Armes à feu : la tuerie de Liège peut-elle se produire en France ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La Belgique est choquée d'apprendre qu'un individu suivi par la police détienne chez lui un véritable arsenal militaire.
La Belgique est choquée d'apprendre qu'un individu suivi par la police détienne chez lui un véritable arsenal militaire.
©Reuters

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Une attaque à coups de grenades et de fusil d'assaut. Quatre morts plus tard, la Belgique est choquée d'apprendre qu'un individu suivi par la police détienne chez lui un véritable arsenal militaire. Y a-t-il autant d'armes en circulation en France ?

Alain Bauer

Alain Bauer

Alain Bauer est professeur de criminologie au Conservatoire National des Arts et Métiers, New York et Shanghai. Il est responsable du pôle Sécurité Défense Renseignement Criminologie Cybermenaces et Crises (PSDR3C).
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Atlantico : Des fusils d'assaut, des viseurs lasers, des grenades, près de 10 000 munitions. L'auteur de la tuerie de Liège était connu de la justice pour détenir un véritable arsenal. Un cas similaire peut-il se produire en France ?

Alain Bauer : Les fusils à pompe ont été contrôlés il y a seulement une dizaine d’années. La restructuration de la législation sur les armes à feu date de l’affaire Richard Durn  en 2002 à Nanterre. Toutes les armes qui circulaient avant n'ont pas été récupérées par les services concernés et continuent d’exister. Pour les grenades, nous n’avons quasiment jamais eu d’affaire de ce type en France. Nous avons eu un RPG à Bézier il y a quelques années, c’est une forme de lance-grenades. Pour le reste, il y a surtout quelques kalachnikov qui trainent.

A partir du moment où vous avez trouvé une filière d’approvisionnement, se fournir en armes d’assaut n’est pas excessivement difficile. Sur la durée, vous pouvez parfaitement obtenir plusieurs fusils ou mitraillettes. Plusieurs phases de l’Histoire ont facilité la circulation. A la libération par exemple, les armes parachutées, notamment la mitraillette Thompson, ont longtemps servi pour le grand banditisme. Après la chute des arsenaux albanais, beaucoup d’armes de la guerre d’ex-Yougoslavie ont déferlé chez nous. Actuellement, nous avons aussi des premières arrivées d'armes des arsenaux libyens. Dans ces contextes, selon l’argent et le temps que vous avez, vous pouvez constituer un stock plus ou moins rapidement. Pour les munitions beaucoup de gens les fabriquent, c’est moins compliqué.

Les législations en matière de détention ou d'achat d'armes sont différentes d'un pays à l'autre. Doit-on s'inquiéter de la facilité d'acquisition d'armes à feu chez nos plus proches voisins ?

Comme pour tout ce qui touche le droit pénal en général, l’harmonisation au sein de l'espace européen est un enjeu majeur. Nous ne pouvons pas ouvrir les frontières à la libre circulation tout en ayant des dispositifs pénaux ou des règles de possessions d’armes aussi diversifiées.

Il y a un dialogue sur le sujet, mais il est long et compliqué. Il a fallu presque vingt ans pour avoir des mandats d’arrêts européens sur un certain nombre d’éléments. La convention de Palerme, il y a dix ans, a harmonisé les législations sur le crime organisé... Mais n’est entrée en application qu’en 2003. Suite au 11 septembre, une convention sur le terrorisme a donné lieu à beaucoup de textes qui restent toujours en gestation.

Les faits divers montrent régulièrement que des armes circulent aussi en France, dans le cadre du grand banditisme ou de règlements de comptes entre gangs. Quelles sont les armes ou les personnages dont il faut s'inquiéter ?

Pour l’instant, c’est surtout la profusion de fusils kalachnikov issus des arsenaux yougoslaves et libyens qui pose problème. Même s'il est toujours possible de tuer des gens avec les armes anciennes que l'on trouve dans tous les greniers, elles restent rarement la cause d’hécatombes.

Les quantités d'armes détenues par certains collectionneurs interpellent. Cela dit, Anders Breivik, en Norvège, a réussi avec un nombre réduit d’armes à faire de très gros dégâts. La détermination de certains individus et la capacité de réaction des forces de sécurité sont plus décisifs dans ce genre d'affaires.

Enfin, il faut différencier les tueries spontanées et préméditées. Il est possible de se prémunir des cas prémédités. Les tueurs spontanés relèvent eux d’une phase d’impondérable, de fatalité.

Propos recueillis par Romain Mielcarek

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