlésienne de Paris Habitat. Voici ce qui en a été dit lors du dernier Comité d’entreprise ordinaire:

Paris Habitat

Chacun appréciera une fois de plus l’étrange art oratoire du directeur général de Paris Habitat dont les mots trahissent la pensée. Que veut dire en effet l’expression idiomatique: « faits délictueux au sens propre du Code Pénal »? Cette formulation en elle-même en dit long sur les résultats d’un audit qui n’a pas été communiquée au Comité d’Entreprise. Si le directeur général prend soin de préciser que les faits relevés ne sont pas « délictueux au sens propre », c’est bien parce qu’ils sont délictueux « au sens impropre ».

Manifestement, la définition des faits pose problème ou en tout cas a suscité et suscite débat. D’ordinaire, la qualification pénale des faits est le propre du juge, pas des audits internes. Les contribuables parisiens apprécieraient donc que le procureur soit saisi et que Paris Habitat laisse le Parquet faire son oeuvre de qualification des faits.

Le gros bazar de Paris Habitat dans sa flotte de véhicules

Ce signalement au Parquet aurait d’autant plus de sens que le « gros bazar » reconnu par le directeur général touche à des questions dont tous les responsables savent qu’elles donnent toujours de belles surprises lorsqu’on gratte la couche de vernis. Dans le cas de figure de Paris Habitat, le « bazar » touche, de l’aveu du directeur général, la gestion de stocks, l’achat de fournitures et la gestion de la flotte automobile.

On aimerait en savoir un peu plus? Certains salariés de Paris Habitat ont-ils confondu les stocks de l’entreprise avec des stocks privés? ont-ils fait un usage privé des véhicules de l’établissement? Des achats de fournitures ont-ils été détournés de leur objet, ce qu’on appelle couramment du coulage?

Personne n’en sait rien, mais c’est désagréable, quand même, ce sentiment d’une justice d’Ancien Régime où des pairs se jugent entre eux sans intervention de la Justice.

Dambrine continue les demi-aveux

On s’amusera des excès de parole de Dambrine, qui a étrangement répondu de la façon suivante à une remarque faite sur cette logique de l’entre-soi aristocratique.

Paris Habitat

On notera là encore la superbe formulation: « il n’y a pas des centaines de milliers d’euros qui ont été détournées tout de même ». Si aucun argent n’a été détourné, pourquoi ne pas le dire clairement?

Si l’on admet l’hypothèse que la communication sert à préciser ce qui ne va pas de soi, on en déduit que l’affaire évoquée en interne n’a pas concerné (c’est explicite) plusieurs centaines de milliers d’euros, mais une somme inférieure. Si Dambrine éprouve le besoin de préciser que ce ne sont pas « plusieurs centaines de milliers », il laisse ce faisant entendre que « plusieurs milliers d’euros » ont été détournés. Si tel est le cas (ce qu’on ne sait pas, mais un peu de transparence ferait du bien), c’est quand même une jolie somme qui mérite de déférer à la justice.

Une affaire gênante pour Anne Hidalgo

Touts ces histoires sont évidemment très gênantes à l’approche des élections. Rappelons qu’Anne Hidalgo éprouve toutes les peines du monde à être élue députée dans une circonscription traditionnellement à droite. Le bilan de Hollande risque de ne pas l’aider à améliorer son score habituel.

Ce n’est donc pas le moment d’être attaquée sur la gestion interne de la Ville. Pourtant (et ce blog y contribue modestement), la qualité du service public à Paris peine à s’améliorer. De toutes parts, les échecs sont patents. La ville de Paris est aujourd’hui dominée par une technostructure importée de Bercy, qui, avec ses réflexes aristocratiques et son mépris du quotidien, dégrade la proximité du service public.

La campagne 2017 pourrait être agitée à Paris.

Cet article a été initialement publié sur le blog Éric Verhaeghe

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