Alors que des bâtiments brûlaient au Caire, dans les premiers jours d'émeutes en janvier 2011, Suzanne Moubarak parlait au téléphone avec son amie Farkhonda Hassan, responsable du National Council for Women, une des organisations charitables de Suzanne qui lui disait que tout était "très, très calme". La révolution a pris par surprise l'épouse de Moubarak.
Alors que son mari joue sa vie face à la justice, et que ses deux fils sont en prison, Suzanne, après avoir été brièvement détenue et interrogée pour enrichissement illégal a été libérée, au grand dam de ceux qui l'accusent d'être aussi coupable que son mari, comme le note le Wall street Journal du 18 mai 2011. On lui a seulement confisqué 3,4 millions $ et une villa du Caire alors que le patrimoine des Moubarak se compterait en milliards. "Elle n'a rien d'une défenseur des droits de l'homme ou d'une féministe. Elle toujours agi pour se faire valoir" dit Amal Abdel Hady de la New Woman Foundation.
L'exemple d'Ibrahim, qui fut professeur de Suzanne montre l'évolution du régime. En 2000, dans un débat télévisé, Ibrahim estime que l'un des deux fils Moubarak pourrait succéder à son père. Le lendemain un journal qui titrait sur son propos est sasi, et Ibrahim est arrêté. Il sera torturé et passera trois ans en prison.
Etrangement Suzanne n'est ni inculpée, ni en procès, elle habite une villa en dehors du Caire, et touche la pension de son mari (15 000 dollars/mois alors que l'employé moyen égyptien touche 100 $/mois). Et signale le Los Angeles Times, elle prépare un livre "Read Me a Book: The Story of Egypt's First Lady and Her Grandson" sur son petit-fils Mohammed Moubarak, mort à l'âge de 12 ans le 18 mai 2009, après avoir été transporté à Paris pour y être soigné.
Leïla Ben Ali, piller et amasser
Le parcours de Leïla Ben Ali épouse du président tunisien depuis 1982, est différent. Contrairement à Suzanne Moubarak, elle n'a pas fait d'études. Pendant dix-huit ans, Leïla Ben Ali a pillé et amassé. Elle a instrumentalisé le pays à son service, et les Tunisiens ont fini par la détester peut-être plus encore que son mari souligne l'hebdomdaire Les Inrocks en donnant la paole à Nicolas Beau, auteur du livre La Régente de Carthage.
"C'est elle qui a organisé la fuite de la famille. Quelques jours avant le départ de son mari, elle a pris la direction de Dubaï, où elle dispose d'appuis de longue date. C'est là qu'elle a placé une grande partie de la fortune familiale. Il y a de l'argent en Argentine, c'est avéré, mais la plus grosse partie est bel et bien à Dubaï. De bonnes sources, cette fortune est estimée à 400 millions de dollars", explique Nicolas Beau.
Il ajoute : "Leïla Ben Ali a grandi dans une famille de onze enfants d'un quartier pauvre de Tunis, elle a été coiffeuse, puis secrétaire, elle n'a pas fait d'études (son seul diplôme régulièrement obtenu est un CAP de coiffure). Elle a tout fait pour prendre sa revanche sur cette bourgeoisie".
L'entassement jusqu'à l'absurde semblait être la règle chez madame Ben Ali si l'on en croit un rapport diffusé en novembre 2011: "Un millier de paires de chaussures de luxe, 1 500 pièces de bijoux mais aussi des stocks d'équipements sanitaires ont été retrouvés dans les caves du palais du président déchu Zine Al Abidine Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi", tandis que Le Figaro évoquait le patrimoine immobilier du clan Ben Ali en France.
Le discours officiel donnait une autre vision, un peu plus éloignée de la réalité : "attachée à sa culture authentiquement tunisienne d'entraide et de partage, Mme Leila Ben Ali, épouse du président Zine El Abidine Ben Ali et présidente de l'Organisation de la Femme Arabe, a inscrit dans toutes ses actions caritatives les valeurs d'humanisme, de solidarité et de soutien aux catégories vulnérables."
En Egypte, comme en Tunisie, les femmes de président semblent avoir été pires que leurs maris vieillissants, qui les ont laissées faire à tort et à travers.
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