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"Les mosquées de Roissy" : en 2006 personne n’a voulu écouter Philippe de Villiers
©Reuters

Mise en garde

Son seul tort : avoir eu raison trop tôt. Depuis le désastre a pris de l’ampleur.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Il faut être honnête avec ceux dont on ne raffole pas. Et même surtout avec eux. Car sinon toute critique à leur égard sera suspecte et invalidée. Donc Philippe de Villiers était dans le vrai quand il publia en 2006 "Les mosquées de Roissy". Il y dénonçait, arguments et enquête à l'appui, l'islamisation croissante de nombre de ceux qui travaillaient sur un site aussi sensible qu'un aéroport.

C'est peu dire que Philipe de Villiers fut injurié. Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, s'étrangla d'indignation. Des associations musulmanes renchérirent en criant à l'islamophobie. La gauche unanime assassina son texte comme étant un livre raciste. Cela se passait sous Chirac qui, pour rien au monde, ne voulait prononcer un mot mettant en cause l'islamisme. Certes, il avait un ministre de l'Intérieur plus musclé que lui : Nicolas Sarkozy. Mais comme disait le chef de l'Etat : "je commande, il exécute".

Les présidents passent et se ressemblent. Nicolas Sarkozy ne fit pas usage du kärcher pour nettoyer Roissy. François Hollande ferma aussi les yeux. Tous, avaient fait vœu de ne rien dire et de ne rien faire qui puisse troubler "la paix civile". Évoquer l'islamisation (on dit aujourd'hui "radicalisation" ce qui présente l'avantage de ne pas cibler une religion en particulier) des employés d'ADP Roissy aurait pu être perçu comme une stigmatisation intolérable.

A supposer que nos dirigeants n'aient pas lu, ou pas voulu lire, "Les mosquées de Roissy" une photo qui connut une large diffusion aurait pu les alerter. On y voyait des syndicalistes CGT de l'aéroport faire la quenelle. Même la CGT (nationale) trouva ça écœurant. Les mis en cause expliquèrent benoîtement qu'ils ignoraient que ce geste avait une connotation anti juive. Et quand on découvrit que le comité d'entreprise qu'ils contrôlaient distribuait à la pelle des billets pour le spectacle de Dieudonné ils répondirent, en vrais démocrates qu'ils étaient, que telle était la demande de leurs adhérents.

On vient d'apprendre hier que 5 employés d'ADP ont, après le carnage de Paris, été privés pour "radicalisation" de leur habilitation à travailler sur l'aéroport. Et dans la foulée, il fut annoncé qu'il y en avait eu en tout 57 depuis les attentats de janvier. Ce qui avait été passé sous silence sans doute pour ne pas choquer. Si l'on veut connaître les raisons -purement objectives- de ce qui se passe depuis des années à Roissy, un simple constat statistique s'impose. ADP est le premier employeur de Seine St Denis. Recommandation lui est faite de recruter autant que possible une main d'œuvre locale. Le catholicisme n'est pas la religion dominante dans le 93…

On comprend la discrétion des autorités sur cette délicate question. Comment donner raison à un homme aussi marqué à droite que Philippe de Villiers ? Comment prendre le risque d'attiser l'islamophobie ambiante ? Mais aujoud'hui ces pudeurs ne sont plus de mise : il y a eu 130 morts à Paris ! Et maintenant la seule question qui vaille est celle-ci. Combien d'employés d'ADP seront priés de rentrer chez eux après le prochain attentat et à partir de combien de morts ?

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