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La chute des idoles : comment passer des stades de foot à la rue à cause de la maladie de Charcot
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Bonnes feuilles

Des stades à la rue, en passant par "l'Arizona" - le plus grand marché de contrebande de médicaments, au coeur des Balkans - un roman noir sur une réalité brûlante encore taboue: le dopage dans le football. Plongée en eau trouble dans l'univers du foot business, un monde où l'argent et le mensonge coulent à flots. Extrait de "la chute des idoles", de Arnaud Ardoin, publié aux éditions Michalon (1/2).

Arnaud  Ardoin

Arnaud Ardoin

Arnaud Ardoin est journaliste, rédacteur en chef du magazine "Ca Vous Regarde" sur LCP, et présente le magazine "Ushuaïa le Mag" sur Ushuaïa TV.

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Christophe regardait son bras comme on dévisage, avec un peu de tristesse, un vieux compagnon de route arrivé au bout du chemin et dont il va falloir se séparer à regret. L’occasion de repasser en vitesse accélérée les heures de gloire de ce membre si utile à la vie, les gestes héroïques, mais passant sous silence les coups de coude vicieux dans les côtes, les gifles que l’on regrette très vite, les doigts d’honneur dans le dos de l’arbitre, le poing fermé pour intimider un adversaire et mille autres minuscules mouvements en apparence sans importance qui composent la vie d’un joueur de football.

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Sa main sale gardait aussi en son creux la douceur laiteuse des joues de Rosa. La mémoire du bonheur ne s’efface pas comme ça.

Il ferma les yeux, plongea dans des souvenirs à fleur de peau : la bouche de Rosa qui embrassait par frôlements successifs l’extrémité de ses doigts. Christophe se rappelait cela dans les moindres détails. Il était presque capable de faire renaître artificiellement cette brûlure chaude et puissante, prémices d’une étreinte amoureuse. Il gémit, comme si, par la force de son esprit, il allait pouvoir redonner vie à son bras et enlacer encore le corps de Rosa.

Mais son membre était raide comme un morceau de bois mort. C’était l’un des symptômes concrets de la maladie et son esprit, malheureusement, n’y pouvait rien. Tous ses muscles allaient progressivement se bloquer, puis le mal viendrait s’attaquer ensuite à ses poumons, « la chambre à air » comme son grand-père les nommait, jusqu’à ce que tout le corps s’immobilise définitivement.

Dans ses moments de lucidité, Christophe appelait sa maladie sa mante religieuse, il trouvait ça plus beau à dire que de prononcer ce sigle, SLA, Syndrome Latéral Amyotrophique, que les médecins qui l’avaient ausculté appelaient aussi la maladie de Charcot, du nom de celui qui l’avait découverte.

SLA par-ci, SLA par-là, tous les médecins, les pompiers, les infirmiers, les aides soignantes, tout le monde utilisait le même sigle, trois petites lettres qui l’isolaient du monde, l’éloignaient progressivement des vivants.

Il essaya de se lever, mais n’arriva pas à décoller ses fesses du siège métallique vissé dans le hall de gare.

Son bras droit lui donnait la douloureuse impression qu’il était vide, même si en apparence rien n’avait changé, l’enveloppe de chair et d’os occupait toujours l’espace mais à l’intérieur plus rien, plus de vie. Il était en train de mourir par le bras.

Extrait de "La chute des idoles", de Arnaud Ardoin, publié aux éditions Michalon, 2015. Pour acheter ce livre,cliquez ici.

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