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Malaise sur le plateau du "Supplément" : l’intolérable réserve de Najat Vallaud-Belkacem face à un représentant associatif musulman rechignant à condamner l’Etat islamique
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Indignation à géométrie variable

Sur le plateau de l'émission de Canal+, Idriss Sihamedi, président de l'ONG humanitaire Barakacity, qui exerce notamment en Syrie, a refusé de condamner l'Etat islamique pour ses actes, sans essuyer la moindre critique de la part de la ministre, inhabituellement effacée.

Xavier Saincol

Xavier Saincol

 Xavier Saincol est haut fonctionnaire. Il s'exprime ici sous pseudonyme.

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Atlantico : Le 24 janvier, Najat Vallaud-Belkacem était invitée sur le plateau du Supplément de Canal+, en compagnie d'Idriss Sihamedi, président de l'ONG Barakacity. Ce dernier n'a pas souhaité condamner l'Etat Islamique, sans essuyer de véritable réaction de la part de la ministre. Jusqu'où peut-on tolérer ces deux attitudes ? Le communautarisme et le silence ?

Xavier Saincol : Ce qui est terrible, c'est de voir à quel point on oublie que la France est en état de guerre. Parfois, il semble que l'on oublie que 130 Français ont été massacrés dans les attentats de Paris le 13 novembre dernier, ainsi que les victimes des attentats des 7 et 9 janvier 2015. Cette capacité d'oubli donne le vertige. Aujourd'hui même, un rapport d'EUROPOL révèle que des attentats massifs sont possibles en Europe et plus particulièrement en France. Le plus inacceptable n'est pas le communautarisme en soi mais le refus de dénoncer clairement les atrocités de Daesh par le président de l'ONG. Quant à la ministre, elle a donné un signe de faiblesse inouïe devant les caméras de télévision. En tant que membre du gouvernement, son rôle était d'être solidaire d'un gouvernement qui mène la guerre à Daesh et donc de condamner en direct ces propos sans aucune ambiguïté. 

En réaction à la polémique, Najat Vallaud-Belkacem publie un billet sur facebook, dans lequel elle estime avoir montré son profond désaccord avec Idriss Sihamedi. Qu'en est-il dans les faits ?

Bien sûr, elle était très ennuyée par la tournure de l'entretien, mais son billet n'a aucune valeur, le mal est fait devant des millions de téléspectateurs. Elle a donné une image d'indécision et de tergiversation face à l'inadmissible. En période de guerre, alors que le sang de plus d'une centaine de civiles a coulé, que des militaires français sont engagés sur plusieurs théâtres d'opération, en Afrique et au Moyen-Orient, le sentiment que l'un des membres du gouvernement est fragile face à ces sujets est inquiétant. En outre, Mme Vallaud-Belkacem est ministre de l'Education nationale, un poste stratégique puisqu'il est en lien avec l'avenir des jeunes. 

A plus d'une reprise, la ministre s'est faite plus prompte à défendre les valeurs "progressistes", prenant régulièrement position sur les discriminations, les droits des femmes, etc… Que dire de cette indignation à géométrie variable ? Comment l'expliquer ?

Les ambiguïtés de Mme Vallaud-Belkacem reflètent celles du pouvoir socialistes. Les ONG, le monde associatif représentant de la "diversité" est sa clientèle électorale. Souvenons-nous du célèbre rapport de Terra Nova, le think tank du parti socialiste, en 2012. Il invitait le parti socialiste à s'appuyer sur une "France nouvelle", celle des quartiers, des minorités, des personnes issues de l'immigration, qui vote à 80% à gauche. Quand certains représentants de cette "France nouvelle" prennent le parti des ennemis de la France et des massacreurs de ses enfants, le pouvoir socialiste se trouve totalement déstabilisé et hésite entre ses intérêts électoralistes et le destin national. Toute la tragédie du parti socialiste est là, dans ce malaise, cette ambiguïté, dans cette hypocrisie illustrée par Mme Vallaud-Belkacem sur Canal +... 

D'habitude beaucoup plus vindicative, Najat Vallaud-Belkacem s'est, cette fois, illustrée par sa volonté de ne pas réagir. Déclarant que l'association "porte une façon de voir les choses à laquelle elle ne souscrit pas", Najat Vallaud-Belkacem ne remet-elle pas en cause tout son combat ? Quels sont les risques à s'effacer de la sorte, chercher le compromis ?

Oui, c'est sidérant. Madame Vallaud-Belkacem, si hargneuse, si sectaire, si mauvaise face à la droite dite "réactionnaire", se montre penaude, intimidée, presque petite fille, face à un personnage qui manifeste des signes de complaisance envers les bourreaux de jeunes Français. Mais ce n'est pas fini. Le silence du gouvernement, du chef de l'Etat, du Premier ministre face à cette honteuse prestation soulignent l'embarras de l'ensemble du pouvoir socialiste. Bien sûr que les gestes de faiblesse et d'indécision de ce type ne peuvent qu'encourager les islamistes radicaux à redoubler de haine et de violence. Nous assistons aussi à la débâcle de la politique spectacle, cette course des politiciens qui ne pensent plus qu'à se faire valoir dans les médias en oubliant leur mission d'intérêt général. Qu'avait à faire la ministre de l'Education sur ce plateau? Elle n'a rien d'autre à faire dans son ministère? Comme M. Manuel Valls chez Ruquier samedi soir... Leur prestation peu glorieuse, de l'un comme l'autre, marque la déchéance de toute une conception de la politique tournée vers un culte du moi narcissique dont l'effarant naufrage de Mme Vallaud-Belkacem sur Canal + montre les limites...  

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