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L’immigration a bien un impact sur le chômage au Royaume-Uni
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Pour la première fois, une étude établit une corrélation directe entre immigration et chômage : dans les cinq dernières années, 160 000 Britanniques n'auraient pas trouvé d'emploi à cause de la concurrence générée par l'immigration.

Un Britannique s’installe dans le chômage de plus ou moins longue durée à chaque fois que quatre personnes venues d'ailleurs que de l'Union européenne immigrent dans le pays. En tout, pendant les cinq dernières années, ce sont donc 160 000 Britanniques qui n'auraient pas trouvé d'emploi à cause de la concurrence générée par l'immigration, affirme le Migration Advisory Committee (MAC), organisme para-public chargé de conseiller le gouvernement britannique sur les questions d’immigration. C’est la première fois dans le pays qu'une étude établit une corrélation positive entre immigration et chômage.


Certains secteurs sont plus concernés que d'autres, note l'étude, notamment l'informatique, la vente et l'hôtellerie, dans lesquels de nombreux étudiants étrangers sont employés. Les immigrants sont également très nombreux à travailler dans le secteur de la santé, mais ils ne représentent là pas une réelle concurrence pour les Britanniques, qui sont peu nombreux à faire ce choix de carrière.


Le MAC a également étudié l'effet de l'immigration sur l'évolution des salaires dans le pays, sans trouver toutefois de corrélation évidente. En effet, sur les cinq dernières années, les salaires des professions peu qualifiées ont baissé, alors que ceux des professions très qualifiées grimpaient.


Un bémol tout de même, apporté par le MAC lui-même : "Il n'y pas de lien direct de cause à effet entre immigration et chômage. Plusieurs facteurs s'associent pour aboutir à ce résultat". La crise économique influe manifestement sur le rapport entre immigration et chômage, vu qu'il y a cinq ans une telle corrélation n'existait pas. "Nous avons établi qu'une partie des travailleurs britanniques se retrouvent au chômage des suites de l'immigration, mais ces chiffres ne sont pas énormes. Ça n'arriverait pas dans une période économique faste", note le professeur Metcalf, qui dirige le MAC.


L'immigration intra-Union européenne par contre ne semble pas poser les mêmes problèmes, note le MAC, qui ne s'est pas penché directement sur la question mais cite plusieurs études récentes. Une prise de position qui vient contredire une autre étude publiée la veille par Migration Watch, une association militant pour plus de contrôle des migrations, et qui affirmait que la montée du chômage  des jeunes s'expliquait par l'afflux de migrants venus des pays de l'Est, après l'élargissement de l'Union européenne en 2004.


Hasard du calendrier, en même temps, une troisième étude est parue, qui n'établit aucun lien entre immigration et chômage. Les économistes indépendants du National Institute of Economic and Social Research, affirment que l'immigration n'a qu'un effet résiduel sur l'emploi des nationaux britanniques, uniquement concernant quelques emplois très peu qualifiés. Ils vont même plus loin, affirmant que l'immigration aurait plutôt tendance à créer de l'emploi, en créant de la croissance et de nouvelles entreprises.


Pour le Guardian,  quotidien plutôt marqué à gauche et qui ne croit pas que l'immigration prive réellement les Britanniques d'emploi, les conclusions inédites de l'étude du MAC s'expliquent par une méthodologie particulière. Le quotidien fait ainsi remarquer que l'étude de l'organisme para-public n'est pas globale, mais au contraire basée sur des catégories de population très partielles : ce qui est analysé, c'est uniquement de l'immigration hors-Union européenne sur l'emploi des travailleurs nés en Grande-Bretagne. Or, l'immigration intra-européenne constitue la plus grande partie de l'immigration en Grande-Bretagne. De la même manière, les Britanniques nés hors du Royaume-Uni et les étrangers naturalisés constituent un part importante de la population active, exclue de l'étude en question.

Le Guardian, qui s'inquiète de la récupération politique de ces chiffres, relativise également leur ampleur : "Il s’agit seulement de 160 000 emplois sur cinq ans, soit 32 000 emplois par an en temps de crise. Comparé aux chiffres du chômage en Grande-Bretagne, qui touche 2,64 millions de personnes, il devient évident que l'immigration n'en est pas la cause principale".


Quoi qu'il en soit, le gouvernement conservateur s'en est d'ores et déjà emparé pour justifier la politique d'immigration choisie qu'il entend mettre en place. "Nous allons maintenant nous pencher plus en détails sur ce rapport et travailler à reprendre le contrôle de l'immigration dans le pays", a promis le ministre de l'immigration Damian Green.

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