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TVA sociale : la crise accentue
le rejet, 68% des Français
y sont opposés
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Sondage Atlantico/Ifop

Sondage exclusif ATLANTICO/IFOP : le rejet de la TVA sociale ne cesse de s'affirmer depuis quelques mois. Si les sympathisants UMP y sont largement favorables, ceux de gauche la rejettent massivement.

Alors que le thème de la TVA sociale s’invite dans la campagne électorale, l’opinion publiquereste très opposée à une hausse de cet impôt indirect en contrepartie d’une baisse des charges pesant sur le travail. Seuls 32% des Français y seraient favorables (deux uniques catégories socio-démographiques y sont majoritairement favorables : les indépendants/employeurs à 56%, et les 65 ans et plus à 52%) . Ce niveau est identique à celui qu’avait mesuré l’Ifop quelques semaines avant la dernière élection présidentielle en mars 2007 (33% à l’époque).

Sur la dernière période, si le recul n’est que de 4 points par rapport au mois d’octobre, on constate que la montée en puissance du débat sur cette question au cours des derniers jours a fortement polarisé l’opinion selon une logique partisane. En à peine plus de deux mois, le rejet passe ainsi de 69% à 83% (+ 14 points) à gauche, quand le soutien à cette mesure gagne 18 points (69%) parmi les sympathisants UMP.

Atlantico : Comment analysez-vous l’évolution de la perception des Français sur la TVA sociale ?

Jérôme Fourquet (Directeur adjoint du département opinion publique de l'IFOP) : Il faut en général s’y reprendre à plusieurs fois pour faire adopter une telle mesure, il faut faire acte de pédagogie.

L’exemple typique reste celui des retraites : le sujet est revenu de manière récurrente, la majorité a réussi à installer dans l’opinion l’idée qu’une réforme était nécessaire car le système ne pouvait plus fonctionner. Ainsi, à partir de 2003, tout le monde a convenu de la nécessité de changer le système en place, et la question a été portée autour de la réforme à réaliser.

La TVA sociale pourrait constituer un exemple similaire, sachant qu’il existe un niveau de complexité supplémentaire : il s’agit d’un mécanisme subtil qui n’a jamais été réalisé en France jusqu’à présent.

L’idée de TVA sociale avait commencé à être défrichée en 2007 : l’UMP l’avait expliquée, avec succès puisqu’entre mars et juillet 2007, la part des Français qui y étaient favorables étaient passée de 33 à 47%. Mais l’échec aux législatives cette année là a conduit la droite à mettre de côté cette idée. Cinq ans plus tard, elle revient au cœur de la campagne. C’est un retour à la case départ : les 32% des Français qui y sont favorables aujourd’hui font écho aux 33% de mars 2007. Or, entre temps, la crise est survenue, entraînant avec elle le débat sur la perte de compétitivité de la France, la question des déficits commerciaux, et l’idée qu’il faut s’inspirer du modèle allemand. On aurait pu penser que ce contexte ait un impact sur l’opinion des Français sur cette question, mais il n’en est rien.

La crise n’est-elle pas au contraire responsable de ce rapport critique des Français vis-à-vis de la TVA sociale ?

Sans doute, en partie. Les Français ressentent qu’ils ont déjà dû faire des sacrifices (citons les retraites, l’augmentation de la taxe sur les sodas, etc.), et qu’ils ne souhaitent plus en faire, notamment sur cette question, qui touche à la consommation et au pouvoir d’achat. 

Question : Dans le but de favoriser l’emploi et de limiter les délocalisations, certaines personnalités proposent de mettre en place une TVA sociale, qui consisterait à ce que l’État baisse les charges sur les salaires pesant sur les entreprises, et ceci en contrepartie d’une augmentation de la TVA sur l’ensemble de la consommation des ménages français. Personnellement accepteriez-vous ce principe ?

(Cliquez sur le tableau pour l'agrandir)

(1) Etude Ifop pour L’Usine Nouvelle réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 18 au 20 octobre 2011 auprès d’un échantillon de 1028 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Comment expliquer le clivage partisan fort sur l’opinion des Français vis-à-vis de la TVA sociale ?

On constate qu’en quelques mois, d’octobre 2011 à janvier 2012, la polarisation s’effectue très rapidement : moins 14 points d’adhésion à gauche, plus 18 points à droite. Les sympathisants hésitaient en octobre. Une fois que la TVA sociale est devenue un thème de campagne, elle a été très marquée politiquement.

Précisons que sur cette question les sympathisants FN se sont distingués de ceux de l'UMP : sur toutes les questions économiques et sociales, l’électorat du FN se situe en effet entre la gauche et la droite.

Question : Dans le but de favoriser l’emploi et de limiter les délocalisations, certaines personnalités proposent de mettre en place une TVA sociale, qui consisterait à ce que l’État baisse les charges sur les salaires pesant sur les entreprises, et ceci en contrepartie d’une augmentation de la TVA sur l’ensemble de la consommation des ménages français. Personnellement accepteriez-vous ce principe ?

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Ce sont les personnes les plus touchées en termes de pouvoir d’achat qui sont les plus critiques ?

Pas forcément. Les ouvriers (29%) et les cadres (30%) ont par exemple le même point de vue sur la question. En vérité, seules deux catégories se distinguent : les retraités (qui sont moins concernés de fait par le marché du travail et se situent plutôt à droite) et les employeurs et les indépendants. Touts les autres catégories de la population sont opposées à la TVA sociale. 

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Méthodologie

Ce document présente les résultats d’une étude réalisée par l’Ifop. Elle respecte fidèlement les principes scientifiques et déontologiques de l’enquête par sondage. Les enseignements qu’elle indique reflètent un état de l’opinion à l’instant de sa réalisation, et non pas une prédiction.

Aucune publication totale ou partielle ne peut être faite sans l’accord exprès de l’Ifop.

Étude réalisée par l'Ifop pour Atlantico

Échantillon de 982 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de l’interviewé(e)) après stratification par région et catégorie d’agglomération.

Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI - Computer Assisted Web Interviewing), du 4 au 6 janvier 2012.

Précision relative aux marges d'erreur

La théorie statistique permet de mesurer l’incertitude à attacher à chaque résultat d’une enquête. Cette incertitude s’exprime par un intervalle de confiance situé de part et d’autre de la valeur observée, et dans lequel la vraie valeur a une probabilité déterminée de se trouver. Cette incertitude, communément appelée « marge d’erreur », varie en fonction de la taille de l’échantillon et du pourcentage observé comme le montre le tableau ci-dessous :

(Cliquez sur le tableau pour l'agrandir)

Exemple de lecture du tableau : dans le cas d’un échantillon de 1 000 personnes, si le pourcentage mesuré est de 10%, la marge d’erreur est égale à 1,8%. Le vrai pourcentage est donc compris entre 8,2% et 11,8%.

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