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Tribune anti-FN en Nord-Picardie : pourquoi ses signataires sont persuadés de l'efficacité de leur démarche de dernière seconde
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« La région n’est pas F haine »

« La région n’est pas F haine », c’est par ce slogan accrocheur qu’une cinquantaine de représentants de la société civile originaire et/ou vivant en Nord-Picardie affirme vouloir « faire barrage au FN ». Une initiative de plus, à l’avant-veille du premier tour des régionales, pour stopper une éventuelle victoire du FN dans plusieurs régions Françaises. L’un de ses signataires explique à Atlantico pourquoi, selon lui, cette démarche sera différente car plus efficace ou tout plutôt moins contre-productive.

Atlantico : Les démarches anti-FN comme la vôtre (lire tribune ici et via le compte twitter @N0N_au_FN) se multiplient sur la toile et sur les tribunes. Ces mouvements ne son-t-ils pas vains ou contre-productifs ?

Jean-Philippe Moinet: La toile et les réseaux sociaux ne peuvent pas être le seul terrain de chasse des extrémismes, qui se ressemblent aussi en sur-investissant le Web. Le FN et Marine LePen jouent des facilités numériques, pour déverser toute une série de propagandes, souvent mensongères et manipulatoires, pour tordre les réalités qui nous entourent et permettre à leurs thèses de se développer. Le Collectif société civile, de « citoyens-patriotes de la région Nord-Picardie » (et de sa diaspora, dont je fais modestement partie), lui, comme d’autres bien heureusement, naît d’une inquiétude, qui s’est renforcée ces dernières semaines : les attentats du 13 novembre dernier ont naturellement créé une tension, compréhensible, et des peurs, légitimes ; elles provoquent aussi des réflexes primaires, des raccourcis dangereux que le FN et Marine Le Pen en particulier, non seulement cherchent à récupérer mais exploitent avec un cynisme sans retenue et à peine masqué.

La Présidente du FN, qui prétend à des responsabilités, a retrouvé les accents les plus radicaux de son père, qui l’a formée depuis 30 ans de militantisme FN : le lendemain des attentats du 13 novembre, alors que de très nombreux blessés souffraient encore dans les hôpitaux de Paris, Marine Le Pen repartait en campagne en martelant que « les Français ne sont pas en sécurité », ses militants, dans la nuit du 14 au 15 novembre, collaient des affiches d’exploitation des peurs, elle-même a parlé à Lille non seulement de « l’immigration-invasion » (qui est tout sauf une réalité pour notre pays) mais d’ « immigration bactérienne », sous prétexte de maladies contractés par des migrants à Calais... Cette femme, concurrencée par la ligne « identitaire » et racialiste de Marion Maréchal-Le Pen dans le Sud, surenchérit aussi sur le thème des « djihadistes qui pullulent », éructe-t-elle, dans nos banlieues. En extrême droite lignée de son père, Marine Le Pen a rompu l’unité nationale et rompt le pacte républicain. Les citoyens qui, contrairement à elle, sont authentiquement républicains, démocrates et patriotes – elle préfère manifestement les régimes russes et syriens, à notre République et aux démocraties européennes alliées – vont lui faire face, plus qu’elle le croit. Sinon au premier tour dans les urnes, mais assurément d’ici le second tour. Car un réveil civique peut avoir lieu dimanche soir prochain. Une très large majorité de Français ne veulent pas d’une carte où des régions basculeraient dans la couleur brune de l’extrême droite.

Bien sûr, ce genre d’initiative aura les effets que les citoyens, sur la Toile et ailleurs, voudront bien leur donner. Initiative vaine ou contre-productive ? Merci de poser la question. Car une partie de la droite de la droite, au lieu de se positionner sur le champ des convictions est tentée de se placer sur celui des opportunités et de l’efficacité, telle qu’elle peut être calculée. Toute proportion gardée, et il faut la garder car nous ne sommes heureusement pas dans les années 30, c’est comme si, pour s’opposer à la montée du nationalisme, puis du nazisme en Europe, on avait dit aux premiers Résistants : votre combativité n’est-elle pas un peu contre-productive ? Les combats d’idées, quand les principes de la République sont en cause – et ils le sont, avec Marine Le Pen au pouvoir, même régional – ne sont jamais vains. Toutes les intentions de vote, mesurées par les sondeurs, montrent que s’il reste une seule liste face à Marine Le Pen au deuxième tour des régionales (ce qui n’est pas du tout assuré au jour d’aujourd’hui (une partie de la gauche laisse même planer un doute sur un éventuel désistement), le score serait dans ce seul cas très serré. La victoire ou la défaite de Marine Le Pen peut se jouer à moins d’un point, dans ce cas de figure. La mobilisation citoyenne, qui a commencé, et qui va s’amplifier fortement au soir du premier tour, peut donc, tout en étant modeste dans son impact, faire la différence. Ce n’est pas assuré mais ce n’est pas impossible. L’histoire a déjà montré que toutes les voix peuvent compter et que les mobilisations civiques, ne serait-ce que pour participer au scrutin, ne sont pas vaines mais salutaires. Après, chacun prend ses responsabilités pour la couleur de son vote.

Pourquoi pensez-vous que votre démarche va être entendue plus que d'autres?

