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La Grande-Bretagne plus exposée que la France sur la faillite
de ses banques
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The Big Bank

A l'heure de la dégradation du triple A pour de nombreuses banques européennes, l’interaction entre crise souveraine et bancaire pose la question d'une possible faillite généralisée. Les banques françaises, structurellement moins exposées, auraient toutefois moins de souci à se faire que leurs voisines britanniques.

Franck Margain

Franck Margain

Franck Margain est vice-Président du Parti Chrétien Démocrate et conseiller régional UMP en Ile-de-France.

Après des études en finances, il est devenu cadre dans une grande banque internationale.

 

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Le parallèle avec la France développé par la presse anglo-saxonne est une erreur grossière. Notre industrie financière, Banque et gestionnaires d’épargne (Mutuelles, Assurances, Gérants de fonds), n’est en rien comparable au poids de la City de Londres. Certes, les services financiers, le service de la dette, l’immobilier, les activités liées à la finance (avocats, consultants) font de la France comme de l’ensemble des pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) des pays à dominance de service. Cette tendance, qui a démarré après la deuxième guerre mondiale, ne cesse de s’amplifier.

Le poids de la City dans le PIB du Royaume-Uni dépasse les 10%, et concerne plus d’un million d’emplois. C’est une hypertrophie de la City, qui condamne aujourd’hui le Premier ministre David Cameron à faire cavalier seul. Il est l’ambassadeur de la City, comme l’était le Duc de Wellington (Arthur Wellesley) au congrès de Vienne : celui-ci avait compris qu’il fallait une France forte, afin de résister à la toute puissance Austro-hongroise… La City d’alors, essentiellement maritime, avait besoin de paix sur le continent. Aujourd’hui encore les lobbies de la City règnent en maître sur la presse anglaise.

La différence la plus importante entre l’Angleterre et la France réside dans la qualité de son système bancaire. En France comme en Angleterre, la finance s’est développée au XIXe siècle autour du concept démocrate-chrétien de la banque mutualiste : c’étaient les fameuses Building Society en Angleterre, et les caisses d’épargne régionales de l’autre coté de la Manche. L’internationalisation du commerce a amené en parallèle la naissance de géants bancaires, soit des banques cotées en bourse comme la BNP Paribas en France, ou Barclays en Angleterre.

Le « Big Bang » orchestré par Margaret Thatcher, et la transformation de l’ensemble de la finance mutualiste en Sociétés Anonymes ultra libérales, ont marqué une scission très profonde entre l’Angleterre et le « Big Bang » Français organisé par Édouard Balladur. Les buildings societies ont pratiquement disparu en Angleterre. La dernière en date Northern Rock, créée en 1865 et transformée en banque dans les années 1980, a fait faillite en 2007. Elle doit sa survie au sauvetage du gouvernement. Aujourd’hui, les banques anglaises - exception faite d'HSBC et Barclays - sont toutes étatisées et maintenues sous perfusion par la Banque d’Angleterre : la RBC ; Lloyds, Northern Rock, etc.

Parallèlement le monde bancaire Français n’a pas transformé son organisation mutualiste, et n’a pas sombré dans l’ultra-libéralisme à l’anglo-saxonne. Les puissants groupes bancaires français comme le Crédit Agricole, le Crédit Mutuel-CIC, les Caisses d’Epargne, les Banques populaires ont conservé cette structure mutualiste, où l’attribution des profits est essentiellement consacré au développement du groupe, et n’obéit pas à la logique terrible de la rémunération des actionnaires selon les principes anglo-saxons.

Certes comme l'Angleterre, la France peut s’enorgueillir de disposer de grandes banques, sociétés cotées en bourse comme BNP Paribas, une des plus grandes banques mondiales, ou encore la Société Générale. Mais soyons conscients que les trois quarts du système bancaire français obéit à une logique différente.

Même si le système français est plus stable et plus solide, il n’est pas épargné par la grave crise financière que nous traversons. Toutes les banques de l’OCDE ont besoin de capitaux propres supplémentaires, doivent continuer de financer l’économie et subissent des pertes importantes à l’issue de la crise grecque. Les économies occidentales vont être confrontées à un ralentissement important , et un ajustement drastique sera nécessaire.

Les banques françaises mutualistes, contrairement aux banques anglaises, pourront faire appel à leurs sociétaires. Quant aux autres, elles disposent d’un bilan solide, où de nombreuses provisions ont déjà été comptabilisées. Les banques anglaises, elles, étatisées en majorité, ne seront que plus fragilisées...

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