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Concours de libéralisme à la primaire de droite : attention, mot piégé !
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Avertissement

On n’entend plus que ça. Pour en dire du bien ou du mal. Trop c’est trop.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Il était en colère Henri Guaino au micro de France Info. "Marre d’entendre parler sans arrêt du libéralisme". Sur ce point, et sans aucunement partager ses nostalgies gaulliennes, on ne peut que lui donner raison. Le libéralisme ? Une machine monstrueuse conçue pour permettre au loup capitaliste de dévorer les agneaux du prolétariat, crient les syndicats et la gauche de la gauche. Le libéralisme ? Une panacée qui permet de remettre sur pied une économie délabrée par la crise, dit le MEDEF et la droite où ils sont de plus en plus nombreux à se dire "libéraux".

Bof ! Combien peut-on manger de tartes à la crème sans en avoir une indigestion ? La flexibilité de l’emploi, la dégressivité des allocations chômages, la baisse des retraites, la fin des régimes spéciaux… C’est ça qu’on veut ? C’est ça qu’on entend combattre ? Tel qu’il est présenté, ou caricaturé, le libéralisme ne serait pas autre chose qu’une technique d’ajustement économique.

Comment peut-on réduire le débat nécessaire sur la crise de la France (crise morale, crise idéologique, crise identitaire) à une histoire de cotisations ou de points d’indice ? Ceux qui se réclament, un peu trop bruyamment, du libéralisme sont tombés dans le piège tendu par leurs adversaires. Ils oublient que le mot "libéralisme", dans la période récente, a été remis au goût du jour par la gauche extrême ou paléolithique.

Contre Margaret Thatcher, affreuse "libérale", qui brutalement, mais à juste titre, cassa la grève des mineurs anglais pour fermer enfin les charbonnages britanniques, un gouffre financier. Contre Ronald Reagan autre abominable "libéral" qui dérégula à tout va pour laisser toute liberté à la main invisible du marché. Contre le social-démocrate Gerhard Schröder qui réforma l’Allemagne et aujourd’hui elle s’en porte bien. Contre le "social-traître" Tony Blair. Et maintenant chez nous contre le "social-libéral" Manuel Valls.

Les libéraux français, c’est-à-dire pour l’essentiel la droite et le centre, feraient bien de réfléchir avant de se vautrer dans les chiffres et les statistiques. Ça c’est le travail du MEDEF et il n’a sans doute pas tort de le faire. La réforme du code du travail est une affaire d’experts, d’économistes et de techniciens. Elle ne vaut pas un grand débat national voulu d’ailleurs par la gauche de la gauche. Le salut est à chercher dans les livres.

Ceux écrits par deux vraies icônes du libéralisme, les penseurs (pas des économistes !) Alexis de Tocqueville et Raymond Aron. Il y a chez Tocqueville dans sa De la démocratie en Amériqueune analyse fascinante des ressorts des sociétés modernes, une réflexion profonde sur la liberté et les passions des hommes. Et chez Aron une éblouissante interrogation sur le monde et sur l’Histoire. C’est de lui qu’est cette phrase superbe : "le problème de Valéry Giscard d’Estaing c’est qu’il ne sait pas que l’Histoire est tragique". Une autre citation pour conclure. Elle est de De Gaulle (non, je ne cherche pas à faire plaisir à Henri Guaino) : "la politique de la France ne se fait pas à la corbeille*".

*La corbeille était l’endroit où se rassemblaient à la Bourse les agents de change.

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