Je n’en suis pas sûr, ne n’ai pas cette prétention. D’autant que c’est une simple démarche d’accompagnement de citoyens du Nord-Picardie, ou originaires de cette région comme moi : né à Oran, issue d’une famille pour partie picarde, fils d’un fils d'officier de l’Armée Française (qui s’était vite dans les années 60 éloigné du sulfureux Jean-Marie Le Pen), j’ai passé toute mon enfance, mon adolescence et mes premières années d’études supérieures dans le Nord. Mais, pour analyser les phénomènes de l’extrémisme en général et de l’extrême droite FN en particulier, mon expérience, mes travaux, mes informations sont, je pense, non seulement respectées mais reconnues. Je crois que c’est pour cela que votre site d’informations et d’analyses, comme bien d’autres supports, régionaux, nationaux et parfois internationaux, ont pu s’intéresser à ce que je disais ou analysais.

Je ne ferai pas de la caricature des propos ou attitudes de Marine Le Pen. Mais force est de constater que le simple examen, attentif et précis, de ses déclarations sont, à elles seules, inquiétantes. Je pense que cela va mieux se voir, dans l’entre-deux-tours de ces régionales. Et j’apporterai ma contribution, si on me le demande, au débat régional. En allant bien sur dans les villes où j’ai des attachements personnels, beaucoup plus anciens et sincères que ceux de Marine Le Pen qui, comme chacun sait, a longtemps habité dans une grande et luxueuse propriété familiale de Saint-Cloud, et qui découvert récemment les difficultés de la région Nord-Picardie... Région où, comme sa nièce Marion Maréchal-Le Pen concernant la Provence, elle a été complètement parachutée il y a quelques années.

Quelle est la suite prévue pour ce collectif? Vos attentes et démarches à venir?

Tout dépendra des demandes locales. Mais je suis disponible pour participer à des débats, ouverts et intelligents, à partir du moment où ils respectent une parole, libre et indépendante, de la société civile. Qu’il y ait des politiques, de droite, de gauche ou du centre, dans les prochains débats, bien sûr cela ne me gêne pas. Sans être un politique (je ne tiens pas à l’être), je crois quand même qu’un « bloc républicain » aurait grande opportunité de voir le jour et de faire vite face au «bloc racialiste» que constitue le FN et qui est, à mes yeux, anti-républicains : car il piétine les principes d’Egalité et de Fraternité, chers à la République Française, sans parler de la Laïcité. Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen font sur ce thème des acrobaties totalement inconhérente, pour dire que ce qui vaut pour les intégristes islamistes ne vaudrait pas vraiment pour les intégristes catholiques, qui entourent beayucoup de dirigeants FN. C’est curieusement un sujet que peine à aborder avec franchise et aisance Marine Le Pen : qu’elle commence donc par faire le ménage contre l’intégrisme dans son parti (et les chez orthoxes ultranationalistes proches du régime de Poutine, qu’elle ne cesse de saluer) avant de donner des leçons de Laïcité aux Français et à la terre entière !

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> Le communiqué<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<

Ce jour, 4 décembre 2015, nait un Collectif de citoyens-patriotes anti-FN de la région Nord-Picardie.

Constitué d’acteurs de la société civile, citoyens de toutes sensibilités républicaines, actifs non pas en politique mais dans la vie entrepreneuriale, associative, sociale ou culturelle de cette région (et de sa « diaspora »), ce collectif de simples citoyens, affirme :

  • Sa vive inquiétude à voir le parti d’extrême droite Front National, dirigé par Marine Le Pen, dans la possibilité de remporter les élections régionales dans le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie, et donc de prendre la présidence de cette région, l’une des plus importantes de France
  • Sa détermination à vouloir faire barrage à cette formation politique et à Marine Le Pen qui, malgré la banalisation et le marketing trompeur qui enrobe son discours et ses apparences, reste un mouvement et une responsable d’extrême droite qui a montré, y compris dans la toute récente période, qu’il exploitait cyniquement la xénophobie et les peurs des citoyens Français, en particulier les peurs légitimement liées aux attentats du 13 novembre qui ont frappé notre pays. La Présidente du FN a, en cela, brisé l’unité nationale et la moindre décence due aux victimes des attentats et leurs proches endeuillés
  • Sa volonté, par une première action symbolique mais aussi par des actions de débats publics nécessaires sur ce sujet précis, de diffuser des messages d’alerte et notamment des affiches, destinées à renforcer la vigilance républicaine des citoyens vis-à-vis de la récupération politicienne tentée par le FN, parti politique qui ne fait qu’exploiter les peurs liées à ces attentats sans apporter la moindre solutions aux problèmes posés, au contraire : l’exploitation des peurs et le discours d’amalgames grossiers divisent notre communauté nationale au lieu de lieu de la réunir. En cela, le Collectif dénie au FN et à sa dirigeante  toute prétention à se dire « patriotes». Ce parti et sa dirigeante sont même les instruments d’une désunion nationale grave.
  • Notamment par deux slogans, placés sur ces affiches - « La région n’est pas F Haine » et « Le FN ajoute la haine à nos problèmes » - ce Collectif de citoyens de la société civile encourage tous ceux et toutes celles qui, dans le Nord-Picardie en particulier, mais pas seulement, s’inquiètent pour l’avenir de leur région, et plus largement, pour l’avenir de la France, où arriveraient au pouvoir les tenants d’une idéologie dangereuse pour l’unité sociale et nationale, idéologie d’un FN qui, sur trois générations Le Pen, reste un mouvement d’extrême droite, qui s’oppose frontalement, dans ses récents propos, aux principes d’Egalité, de Fraternité et de Laïcité qui constituent les piliers de la République Française.

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