Laissez venir à nous les diplômés étrangers ! (avant qu'ils n'en aient plus envie)<!-- --> | Atlantico.fr
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Brice Hortefeux, ancien ministre de l'Intérieur, et Claude Guéant, son successeur : "Dis-moi Claude, et les diplômés auvergnats, ils vont pouvoir rester ou pas ?" "Ah, Brice, toujours le mot pour rire...",
Brice Hortefeux, ancien ministre de l'Intérieur, et Claude Guéant, son successeur : "Dis-moi Claude, et les diplômés auvergnats, ils vont pouvoir rester ou pas ?" "Ah, Brice, toujours le mot pour rire...",
©Reuters

Zone franche

Les diplômés étrangers sont une chance pour la France. Et non, ce n’est pas un slogan mièvre et vide de sens pour ultra-gentils en quête d’un nouveau combat moral. C'est même le contraire.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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L’immigration, c’est le sujet qui affole les esprits binaires plus mécaniquement que n’importe quelle rencontre sportive :

« Il faut laisser entrer tout le monde, assurent les gentils, la France est responsable d’à peu près tous les malheurs de la planète et a une dette éternelle à rembourser. Au besoin, on taxera davantage Liliane Bettencourt et l’intendance suivra ».

« N’importe quoi ! répliquent les méchants. La France est déjà pleine comme un œuf et il n’y a plus de place pour de nouveaux allocataires du RSA. Et en plus, ces étranges étrangers diluent notre culture nationale aussi drastiquement qu’une préparation homéopathique à 40 ch ».

Là où méchants et gentils devraient pourtant se retrouver sur la même longueur d’onde, à l’instar de deux équipes de rugby à l’heure de la troisième mi-temps, c’est bien sur la question des diplômés étrangers ― ceux-là même qui donnent de l’eczéma à Claude Guéant.

Le ministre de l’Intérieur cherche en effet à rendre plus difficile l’intégration professionnelle de jeunes gens venus d’ailleurs et formés dans nos facs au prétexte qu’il n’y a de boulot pour personne (snif) et qu’ils se rendraient plus utiles en rapatriant leurs compétences toutes fraîches au pays (quelle générosité !)…

Un méchant doublé d’un cornichon ?

Il faudrait toutefois être un méchant doublé d’un cornichon pour ne pas se rendre compte de l’inanité du raisonnement : les diplômés en question sont précisément les importations dont la France a le plus besoin pour relancer sa machine économique poussive, ne serait-ce qu’en compensant les départs de ses crânes d’œufs endogènes eux-mêmes tentés par des cieux plus cléments (la mondialisation, c’est pas simple).

Surtout si c’est au moment où ils décrochent un job dans une boîte qui peine à recruter et rumine une délocalisation qu’on les reconduit à l’aéroport…

Non vraiment, quel point de rencontre plus évident entre partisans de l’accueil de tout ce que la planète compte de malheureux et égoïstes chauvins favorables à l’érection de nouvelles lignes Maginot ? Troisième pays d’accueil pour les étudiants internationaux derrière les États-Unis et la Grande-Bretagne (12% des inscrits dans l’enseignement supérieur, soit 28 000 personnes), la France compte justement sur eux pour freiner la transformation de ses universités en collèges de province autocentrés et conserver un peu de prestige à son idiome mal en point.

Structurellement déficitaire en ingénieurs et autres matheux depuis que les gosses d’ici préfèrent s’entasser par centaines en socio ou en psycho avant d’aller frire des potatoes chez McDo, elle table même sur eux pour l’aider à reconstruire son industrie maintenant que le Made in ici revient à la mode.

Mais Guéant, qui avait déjà un problème avec l’immigration illégale (ça se défend), l’immigration familiale (ça se discute), l’immigration de travail (c’est plus étrange) se soucie désormais de l’immigration hautement qualifiée (et formée en Gaule par dessus le marché) histoire de s’attirer les bonnes grâces des méchants. Il devrait se méfier : il ne s’attirera bientôt plus que celles des cornichons.

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