Volkswagen et la Chine vont-ils faire dérailler la croissance allemande ? <!-- --> | Atlantico.fr
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La croissance allemande est en grande partie fondée sur ses exportations, donc très touchée par le scandale Volkswagen.
La croissance allemande est en grande partie fondée sur ses exportations, donc très touchée par le scandale Volkswagen.
©Reuters

Sortie de route

Les performances économiques de l'Allemagne sont encore excellentes. Mais à la suite du scandale Volkswagen et du ralentissement économique qui frappe la Chine, des inquiétudes font surface : il se pourrait qu'avec autant de bâtons dans les roues, le modèle allemand, fondé essentiellement sur l'exportation automobile, se retrouve en vrai difficulté.

Alexandre Delaigue

Alexandre Delaigue

Alexandre Delaigue est professeur d'économie à l'université de Lille. Il est le co-auteur avec Stéphane Ménia des livres Nos phobies économiques et Sexe, drogue... et économie : pas de sujet tabou pour les économistes (parus chez Pearson). Son site : econoclaste.net

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Atlantico : La croissance allemande est en grande partie fondée sur ses exportations, dans et en dehors de l'Union européenne. La combinaison du scandale Volkswagen, qui risque de ternir l'image de l'industrie automobile, voire de l'ensemble des produits made in Germany, avec le risque de baisse de consommation en Chine peut-elle porter un coup d'arrêt à la croissance allemande ?

Alexandre Delaigue : Les effets de l'affaire volkswagen sont encore à voir. On ne sait pas à quelle catégorie elle va être rattachée dans l'esprit des consommateurs. L'image de l'Allemagne, l'image du diesel? Ou simplement des coûts supplémentaires pour tous les constructeurs automobiles avec un durcissement des normes? L'effet immédiat semble en tout cas limité. Par contre le ralentissement chinois peut lui avoir un effet négatif significatif pour l'Allemagne. On notera aussi que les derniers résultats macroéconomiques américains sont mitigés, conduisant la FED (Federal Reserve Act) à maintenir des taux bas; tout cela n'est pas favorable à la croissance mondiale en général, la croissance allemande - qui dépend considérablement de la demande d'exportations - en particulier.

La zone euro s'est beaucoup reposée sur cette croissance allemande, quelles seraient les conséquences d'un ralentissement allemand pour l'ensemble du continent ? Et pour la France ?

Des effets peu favorables, on peut en imaginer plusieurs. premièrement l'économie européenne est assez largement intégrée; ce qui se passe dans une région a un impact sur les autres. Que ce soit la demande allemande de produits qui pourrait diminuer, ou les carnets de commande des industriels allemands qui se vident, avec un effet sur les autres entreprises dans les chaînes de valeur. On pourrait ajouter que le rééquilibrage interne de la zone euro dépend d'augmentations de la demande et de hausses de salaires en Allemagne, si celles-ci ne viennent pas ce n'est pas favorable. 

L'Allemagne dépend-elle trop des pays émergents et donc de la demande extérieure ? L'Europe peut elle encore compter sur son marché intérieur pour soutenir son économie ? Quels sont les leviers à actionner pour obtenir un tel rééquilibrage ?

Pour diverses raisons l'Europe ne compte pas sur sa demande intérieure pour soutenir son activité. Les finances publiques ne sont certes plus aussi austéritaires qu'elles l'ont été, mais on ne peut pas dire qu'elles soutiennent la demande intérieure. La consommation des ménages souffre de perspectives peu engageantes, et d'une démographie peu favorable. L'investissement des entreprises est quant à lui limité par des anticipations plutôt moroses. Dans ces conditions seule la demande extérieure peut soutenir l'activité; si elle vient à manquer, ce n'est pas bon signe. La solution? Ce serait un peu plus de soutien à l'activité par les budgets publics, mais ce n'est pas franchement dans l'air du temps. Reste la BCE qui fait ce qu'elle peut pour relancer l'activité et l'investissement, avec un succès sous-estimé, mais néanmoins limité.

L'Allemagne a annoncé également qu'elle accueillerait 1,5 millions de réfugiés cette année. Cette générosité peut-elle également toucher la croissance allemande en raison de son poids sur les finances publiques ou représente-t-elle une réelle opportunité dans une Allemagne en manque de main d'œuvre?

Si la crise des réfugiés conduit les pays européens à lever les contraintes qui pèsent sur les finances publiques, et sont l'occasion de dépenses d'infrastructures, c'est une très bonne nouvelle! On pourrait ajouter qu'à long terme les réfugiés ont un effet favorable sur l'économie européenne qui vieillit et souffre d'une démographie déclinante. La question c'est entre deux. Sur le moment,les réfugiés nécessitent une prise en charge qui ne va pas de soit : il faut loger les gens, s'en occuper, ils doivent - s'ils peuvent travailler, ce qui n'est pas toujours le cas avec les réglementations nationales - trouver des emplois; cela cause immanquablement des frictions sur le moment. On commence à les voir en Allemagne, ou des images de gens expulsés pour loger des réfugiés ont eu un effet dévastateur sur l'opinion.  

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