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Alain Finkielkraut vous pouvez aller sans crainte à la Nuit Debout ! Mais il s'agit de celle de Saint-Denis…
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Pas couchés

Les veilleurs du 93 se sont installés en bas de leurs immeubles. Silence sur eux. Il n'y a pas là-bas de statue de la République pour attirer les caméras.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Saint-Denis ça évoque quoi pour vous ? Trois V : vols, viols, violences. Saint-Denis c'est où ? Loin de tout, loin de nous. Quelle est l'industrie la plus prospère dans cette ville du 93 ? Le trafic de drogue. Bienvenue donc à Shit City !

Et on en arrive, hélas, à oublier que des êtres humains qui ne sont ni des voleurs ni des violeurs ni des dealers y vivent. Des petites gens peu fortunées, dignes de respect. Ils sont les premières victimes de la coulée de boue qui engloutit les cités HLM où ils vivent. Le plus souvent ils baissent la tête sous les regards rigolards et narquois des voyous et rasent timidement les murs pour éviter de se faire exploser.

Parfois la révolte prend le dessus sur la peur. En bas de la cité Paul Eluard, juste devant le hall de l'immeuble, ils ont dressé des tables pour faire leur Nuit Debout contre les trafiquants. Pour montrer à ces derniers qu'ils ne veulent pas que leur territoire soit un territoire occupé. Il y a là-bas des hommes, des femmes, des enfants. Oh ils sont évidemment moins nombreux que les petits bourgeois de la place de la République. Mais ils valent tellement plus qu'eux.

Et voilà comment les choses se passent telles que les raconte le site "Saint-Denis Ma Ville". Sur un petit plateau brinquebalant un thermos de café, des jus de fruits et de petits gâteaux doivent permettre de se réconforter pendant la nuit. "Nous n'avons pas l'intention de céder, ils essayent de nous intimider. Nous résisterons jusqu'au bout" dit une femme. En face de cette assemblée en colère, à 20m à peine, une poignée de jeunes hommes âgés de 20 à 30 ans. Sur le sol devant eux des bris de verre et les traces noires des voitures qui ont brulé dans la nuit de mardi à mercredi.

A l'évidence perturbés par l'initiative des habitants les dealers les invectivent en leur intimant l'ordre de déguerpir. L'un d'eux : "de toute façon on habite pas là alors on s'en fout que ça vous plaise pas." Un autre un peu agité : "parce que vous croyez qu'on a l'intention de vivre à Saint-Denis ? De rester là ?". Il est 23h45 les dealers changent de poste. Et la noria des voitures reprend, les files s'allongent. Le trafic continue.

Et que fait la police ? Elle fait ce qu'elle peut donc pas grand-chose. Elle pourrait peut-être arrêter tous ces dealers parfaitement identifiés, localisés ? Vous n'y pensez pas ! Il y aurait une émeute, une bataille rangée, la guerre civile quasiment… De cela les autorités ne veulent pas. Il est, n'est-ce pas, de loin préférable de vivre couché pour être heureux. Et c'est pour ça, contre ça, que des habitants de la Cité Eluard se sont mis debout.

Pas une caméra pour les filmer, pas un micro pour leur donner la parole. Et pour cause : tous les moyens audiovisuels sont en permanence mobilisés place de la République pour la grande kermesse des imbéciles. C'est là-bas que Finkielkraut qui était allé voir s'est fait lyncher. Le philosophe pourrait paisiblement et sans risque se rendre à la Nuit Debout de la cité Eluard. Car, contrairement aux crétins parisiens, les acteurs de cette manifestation savent par expérience et intuition qui il faut haïr.

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