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La cruauté a des limites... ou pas : quand un pervers narcissique dévoile son vrai visage
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Bonnes feuilles

Parfois, une relation amoureuse nous détruit, au lieu de nous épanouir. Hélène Montel, victime d’un manipulateur, relate la manière insidieuse, sournoise, mais terriblement efficace utilisée par son mari afin de l’anéantir, tant psychologiquement que physiquement. Humiliée, déstabilisée, elle trouve le courage d’échapper à Dominique qui, tel un vampire affectif, n’a de cesse de la vider de toute volonté et d’esprit critique. Extrait du livre "DÉTRUITE. J'ai épousé un pervers narcissique", de Hélène Montel, aux éditions de l'Archipel 1/2

Hélène  Montel

Hélène Montel

Hélène Montel est auteure et journaliste. Elle fut mariée à Dominique, un pervers narcissique qui brisera sa vie.

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25 décembre 2008.

— Tu réalises que tu as passé la soirée de Noël à envoyer des SMS ?

— Oui, et alors?

— «Et alors»?

— Ma mère semblait ravie. Où est le problème?

— C’est Noël, non?

— Parce qu’il y a une loi qui interdit d’envoyer des SMS le jour de Noël?

— Non, il n’y a pas de loi, il y a juste tes filles qui aimeraient que leur père s’intéresse à elles et pas à son téléphone.

— Tu m’énerves. J’ai des trucs à faire!

Noël ou pas, la soirée s’est terminée comme toutes les autres. Mon mari, Dominique, dans le salon devant son ordinateur; moi, dans la chambre à coucher et les petites au lit.

Je commence tout juste à m’endormir. Une vive lumière. Mes paupières lourdes de sommeil peinent à s’ouvrir.

— Faut que je te parle!

— En pleine nuit? Ça ne peut pas attendre demain?

— Non.

— Tu viens t’excuser?

— Je n’ai pas à m’excuser! Je m’en vais!

— Quoi? Là ? Maintenant? Tu vas où?

— Je m’en vais! Je te quitte! Je pars chez Emmanuelle! C’est qui ce type?

— Emmanuelle! Une femme! T’es vraiment conne ou tu fais exprès? Je pars, je m’en vais, je me casse! Emmanuelle est la femme de ma vie.

Le lendemain après-midi, 15 heures. Dominique est là. Tout sourires. Comme si de rien n’était. Il veut m’embrasser. Se penche vers moi. Je recule.

— Je te laisse tout. L’appart de fonction et les filles. Emmanuelle a son propre appartement.

— Mais c’est qui cette Emmanuelle?

— Une personne de l’école.

— Une prof?

— Non, elle bosse à la compta.

— Tu la connais depuis quand?

— Depuis la rentrée.

— Je ne comprends pas. On est arrivés de Nantes il y a à peine trois mois!

— T’as jamais entendu parler des coups de foudre? Écoute, ne rends pas les choses plus pénibles ! C’est déjà assez compliqué! Je suis le nouveau directeur d’un collège et j’ai le malheur de tomber amoureux d’une des personnes qui y travaillent! Mets-toi à ma place! Pense un peu à moi! On fait comme j’ai dit! Cent euros par mois me suffisent.

— Tu déconnes! Ce n’est pas sérieux !

— Mes clopes, mon journal.

— Sois pas ridicule! Tu comptes t’en sortir comment avec 100 euros par mois? On n’a qu’à partager les choses en deux dans un premier temps.

— Cent euros, ça ira !

«Divorcer». «Urgentissime de régulariser sa situation»,sinon il « perdra son boulot dans l’enseignement catholique». Et puis «pas le choix », la famille d’Emmanuelle exige qu’ils se marient au plus vite. «Une famille catholique, tu comprends! Une réputation à tenir!»

J’écoute, je ne dis rien. «D’ailleurs, Emmanuelle et sa mère te plaignent beaucoup! Quoi qu’il en soit, on sera divorcés dans l’année!»

La sentence est tombée. La porte claque.

Une heure plus tard mon téléphone vibre. Un SMS.

— TKT pas pour le divorce. Ferai en sorte que ça soit juste. Dominique.

— « Juste » au sens de « pas assez » ou au sens d’«équitable»?

— C’est ça, fous-toi de moi ! T’es vraiment une salope! Tu crois franchement que c’est le moment de jouer sur les mots? Puisque c’est ça, t’auras rien!

Mais je me moque de l’argent! Je ne pige même pas de quoi l’on parle!

Et les filles dans tout ça ? Nos filles! On fait comment pour Sarah et Angélique? Sarah n’a que six ans et Angélique dix ! À quel moment va-t-il enfin me parler d’elles?

Le surlendemain, Dominique réapparaît. Je sursaute. Je ne l’ai pas entendu entrer. Il veut parler aux filles.

Urgent. Important. Il s’enferme dans leur chambre. Je m’éclipse dans la cuisine. Dix minutes plus tard, la porte d’entrée claque.Sarah et Angélique sont dans l’entrée. Sidérées.

— On va avoir un petit frère! s’écrie Sarah.

— Ou une petite sœur! corrige Angélique.

— Quoi?

— Et une deuxième maman! surenchérit Sarah.

— Pardon?

— Une deuxième maman! reprend Angélique.

— C’est quoi une deuxième maman? dit Sarah en se serrant contre moi.

— C’est rien! Des conneries! soufflé-je, totalement abasourdie.

Comment ose-t-il? C’est odieux. Dominique croit-il les gens à ce point interchangeables?

Depuis ce soir-là, Angélique souffre d’insomnie. Impossible de la rassurer.

Soir après soir, au moment du coucher: «Il va avoir un bébé!»

— Mais non, c’est des bêtises!

— Il l’a dit!

— Sa copine est trop âgée pour avoir des enfants.

— Comment tu sais?

— Je me souviens l’avoir croisée avec l’intendante du collège. Elle fait quarante-cinq/cinquante ans.

— En Italie, une femme de soixante ans a eu des jumeaux !

— C’est des bêtises, je te dis! Dors, il est tard.

Dix soirs de suite, la même rengaine. Les mêmes  larmes, les mêmes angoisses:

— Tu crois qu’il nous a déjà oubliées? Pourquoi il a parlé de bébé, si ce n’est pas vrai?

— Je n’en sais rien!

— Si sa copine est enceinte, c’est qu’il nous a déjà rayées de sa vie! lâche Angélique.

— Il n’aura pas d’enfant avec elle!

— Il a dit qu’elle allait avoir un bébé!

— Certainement pas de lui en tout cas!

Était-ce le moment d’expliquer à une petite fille de dix ans que son père a des problèmes de fertilité?

Angélique ne dormant plus est épuisée le matin et ne veut plus aller à l’école. Janvier promet d’être exténuant et nous ne sommes que le 6 du mois! On ne peut pas continuer ainsi.

Je ne vois qu’une façon de la rassurer: lui révéler que son père a des problèmes de fertilité. Et que, de facto, il ne pourra pas avoir d’enfant avec cette femme.

Partir pour une autre: OK! Faire croire le surlendemain qu’un bébé est déjà en route. Non!

La cruauté a des limites. Les limites sont atteintes. Un voile tombe.

Extrait du livre "DÉTRUITE. J'ai épousé un pervers narcissique" aux éditions de l'Archipel, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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