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Soldats de l'anti-austérité : Varoufakis-Montebourg, ceux qui misaient sur l'Europe pour mieux revenir chez eux ?
©Reuters

Audible ou pas ?

Yanis Varoufakis, ancien ministre des Finances en Grèce lance son mouvement européen anti-austérité, rejoint par l'ancien ministre des Finances français, Arnaud Montebourg. Si le message porté par sa nouvelle formation politique peut être audible en Europe aujourd'hui, ce n'est pas le cas en France.

Eddy  Fougier

Eddy Fougier

Eddy Fougier est politologue, consultant et conférencier. Il est le fondateur de L'Observatoire du Positif.  Il est chargé d’enseignement à Sciences Po Aix-en-Provence, à Audencia Business School (Nantes) et à l’Institut supérieur de formation au journalisme (ISFJ, Paris).

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Atlantico : Arnaud Montebourg et Varoufakis lance ensemble un mouvement européen anti-austérité. Le message porté par ce mouvement est-il audible à l’échelle européenne ?

Eddy Fougier : Je crois effectivement, qu’il y a une tendance européenne à ce que les discours anti-austérité soient particulièrement audibles en ce moment. Nous avons pu le constater récemment avec Podémos en Espagne, Siriza en Grèce, et puis le parti travailliste en Grande-Bretagne.

Les voies anti-austérité se font entendre partout dans les différents pays européens et y compris chez les frondeurs. Une vraie dynamique entreprise il y a quelques années offre une place à prendre sur ce terrain. En outre, ces discours sont bien repris par les médias. A travers ce mouvement, Varoufakis montre vraiment sa volonté de concrétiser le capital politique qu’il a su faire fructifier depuis qu’il a été nommé ministre de l’économie, et puis à fortiori, depuis sa démission. 

Il critique le système. C’est un économiste très bon client pour les médias. De fait son mouvement peut être particulièrement audible.

Et à l’échelle française ?

Arnaud Montebourg est dans la même logique que Varoufakis, mais version française. Il se présente comme le chantre de l’anti-austérité. Savoir si le message porté par ce mouvement est crédible à l’échelle de la France est une grande question. A l’échelle européenne, nous voyons Podémos, Siriza, la Grande-Bretagne, mais lorsque nous analysons en France, les résultats des départementales, des européennes, des régionales… nous voyons que les voix du Front de gauche, additionnées à celles d’EEVL ne donnent pas un résultat conséquent.

Le message porté par ce mouvement, comme quoi le gouvernement ne serait pas suffisamment à gauche et serait trop austéritaire ne prend pas en France pour différentes raisons.

Nous pouvons observer ailleurs des circonstances singulières : l’Espagne et la Grèce sont des états qui ont été beaucoup plus touchés par la crise que la France. Quoique nous puissions dire, la France n’est pas dans une situation de crise aussi profonde. Concernant la Grande Bretagne, il s’agit d’un retour de balance historique par rapport blairisme. Ces raisons sont propres à des circonstances singulières que nous ne retrouvons donc pas en France. Au delà de la critique de l’austérité, ce mouvement traduit également une critique du système. Or, en France aujourd’hui, la contestation du système est un message qui marche mieux à l’extrême droite - comme au FN - qu’à l’extrême gauche.

C’est une réalité nette et connue.

Tous ces éléments font que le message porté par ce mouvement peut être audible à l’échelle de l’Europe mais pas en la France.

En quoi les résultats des élections de 2017 peuvent-ils changer la donne ? Est-ce un moyen pour Arnaud Montebourg de retrouver une place crédible en politique?

Tout à fait. Si François Hollande perd les élections présidentielles, cela pourrait totalement changer la donne. Il pourrait y avoir des règlements de compte à gauche, et de fait engendrer une montée en puissance des messages anti-austérité. D’ici là, je ne pense pas qu’Arnaud Montebourg soit une menace pour deux raisons :

  • sa trajectoire politique n’est pas très claire. 
  • c’est un personnage isolé. Il n’a pas de clan, ni de cercle. C’est un homme seul.

Il peut néanmoins à plus long terme avoir un avenir politique et être entendu, car il a une certaine image et une notoriété. Si le mouvement de Varoufakis se projette à moyen long terme, il a besoin d’alliés comme Montebourg. Récemment, un sondage l’annonçait devant François Hollande, néanmoins je ne pense pas qu’il en soit là. Arnaud Montebourg est le roi de la gesticulation. Honnêtement j’ai du mal à comprendre quel est son objectif et son ambition. D’un côté, il arrête la politique, de l’autre, il en fait sans en faire … J’ai du mal à comprendre l’animal politique caché derrière lui. Le point commun entre Arnaud Montebourg et Varoufakis est qu’ils aiment la lumière et être sous les projecteurs des médias.

Que Varoufakis monte un mouvement, cela ne m’étonne pas nécessairement vu la visibilité médiatique qu’il a cherché à avoir après sa démission assez spectaculaire du poste de ministre de l’économie en Grèce. Il a publié plusieurs ouvrages, maintenant il monte son mouvement…

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