Descente aux Mureaux : Manuel Valls, pourquoi parlez-vous de "mixité sociale" quand il s'agit de "mixité ethnique" ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Manuel Valls et 17 de ses ministres sont partis à l'assaut des cités des Mureaux.
Manuel Valls et 17 de ses ministres sont partis à l'assaut des cités des Mureaux.
©Reuters

Délicatesses de langage

Quand il était maire d'Evry, le Premier ministre avait son franc-parler ("tu me mets un peu de blancos ici"). Depuis…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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En termes militaires on appellerait ça une opération commando : Manuel Valls et 17 de ses ministres à l'assaut – très bienveillant – des cités des Mureaux ! Les habitants de cette ville de la région parisienne n'en reviennent pas. Ils étaient plutôt habitués à voir débouler les policiers de la BAC et les pompiers. Régulièrement caillassés comme il se doit…

Les circonstances – le 10ème anniversaire des émeutes de 2005 – expliquent sans doute ce tsunami ministériel. Le Premier ministre a répété, et fait répéter par les journalistes dument briefés par les services de Matignon, qu'il était là pour promouvoir la "mixité sociale". En clair durcir les pénalités contre les municipalités rétives à l'idée d'abriter tel ou tel pourcentage de logements sociaux.

S'agissant des banlieues les mots "mixité sociale" sont, parlons clair, un mensonge pur et simple. La mixité sociale supposerait qu'on fasse habiter côte à côte des riches et des pauvres, des pilotes d'Air France et des bagagistes de Roissy, des professeurs d'université et des vigiles de supermarché…

Ce n'est, bien sûr, pas de cela qu'il s'agit. Et même si tel était le cas seule une dictature féroce permettrait de déporter des résidents de Neuilly à La Courneuve et d'installer à leur place des habitants de La Courneuve. Oui les riches habitent avec les riches. Et les pauvres avec les pauvres car ils n'ont évidemment pas les moyens d'habiter avec les riches. On peut certes rêver d'un monde sans riches ni pauvres. Le communisme l'a fait : tous pauvres !

Nommons les choses puisque Valls ne peut, ou ne veut, les nommer. C'est bien de mixité ethnique qu'il s'agit. Mais "ethnique" est un gros mot comme l'est celui de "race". De nombreux quartiers de nos villes sont en effet devenus ethniquement homogènes. Des gens y sont venus. D'autres qui y étaient en sont partis. Comment le Premier ministre compte-t-il s'y prendre pour les faire revenir ? Il veut un contingent d'HLM pour chaque commune ? Envisage-t-il aussi, pour reprendre sa célèbre expression, un contingent obligatoire de "blancos" dans ces HLM ?

Manuel Valls passe pour un homme qui ne manque pas de courage. Il en a, parait-il, fait preuve, en se rendant aux Mureaux alors que François Hollande s'était fait hué à La Courneuve. Le vrai courage aurait consisté pour Manuel Valls d'aller non pas aux Mureaux mais dans le 13ème arrondissement de Marseille devant l'immeuble où deux adolescents et un homme de 25 ans ont été abattus à la kalachnikov. Mais le maire de cet arrondissement est Front National. Celui des Mureaux est de gauche.

A lire également, du même auteur : Comment je suis devenu un sale français, publié aux Editions Du Rocher.

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