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Il faut sauver le petit épargnant
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EDITORIAL

La BCE vient d'accorder d'importants prêts aux banques européennes... au détriment des épargnants lambdas qui n'ont pas les moyens de ces banques pour se défendre.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Joli cadeau de fin d’année pour les banques européennes. La banque centrale vient de leur offrir un prêt pour trois ans au taux  particulièrement avantageux d’un pour cent. La réponse a dépassé tous les espoirs de la BCE : 523 établissements se sont littéralement jetés sur cette manne providentielle pour un montant de 489 milliards de dollars.

Jamais une telle facilité n’avait été autorisée. Elle va leur permettre de faire face aux lourdes échéances qui les attendent au premier trimestre (230 milliards). Elles  pourront aussi acheter de la dette d’Etat qui sera émise en grande quantité l’an prochain. Mais surtout, elles auront la tentation de chercher à gagner de l’argent en se portant sur le marché de leur dette domestique, où elles placeront à des taux de 5 à 6%, ce qu’elles ont acquis à 1%. Une bonne manière de reconstituer des marges laminées par la crise et qui peut expliquer la fringale dont elles ont fait preuve face à la générosité de la BCE.

 Et pendant ce temps, que fait-on pour le bon petit soldat épargnant ? Rien ! Ou plutôt, on lui serre la vis à chaque nouveau plan de rigueur, comme s’il était corvéable à merci, parce qu’il n’a pas les mêmes moyens de se défendre que les banques. En affichant un taux de 1% pour trois ans, la BCE trace les limites de la rémunération de l’épargne pour plusieurs années. Les autres pistes destinées à obtenir un bon rendement s’éclipsent. Déjà la Bourse a pris des allures de Berezina avec une chute des cours de 20%, qui atteint 60% pour certains titres, ce qui annonce des dividendes en peau de chagrin pour l’an prochain. Les Sicav monétaires sont condamnées à disparaître avec un rendement, après impôt, qui ne dépasse pas 0,5%. L’assurance vie est en train de perdre son triple A au palmarès des placements favoris des Français.

Les retraits l’emportent sur les versements depuis l’automne pour les fonds en euros qui ont perdu 15% depuis le début de l’année. Raisons essentielles, les craintes qui entourent  l’existence de l’euro et la perspective d’une nouvelle baisse du rendement pour ces produits à long terme, qui serait compris entre 2,8 et 3% en moyenne dans les annonces de taux qui seront faites au début janvier. Finalement, en dehors de la pierre ou de l’or devenus inaccessibles, il ne reste que le livret A, seul capable de protéger contre l’inflation avec un rendement qui pourrait atteindre 2,5% nets d’impôts l’an prochain.

Le Parlement conduit pour sa part une politique de gribouille en relevant régulièrement à chaque plan de rigueur, la taxation des produits d’épargne, sous prétexte d’aligner l’impôt du capital sur celui du travail, en oubliant que pour la plupart des assujettis, le capital constitué est le fruit du travail, qui a déjà subi l’impôt. De plus, il est contreproductif de renforcer la fiscalité sur une matière imposable qui s’évapore à la faveur de la  baisse des rendements et des dividendes que verseront les entreprises l’an prochain. Car le produit qu’espère en retirer l’Etat risque d’être inférieur aux recettes affichées dans le budget, ce qui obligera à renforcer encore la pression fiscale. En période de rigueur, ce n’est pas le moment de désespérer les fourmis.

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