Clash Marine Le Pen-François Hollande sous les yeux d'Angela Merkel : cette crise identitaire qui monte, qui monte…<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Marine Le Pen au Parlement européen
Marine Le Pen au Parlement européen
©

Tendu

Entre l’affaire Morano et la passe d’armes entre la présidente du FN et le président au Parlement européen, l’actualité témoigne des caps que cette crise sous-jacente franchit jour après jour.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

Voir la bio »

La France vit une profonde crise d’identité, occultée par les médias officiels, dont qu’on sent enfler, gonfler, se répandre sans cesse et dont personne ne sait où elle se terminera. Entre l’affaire Morano et la passe d’armes entre Marine Le Pen et François Hollande au Parlement européen, l’actualité témoigne des caps que cette crise sous-jacente franchit jour après jour, et avec laquelle François Hollande joue un jeu extrêmement dangereux.

Depuis la Révolution, l’identité française est fondée sur le projet républicain ou péri-républicain hérité de Rousseau: est français celui qui en exprime le désir et qui participe à la volonté générale. En dehors de l’épisode de Vichy qui est revenu à la loi du sang, et même à la loi raciale, aucun gouvernement n’a jamais remis ce principe en cause. Il y a bien eu, notamment avec les décrets Crémieux de 1870, des interprétations plus ou moins extensives de cette idée, mais, dans la pratique, elle a traversé deux siècles sans susciter (moyennant l’exception de 1940) de modification majeure.

La sortie de Nadine Morano sur la « race blanche », et surtout la réception de cette sortie, a montré le malaise d’une partie grandissante de l’opinion publique face à la définition rationaliste de la Nation, cette définition héritée des Lumières et qui semble aujourd’hui difficile à maintenir intacte. Dans une part grandissante du territoire, être Français ne se rattache plus à un concept rationnel, mais à une définition beaucoup plus proche du droit du sang.

On notera l’impossibilité, dans le climat actuel, d’avoir une discussion éclairée sur le sujet, tant les positions sont clivées. Il a fallu un détour au Parlement Européen pour que Marine Le Pen, donnée en tête au premier tour de la présidentielle dans les sondages, puisse interpeller directement le Président de la République. Cette seule circonstance illustre l’inadaptation de nos institutions au débat démocratique réel.

Au cours de cette passe d’armes, Marine Le Pen a tenu à François Hollande des propos que je peinerais à démentir :

De façon très inquiétante, François Hollande a rejeté le souverainisme dans le refus de la démocratie et a joué front contre front (sans jeu de mot!). On voit bien la stratégie partisane et à courte vue qui sous-tend son discours: entre le Front National et la majorité parlementaire, il n’y a plus rien.

L’argumentation manichéenne de Hollande n’a qu’un seul but: convaincre les eurosceptiques « modérés » et les partisans d’un autre ordre européen que leur seule possibilité est de rejoindre Marine Le Pen pour exister. On comprend bien le calcul sous-jacent: François Hollande organise une victoire de Marine Le Pen dans le Nord-Pas-de-Calais en clivant au maximum autour de lui, pour pouvoir convaincre ses partenaires de gauche de renoncer à une candidature au premier tour de 2017.

D’une certaine façon, François Hollande parie sur la crise identitaire pour rallier au maximum autour de lui dès le premier tour. C’est un calcul à court terme: sa seule obsession est d’atteindre le second tour parce qu’il pense gagner confortablement face à Marine Le Pen. On appelle ça jouer avec le feu.

Structurellement, la carrière de François Hollande ne peut durer que si la crise identitaire s’aggrave. Bien entendu, cette stratégie sacrifie l’intérêt durable du pays à son intérêt personnel immédiat. Mais après lui le déluge…

Toute la folie de son calcul consiste à croire que les électeurs des Républicains voteront pour lui plutôt que pour Marine Le Pen au second tour, et cela, je ne le parierai vraiment pas.

Article à retrouver aussi sur Jusqu'ici tout va bien...

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !