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DSK / Diallo : 
ce que révèlent les vidéos du Sofitel...
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Analyse d'un caractérologue

Que voit-on dans ces vidéos prises le jour de l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn ? DSK prend-il la fuite ? Nafissatou Diallo se comporte-t-elle comme une victime ? Les employés du Sofitel dansent-ils vraiment ? Analyse d'un caractérologue.

Maxence Brulard

Maxence Brulard

Maxence Brulard comportementaliste, spécialiste de la communication non-verbale. Il exerce en Suisse et a notamment écrit Une caractérologie universelle (Dunod, 1998).

 

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Départ de l’hôtel de DSK

Le comportement de Dominique Strauss-Kahn est très cohérent. Le temps qu'il prend à ne pas se hâter, à n'oublier aucun micro-geste nécessaire à son départ de l'hôtel témoigne de l'adéquation posturale de DSK à la situation :

  • Les deux mains sur le comptoir, stables.
    • Le geste pour l'employé qui traîne ses valises.
    • La démarche massive mono-directionnelle, l'absence de tout geste de contrôle de l'environnement.
    • Comme un regard latéral ou en arrière, ne témoigne pas de la fuite d'un local dangereux ou à risque.

Une fois dehors, le soin que DSK prend avec ses valises, le fait qu'il ne "saute" pas dans le taxi mais y rentre sans aucune précipitation, que l'employé l'accompagnant ne le regarde pas partir (ce qu'il aurait pu faire en face d'un comportement suspect) ne montre aucun indice de fuite. 

Attention, le fait que DSK ne montre rien qui puisse faire penser à une rétro culpabilité d'un acte répréhensible qu'il aurait commis peu de temps avant ne prouve rien. On peut être coupable sans se sentir coupable, ou ne pas l'être.

Nafissatou Diallo raconte sa version des faits dans le couloir

Madame Diallo ne "mime" sûrement pas une présumée agression de type sexuelle. Dans la première partie de la séquence, à aucun moment, on la voit libérer sa gestuelle.

Ses jambes ne bougent pas d'un centimètre. Stable sur ses pieds, la partie supérieure du corps seule s'anime, et encore si peu. Seules les mains et les bras opèrent un va-et-vient très conventionnel avant-arrière montrant les gestes d'argumentation classiques pour n'importe quelle raison.

Des commentateurs non professionnels du comportement ont vu qu'elle se touchait la poitrine. Indiquer du bout des doigts sa bonne foi en effleurant la zone mammaire, c'est  se référer avant toute connotation sexuée à la zone du cœur. C’est la réaction de milliers de personnes qu’on suspecte de ne pas dire vrai. C'est un geste de prise à témoin : on jure par le cœur de sa bonne foi. La question posée qui génère ce geste est donc, à l'évidence, de celles qui vous suspectent. Bien des politiciens embarrassés y recourent quand ils sont contestés.

Dans la séquence ou elle bouge davantage, on ne voit rien de très offensif, pas de fuite, pas de gestes qui interdisent l'accès au corps, pas de déstabilisation de la position verticale (viol ? fellation mimée ?) pas de torsion pour échapper à quelqu’un qui vous tient solidement, ou dont vous craignez la violence physique.

Les gestes les plus significatifs à retenir sont l'ouverture des mains qui signifient "je suis innocente et impuissante à le prouver" et le geste contraire vers elle-même qui dit clairement "ne doutez pas de ma bonne foi". Rien ne nous amène aux interprétations fabuleuses dont le milieu juridico-médiatique s'empare par des interprétations sauvages et orientées plus que subjectivement.

La danse de joie ?

La danse de l'ingénieur et de l'agent de sécurité ferait sourire ce type d'interprétation qui ne sert qu'à détourner l'attention d'une vérité, hors opinion, si les conséquences n'étaient pas si graves. C'est plutôt une valse-hésitation confuse.  L'homme chauve commence par se gratter le cervelet comme pour se remémorer un  souvenir : geste de joie ? Puis dans l'espace étroit où ils sont, ils s'étreignent frénétiquement (gestes partagés de réassurance sécuritaire). Pour quel motif ? Exogènes, endogènes ? En rapport avec l'affaire ?

Le solide gaillard africain fait le geste de soulever du sol l'homme chauve, (tu as raison, symboliquement : bravo, ce que tu me dis est super, et avec exubérance, je te montre mon accord et je fais marque de vassalité ou d'allégeance en t'élevant ainsi…)

Ensuite, l'homme noir se baisse et tend les mains vers le sol (joie ?) mimant quelqu'un ou quelque chose qu'on domine, comme les policiers qui maintiennent un suspect immobilisé. Enfin il part la main près de l'oreille (téléphone ?)

Les gestes de joie depuis Darwin sont clairement identifiés et sont  pour toutes les cultures analogues et identifiables. Regardons une victoire de foot, ce n'est pas une danse du scalp, c'est une explosion (gestes de lévité dominant pour tous les acteurs).

Ni les Amérindiens ni les Lapons introvertis, ni les Chinois, ni les danses rituelles indiennes ou africaines, ne nous donnent une origine possible pour situer ce comportement de confusion. Rappelons la thèse du grand anthropologue E.Hall qui a consacré sa vie à l'étude du non verbal (c'est de lui qu'on en a tiré l'expression): c'est en étudiant le contexte que l'on peut trouver au moins cinq raisons différentes d'expliquer (et non d'interpréter) chaque geste observé.

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