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Un avion de combat russe abattu par la Turquie : ce qui se cache derrière la décision d'Erdogan
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Rien n'est dû au hasard

Mardi 24 novembre, des chasseurs F-16 turcs ont abattu un SU-24 russe qui aurait survolé son espace aérien sans autorisation. Ce dernier s'est écrasé côté syrien, et les deux membres de l'équipage ont réussi à s'éjecter. Une réaction turque à laquelle on pouvait s'attendre.

Alain Rodier

Alain Rodier

Alain Rodier, ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français, est directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Il est particulièrement chargé de suivre le terrorisme d’origine islamique et la criminalité organisée.

Son dernier livre : Face à face Téhéran - Riyad. Vers la guerre ?, Histoire et collections, 2018.

 

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Atlantico : Quelles conséquences cet abattage du SU-24 russe par des chasseurs F-16 turcs pourraient-elles avoir, comment Vladimir Poutine pourrait-il réagir ?

Alain Rodier : Il convient d'attendre des informations supplémentaires pour préciser les conditions de cet incident extrêmement grave. Ce seraient des F-16 turcs qui auraient abattu le Su-24 russe alors qu'il survolait à 6 000 mètres d'altitude l'espace aérien turc (selon Ankara). Les deux membres d'équipage auraient réussi à s'éjecter mais l'un serait tombé aux mains d'un groupe rebelle turkmène. Moscou dément que son appareil ait violé le territoire turc. Le fait qu'il soit tombé en Syrie n'est pas une preuve formelle car l'incident s'est passé dans la zone frontalière.

La Turquie avait convoqué vendredi dernier l'ambassadeur russe pour le mettre en garde contre les "sérieuses conséquences" de bombardements contre des villages syriens à minorité turcophone. A quand remontent les tensions entre ces deux pays ? 

Les tensions entre la Turquie et la Russie durent depuis le début de l'insurrection de 2001. En effet, le Président Erdogan qui est proche des Frères musulmans s'est résolument rangé du côté des rebelles alors que Moscou défend le régime de Bachar el-Assad. L'intervention russe de la fin septembre a amplifié les choses, Ankara se voyant empêché de fait d'établir une "zone tampon" le long de sa frontière à l'ouest de l'Euphrate. Plusieurs incidents ont eu lieu mais ils n'avaient pas eu encore de conséquences dramatiques jusqu'à aujourd'hui.

La Turquie a décidé de saisir l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord. Cela peut-il remettre en cause la visite de François Hollande à Moscou, qui devait initialement avoir lieu jeudi 26 novembre ?

Une fois de plus, tout est remis sur la table et les cartes vont être redistribuées. Le sang froid du président Vladimir Poutine va être mis à rude épreuve. Ankara s'est empressé de saisir l'OTAN afin de dissuader Moscou d'effectuer une riposte en représailles. En effet, si un pays membre de l'OTAN est directement agressé, automatiquement les autres pays de l'alliance doivent se ranger à ses côtés.
Une fois de plus, une crise internationale majeure peut éclater. Les seuls bénéficiaires de la situation sont les rebelles qui voient contrecarrer les prémices d'une alliance Russie-France-États-Unis qui semblaient se dessiner (i y avait encore beaucoup de chemin à parcourir, mais maintenant, cette opportunité semble étouffée dans l'oeuf). Ce n'est certainement pas un hasard si Erdogan a donné l'ordre de tirer. Son souci numéro un reste les Kurdes qu'il voit progressivement mettre en place une zone autonome le long de la frontière syrienne. En ce qui concerne les terroristes islamiques radicaux, avec un allié comme Erdogan, on n'a pas besoin d'ennemis.

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