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La CGT peut-elle être sauvée ?
La CGT peut-elle être sauvée ?
©Reuters

Coup de balai

Certains avaient un peu trop rapidement cru que la CGT serait sauvée de sa crise rampante par l'arrivée de Philippe Martinez. L'ancien délégué central de Renault ne donne pourtant aucun signe de véritable reprise en main. Sa ligne radicale dissimule de moins en moins bien son absence de vision et de hauteur face aux enjeux que la confédération doit affronter. En s'appuyant sur une forme de syndicalisme obsolète, il se coupe du nécessaire mouvement de modernisation dont son mouvement a besoin.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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La CGT est-elle encore dirigée?

En lisant le blog de Michel Noblecourt, on mesure l'étendue des dégâts. Philippe Martinez est jugé en interne à la fois autoritaire et léger dans la prise de décision. Ainsi, l'absence à la conférence sociale d'octobre n'a été décidée que par une courte majorité d'une voix. Le journaliste du Monde aurait pu noter les noms de ceux qui se sont abstenus ce jour-là : sans ce retrait prudent, le secrétaire général aurait été mis en minorité. Ce genre de fragilité sur des décisions aussi importantes laisse augurer quelques problèmes futurs dans le déroulement de son mandat, au cas où il serait réélu au prochain congrès.

Noblecourt révèle en outre le bras de fer entre le gouvernement et la CGT sur la composition de la délégation syndicale au Conseil Economique, Social et Environnemental. Selon toute vraisemblance, la CGT renoncera à un poste qui lui revient, parce que Philippe Martinez ne veut pas désigner un homme pour respecter les critères de parité. Tous les regards se tournent vers Eric Aubin, qui fait ici l'objet d'une vendetta depuis la fin de règne de Bernard Thibault. On peut se demander jusqu'où les règlements de compte porteront la confédération. 

La CGT entre les mains des lambertistes

La faiblesse de Martinez, toujours selon Noblecourt, donne des ailes aux contestataires de toutes sortes, et notamment aux lambertistes. Ceux-ci ont pris le contrôle de la fédération de Seine-Maritime. Des craintes apparaissent sur les unions départementales : dans les Bouches-du-Rhône comme dans le Nord, deux unions "faiseuses de secrétaire général", des collectifs transitoires ont pris le pouvoir contre des secrétaires jugés trop "loyalistes" vis-à-vis du secrétaire général. 

Nul ne sait jusqu'où cette radicalisation peut aller, ni les intérêts de qui elle servira, mais il est à peu près acquis qu'elle ne fait pas le jeu de l'actuel secrétaire général. 

Des affaires comme s'il en pleuvait

Dans le même temps, l'image extérieure de la CGT ne s'améliore pas. Au-delà des incidents d'Air France, l'actualité fourmille de révélations qui obligeront tôt ou tard la direction confédérale à donner un coup de balais dans des formes révolues de syndicalisme. 

En Champagne par exemple, deux délégués syndicaux CGT de la maison Krug sont convoqués en correctionnelle en janvier pour harcèlement moral et harcèlement sexuel vis-à-vis des salariés de l'entreprise. Une enquête interne avait montré que ces délégués se livraient à des insultes, des menaces, des humiliations diverses... La confédération ne semble pas s'en être inquiétée. 

Cette semaine, le Parisien pointait du doigt le salaire annuel de 40.000 euros versés à un délégué "fantôme" par l'Opéra de Paris. Le bénéficiaire de ce salaire est totalement inconnu dans l'entreprise. 

Ces pratiques anciennes sont de moins en moins acceptées... tôt ou tard, la CGT aura besoin d'un secrétaire général fort pour faire évoluer les habitudes.

Article également publié sur Tripalio

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