Les vidéos de DSK et Nafissatou Diallo au Sofitel n'ont-elles que le sens que leur donnent les commentaires ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Vidéo DSK/Nafissatou Diallo au Sofitel : "Ce qui choque surtout, dans cette vidéo de quatre minutes, c’est le commentaire, lu par la journaliste de la chaine d'information BFMTV. Ses mots, bien choisis, insistent sur quelques points très discutables."
Vidéo DSK/Nafissatou Diallo au Sofitel : "Ce qui choque surtout, dans cette vidéo de quatre minutes, c’est le commentaire, lu par la journaliste de la chaine d'information BFMTV. Ses mots, bien choisis, insistent sur quelques points très discutables."
©Capture/YouTube/BFM

Sexe, mensonges et vidéo

Publiée jeudi dernier par BFMTV, la vidéo des caméras de surveillance du Sofitel était accompagnée de commentaires qui n'étaient pas totalement neutres. Quel sens auraient ces vidéos avec un autre commentaire ? De l'importance du poids des mots...

Pascal Bories

Pascal Bories

Pascal Bories est journaliste.

Il a travaillé notamment pour le Journal du Net, Technikart ou Playboy.

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En matière de journalisme, on le sait, « les faits sont sacrés, les commentaires sont libres ». Autrement dit : l’objectivité s’arrête où commence le discours sur les faits évoqués. On le constate encore une fois, au regard du sujet réalisé et diffusé par BFM TV sur les scènes captées par le système de vidéosurveillance de l’hôtel Sofitel, à New York, le 14 mai dernier.

La vidéo du Sofitel avec les commentaires de BFMTV

Les images, diffusées en boucle et vues par des millions de téléspectateurs français, ne montrent rien de plus que ce qu’on savait déjà. A l’exception notable d’une courte scène d’effusion, lorsque deux agents de l’hôtel s’isolent pour se congratuler vigoureusement, sans que l’on sache pourquoi.
Mais ce qui choque surtout, dans cette vidéo de quatre minutes, c’est le commentaire, lu par la journaliste de la chaine d'information. Ses mots, bien choisis, insistent sur quelques points très discutables. D’abord, la commentatrice parle d’un bout à l’autre d’une « agression sexuelle supposée », reprenant le terme utilisé par l’agent de sécurité qui appelle la police, bien que Nafissatou Diallo ait toujours évoqué une tentative de viol.

Ensuite, la voix off indique que DSK « semble serein » et qu’il « patiente », précisant que « le patron de la police de New York avait d’abord évoqué un homme qui tentait de prendre la fuite ». Traduction : on nous aurait menti, Strauss-Kahn n’est pas parti précipitamment. En revanche, lorsque l’on voit passer la femme de chambre devant la réception, le commentaire omet de faire remarquer qu’elle porte la main à son visage, comme si elle pleurait ou tenait un mouchoir.

Au lieu de relever ce détail, la journaliste va jusqu’à affirmer qu’une fois arrivée dans le couloir de service, Nafissatou Diallo « n’est ni prostrée, ni en pleurs ». Cette fois, le caractère orienté du commentaire est évident : sur les images, la femme de chambre reste étrangement immobile, le regard fixe, dans une position qu’on imagine inconfortable. Rien ne légitime une remarque aussi discutable concernant la scène à laquelle on assiste.

Enfin, le commentaire s'attarde sur la « danse de la joie » évoquée par « un journaliste américain » qui avait décrit une séquence de trois minutes. Il ne précise pas que ce journaliste, Edward Epstein, est l’auteur de plusieurs théories du complot surfant sur l’assassinat de Kennedy ou le 11 septembre 2001.  Il relève à peine qu’il a commis la grossière erreur de décrire une séquence de trois minutes, alors que celle-ci dure douze secondes.

Pour conclure, la journaliste insiste sur les soi-disant contradictions de la direction de l’hôtel, qui parlait d’une scène de huit secondes liée à l’annonce d’un résultat sportif. Mettant en doute cette explication, elle indique qu’aucune compétition sportive importante ne s’était terminée à cette heure. Mais elle ne relaie pas la déclaration des agents eux-mêmes, qui disent aujourd’hui ne pas se souvenir de la raison de cette effusion.

J'ai donc voulu démontrer que ces images, commentées différemment, auraient probablement pris un sens tout à fait différent. J'ai réécrit le commentaire et l’ai simplement enregistré à la place de celui de BFM TV, sans rien changer au montage des images. Le résultat n’a pas d’autre ambition que de faire réfléchir à l’impact du commentaire sur de tels sujets d’actualité.


La vidéo du Sofitel avec les commentaires de Pascal Bories

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