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La dernière volonté de Jacques Chirac pour 2017 ? Coller des enveloppes… mais pas n’importe lesquelles
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Bonnes feuilles

Une chronique dans les coulisses de la vie politique française à travers les propos tenus hors caméra par les politiciens, des attentats de janvier 2015 au retour en politique de Niacols Sarkozy en passant par la rupture Hollande-Trierweiler. Extrait de "Le bal des dézingueurs" de Laurent Bazin et Alba Ventura, aux éditions Flammarion. 1/2

Laurent Bazin

Laurent Bazin

Laurent Bazin est un journaliste français, animateur de radio et de télévision. Il a notamment animé RTL Matin, la matinale de la station de radio RTL, de septembre 2012 à juin 2014, et a présenté occasionnellement l'émission C dans l'air sur France 5 entre 2011 et 2014. Depuis juillet 2014, il présente Docu-Débat sur Public Sénat. Il est l'auteur de "Tous paranos ? : Pourquoi nous aimons tant les complots..." aux éditions de l’Aube, coll. « Monde en cours », 2012. Il vient d'écrire "Le bal des dézingueurs" avec sa compagne, la journaliste de RTL Alba Ventura (Flammarion).

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Sarkozy renoncer ? Jacques Chirac n’y a jamais cru. Jusqu’au dernier moment de lucidité, l’ancien Président aura gardé un chien de sa chienne à son ancien ministre. Au printemps 2015, le bruit court ainsi qu’il se serait prononcé pour Alain Juppé dans la perspective de la future primaire de la droite et du centre. Il l’aurait confié à l’un de ses proches venu prendre de ses nouvelles.

"Je suis prêt à aller coller des enveloppes, s’il le faut".

Comme il se doit, le visiteur politique a aussitôt répété cette confidence en or massif à des journalistes avec lesquels il déjeunait. Rien ne se perd. L’information est d’autant plus croustillante que depuis la fin 2014, les nouvelles du président préféré des Français se font rares. Il a pratiquement disparu des écrans radars. Il ne participe même plus à la remise des prix de sa fondation. En décembre 2015, il est à nouveau hospitalisé. On le dit en fauteuil. Très affaibli. Certains affirment qu’il est dans le coma. Ses proches démentent mais même l’Élysée s’en inquiète. La santé de l’ancien Président est l’une des préoccupations de son successeur ; les deux hommes, anciens rivaux en Corrèze, sont liés par une étrange complicité politique. Difficile, au milieu des bruits qui courent Paris, de démêler le vrai du faux. Depuis près de deux ans, l’ancien chef de l’État a en réalité été placé au secret par les vestales de la chiraquie. Son épouse Bernadette et sa fille Claude veillent jalousement sur son image et son héritage politique. Pour avoir des informations fiables, là encore, il faut connaître les bonnes adresses. Si l’on veut éviter la langue de teck des communiqués officiels et de ses anciens collaborateurs, l’une des tables les plus courues est alors celle de Jean-Louis Debré.

L’ancien ministre de l’Intérieur est plus qu’un proche. C’est un complice. Longtemps, au grand désespoir de Bernadette Chirac, l’ancien président du Conseil constitutionnel a été le compagnon de virée de son mari lors de ces échappées gastronomiques qu’elle désapprouvait formellement. Ce jour-là, pourtant, le cœur n’y est pas. Attablé devant un très sage roulé de veau aux champignons, Jean-Louis Debré semble lui aussi bien assagi. La chiraquie a perdu de ses couleurs. "Chirac, c’est pas la grande forme, confie-t-il avec tristesse. Il ne sort plus beaucoup… Nos dernières virées, c’était il y a plus d’un an…"

Lorsque les deux visiteurs du jour prennent place à table, l’ancien président n’a pas encore été hospitalisé, mais son état se dégrade. Jean-Louis Debré, pourtant, passe encore de temps en temps voir son mentor. Il a rendez-vous avec lui l’après-midi même. C’est une exigence du vieil homme. Quelques mois plus tôt Jacques Chirac a même menacé d’annuler son anniversaire si « Jean-Louis » ne soufflait pas les bougies à sa table. Bernadette s’était bien gardée de le coucher sur la liste des invités. Elle a dû céder. L’ancien pré- sident sait encore se montrer têtu. Sur les détails privés de leurs rendez-vous, l’ancien ministre garde jalousement le secret. Il se contente de généralités. Dès qu’il est question de politique, en revanche, cet anti-sarkozyste virulent ne se fait guère prier. Il se vit comme l’un des futurs exécuteurs testamentaires du président Chirac. Exécuteur tout court. Ce jour-là, il confirme à ses visiteurs l’ultime coup de poignard politique de Jacques Chirac. C’est avec un plaisir non dissimulé qu’il fait le compte-rendu de leur conversation.

« Vous l’avez dit, que vous colleriez ses enveloppes, à Juppé ? a-t-il demandé à son ancien mentor.

— Évidemment.

— Vous soutenez Juppé, donc.

— Qui d’autre ? »

La politique est un virus qui ne lâche rien. Même épuisé, entre deux éclipses de mémoire, Jacques Chirac a continué à poursuivre Nicolas Sarkozy d’une haine tenace. Jean-Louis Debré boit du petit-lait. Il précise aussitôt, faussement scrupuleux : "Ne croyez pas tout ce qu’on raconte… Contrairement à ce que l’on dit, il n’a jamais appelé Sarkozy le “nabot”. Non… Il l’appelle le “petit”. Pour lui, c’est simple, ce sera tout sauf Sarkozy… Jusqu’au bout !"

Et comme toujours, l’ancien président du Conseil constitutionnel se fait un plaisir d’être son porte-voix.

Extrait de "Le bal des dézingueurs" de Laurent Bazin et Alba Ventura, publié aux éditions Flammarion, 2016. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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