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D'après François Pérol, l'homme qui avait géré la crise financière de 2008-2009 pour Nicolas Sarkozy, les banques prennent des risques encore beaucoup plus graves aujourd'hui
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Alerte

Il est le premier banquier français à dire que les banques vivent dangereusement.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Comme Wolfgang Schaüble, le ministre allemand de l'Economie qui a fustigé ce week-end la politique des taux d'intérêt négatifs, François Pérol, le patron actuel du groupe "Banques Populaires et Caisse d’Epargne", considère que les banques auront du mal à assumer la mutation technologique dans un contexte où elles n’ont plus de marge.

En 2008, François Pérol était à l’Elysée un homme de l’ombre, et c’est dans l'ombre qu’il a géré avec Xavier Musca la crise financière qui nous est arrivée en direct des Etats-Unis sous le nom de subprime et qui a failli balancer la planète toute entière dans le chaos.

Les opinions publiques ont la mémoire courte mais Nicolas Sarkozy à ce moment là, était président du G20 et de l'Europe ; il a donc convaincu tous les chefs d’états de faire très rapidement un effort colossal pour débloquer le marché interbancaire. Ça n’était pas évident à organiser. 

Les dégâts ont été terribles et beaucoup de pays en paient encore les factures, mais le système mondial n’a pas explosé

La planète toute entière a reconnu que la réaction de Nicolas Sarkozy avait été déterminante.

Sait-on que les hommes qui étaient à la manœuvre auprès de lui, étaient Xavier Musca et François Pérol, en ligne directe avec la direction du Trésor et la Banque centrale européenne. 

François Pérol a depuis rejoint la tête du groupe des Banques Populaires et des Caisses d’Epargne. Il a rarement raconté ce qui s’était passé à ce moment-là dans la coulisse. Il a simplement dit à plusieurs reprises que les manœuvres furent chaudes. Il ne l’a jamais raconté parce que le président de la République ne l’a jamais voulu. Pour lui, c’était trop anxiogène. Le résultat est que l'opinion ne l’a jamais crédité de cette capacité à sortir le système d’un crash-test grandeur nature. 

Lors d'un séminaire en Italie, la semaine dernière, François Pérol s’est laissé aller à quelques confidences et notamment celle-ci : "la situation de 2008 était compliquée et difficile, mais je considère que la conjoncture dans le secteur de la banque aujourd’hui est encore plus compliquée". 

Diagnostic étonnant quand tous les instituts de conjoncture annoncent une amélioration sur le front de l'économie internationale, mais diagnostic parfaitement recevable tant les risques paraissent évidents. 

La situation de tous le secteur mondial est fragile par la conjonction de deux phénomènes qu’on a sans doute sous-estimé. 

Le premier est la nécessité d’assumer les transformations liées au digital et par conséquent la nécessite d’organiser la mutation qui s’impose. La banque est en voie d’ubérisation. La banque doit organiser un rapport direct avec son client. La banque doit prouver qu‘elle est indispensable à son client qui pourrait très bien passer demain directement par son operateur téléphonique ou les concessionnaires auto pour ses crédits … sachant que toutes les opérations peuvent se faire en ligne. 

Le deuxième phénomène c’est que les taux négatifs (qui sont quelque part nécessaires pour supporter les endettements publics liés à la crise précédente), sont en train de laminer les marges bancaires et sans marges, la banque ne peut plus investir et renouveler son organisation.

Dès lors ce phénomène touche directement les banques italiennes, qui sont très malades et qui ont toutes d’immenses chantiers de restructuration à ouvrir, mais au-delà, ce phénomène affectera la totalité du secteur. 

Le secteur n’est pas menacé d'‘une mort subite mais condamne soit à une mort lente soit à une overdose de taux négatifs. 

C’est la première fois qu’un professionnel tire la sonnette d’alarme sur les taux négatifs. Ceci dit, dans tous les secteurs de l'économie on reconnaît à demi-mot qu’on ne sait pas gérer à long terme avec des taux négatifs. 

Curieusement, au même moment, le ministre allemand de l’économie, Wolfgang Schaüble a violemment attaqué la politique des taux négatifs pratiquée par la BCE. 

Il l’a fait au nom des industriels allemands pour lesquels les taux négatifs n'incitent pas à la prise de risque puisque le risque n'est pas rémunéré, mais il l’a fait surtout au nom des petits épargnants allemands. L'ensemble des épargnants allemands ont des comptes d’épargne ou des plans retraite qui ne sont plus rémunérés. Du coup, la révolte gronde en Allemagne, beaucoup plus contre les taux négatifs que contre les migrants de Mme Merkel. 

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