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Le 7 décembre 2013, une jeune fille se fait voler son portable en bas d'un HLM de la cité Rougemont à Sevran.
Le 7 décembre 2013, une jeune fille se fait voler son portable en bas d'un HLM de la cité Rougemont à Sevran.
©Reuters

Chronique d'un viol ordinaire

Ils étaient onze. Elle était seule. Ça s'est passé à Sevran. C'est-à-dire en France…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Comme les faits ont été jugés à huit clos par la cour d'assise des mineurs de Seine-Saint-Denis les noms des agresseurs n'ont pas – conformément à la loi – été communiqués. Pas plus que celui de la victime, également mineure. Tout ce qu'on sait c'est qu'elle avait 16 ans quand elle a été violée. Et ça s'est déroulé le 7 décembre 2013.

Ce jour-là, la jeune fille se fait voler son portable en bas d'un HLM de la cité Rougemont à Sevran. Trois "jeunes " qu'elle connaît se proposent de l'aider à le récupérer. Elle les suit dans un appartement squatté. Là elle est violée par les trois. Puis de portable en portable, comme l'écrit Le Figaro, "dans la cité l'information disant qu'il y avait une fille qui "tournait" s'est répandue très vite".

Elle est traînée vers une cage d'escalier où une dizaine de "jeunes" attendent leur tour pour la forcer à une fellation ou un rapport sexuel. Ils agissent à visage découvert. Elle en connaît certains. Le lendemain elle porte plainte. Pas une plainte contre X : il s'agit de ses voisins d'immeuble. 

Le tribunal a condamné les onze à des peines allant de quatre à six ans d'emprisonnement. Deux "jeunes" poursuivis pour complicité de viol ont été acquittés.  Un quatorzième jugé à leurs côtés pour avoir menacé la jeune fille de lui "crever les yeux" si elle ne retirait pas sa plainte a été condamné à trois mois avec sursis. Deux des violeurs, âgés de moins de seize ans, avaient, eux, été jugés par le tribunal pour enfant de Bobigny : six ans de prison (dont deux et quatre avec sursis).

Voilà. On a lu ça dans Le Figaro. Mais pourquoi en parler ? Pour stigmatiser la cité Rougemont de Sevran ? N'y a-t-il pas en France chaque année des milliers d'autres viols ? Certes. Mais "normalement", si l'on peut dire, les violeurs se cachent, se dissimulent pour ne pas être pris.  "Normalement", ils ne rameutent pas leurs copains pour qu'ils en profitent à leur tour. "Normalement", ils n'agressent pas une de leur voisine qui les connaît et qu'ils connaissent.

Cette "normalité-là" n'a pas cours à la cité Rougemont ... Là-bas, c'est la banalité du mal qui dicte sa loi. Quel mal y a-t-il, selon les codes des jeunes mâles locaux, à violer en bande une jeune fille de 16 ans ? Les condamnés appartiennent à un autre monde que ceux qui les ont condamnés. Ils ne comprennent certainement pas pourquoi ils vont en prison à cause d'une "salope". Leur horizon mental ne va pas au-delà de la cage d'escalier... Mais ils pourront l'élargir un jour en gagnant – après leur libération anticipée pour bonne conduite – l'Irak et la Syrie. Les chefs de Daech leurs fourniront sur place toutes les esclaves sexuelles dont ils pourraient avoir besoin.

Il y a à Sevran une femme du nom de Nadia Remadna. Elle est de la même origine que les violeurs et a fondé la Brigade des Mères. Pour combattre la violence, la haine, l'islamisation, qui ont fait main basse sur certains quartiers. Elle est en permanence insultée, menacée. Et on lui a fait savoir que si elle continuait ses filles seraient violées. Comme quoi le naturel revient toujours au galop…

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