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La technique éculée d’Hervé Le Bras pour décrédibiliser ses homologues démographes : les accuser de racisme
©REUTERS/Gonzalo Fuentes

Bonnes feuilles

Extrait de "Statistiques ethniques, une querelle bien française", de Michèle Tribalat, éditions de l'Artilleur 1/2

Michèle Tribalat

Michèle Tribalat

Michèle Tribalat est démographe, spécialisée dans le domaine de l'immigration. Elle a notamment écrit Assimilation : la fin du modèle français aux éditions du Toucan (2013). Son dernier ouvrage Immigration, idéologie et souci de la vérité vient d'être publié (éditions de l'Artilleur). Son site : www.micheletribalat.fr

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Dans Le Démon des origines, Hervé Le Bras m’ajoutait à la longue liste des relais de la pensée frontiste, qu’il compile depuis qu’il a perdu la rédaction en chef de Population, et passait beaucoup de temps à me démolir. La thèse de son livre était la suivante : « la démographie est en passe de devenir en France un moyen d’expression du racisme » (p. 7). Je serais moi-même l’un des passeurs les plus actifs des thèses du Front national. Il s’agissait de démontrer la relation entre l’extrême droite et l’Ined, laquelle ne pouvait être établie que très indirectement (c’est bien pratique) compte-tenu, disait-il, du discrédit qui frappe le racisme en France. Le racisme, ne peut donc répandre ses valeurs d’exclusion que par des courants détournés.

Hervé Le Bras ne résistait pas à la métaphore animalière : « Tel un bernard-l’ermite, le racisme se loge dans une nouvelle coquille à sa taille. La démographie correspondait à cette demande… » (p. 11). Il poursuivait la métaphore p. 171 : « les plus dangereux éléments de l’extrême droite ne sont donc pas ses noyaux durs, mais les pseudopodes qu’elle émet dans des directions éloignées et variées qui permettent aux venins idéologiques du Front national de se répandre dans une large partie de la société ». D’après lui, l’Ined constituait la coquille idéale au bernard-l’hermite de l’extrême droite puisque l’Ined était le rejeton de la Fondation Alexis Carrel dont il aurait été fait l’éloge dans un ouvrage signé par Alain Drouard. Tout est possible à partir du moment où ces relais de la pensée frontiste peuvent l’être à « l’insu de leur plein gré ». Ainsi, lorsqu’il décrit la « géographie des abords de l’extrême droite », il distingue les opportunistes des autres qui

« se trouvent sous l’emprise d’une sorte de fanatisme démographique, telle M. Tribalat la prophète de l’assimilation et de la population ‘de souche’. Ce dernier groupe est de loin le plus dangereux [j’étais l’ennemi principal du moment], car il agit masqué, peut-être à l’insu de ses membres qui sont persuadés soit de leur mission, soit que la poursuite de leur intérêt personnel par tous les moyens n’a pas de conséquence politique » (p. 170-171).

On se demande quel intérêt personnel peut bien satisfaire des écrits qui vous désignent comme proches du Front national !

Hervé Le Bras cherche à faire passer ses propres ennemis pour les ennemis du genre humain. Tous les moyens sont bons et doivent contribuer à établir qu’il existe des liens entre le Front national, ou plus généralement l’extrême droite, qui sert d’épouvantail et ces ennemis à abattre. Toute circonstance commune sera interprétée en termes de collusion car l’extrême droite est une maladie extrêmement contagieuse qu’il est possible d’attraper sans même s’en rendre compte. Il suffit qu’un ami d’ami d’un épouvantail ait écrit dans la même revue que l’ennemi pour que ce dernier et la revue en soient irrémédiablement infectés ; tout épouvantail citant un ennemi avoue la complicité qui les lie. Une fois identifiés tous ceux qu’il est nécessaire d’avoir dans sa construction (ennemis, épouvantails, amis d’amis d’ennemis, amis d’amis d’épouvantails), il faut rendre ce système plausible. Comme la cohérence d’ensemble ne tient qu’à la fantaisie d’Hervé Le Bras, les outils principaux sont la distorsion, l’amalgame et une grande liberté prise avec la vérité. Évidemment, ce dispositif ne tient que par des ficelles que des médias un peu curieux et vraiment intéressés par autre chose que le chiffon rouge agité devant leurs yeux et l’odeur du sang auraient pu aisément démonter. Aucun journaliste n’a fait l’effort de me lire pour vérifier si ses allégations étaient tout simplement vraies. Comme la presse est une grande lessiveuse, elle n’a pas non plus rapproché cette analyse diabolisante des papiers plutôt élogieux qu’elle avait pu écrire elle-même lors de la sortie des études prises à partie.

Alors, Le Monde allait même jusqu’à employer l’expression « Français de souche » sans les guillemets. Tout cela était oublié depuis longtemps.

Extrait de "Statistiques ethniques, une querelle bien française", de Michèle Tribalat, publié aux éditions de l'Artilleur, 2016.  Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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